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Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui

Comblé pour les autres

 

                                                                                                                       

Comblé pour les autres

 

La reine de Saba avait entendu parler de la renommée de Salomon. Elle vint donc pour le mettre à l'épreuve en lui proposant des énigmes. Elle arriva à Jérusalem avec une escorte imposante : des chameaux chargés d'aromates et d'une énorme quantité d'or et de pierres précieuses. Quand elle fut parvenue auprès de Salomon, elle lui proposa les énigmes qu'elle avait préparées, mais Salomon trouva réponse à tout et ne fut arrêté par aucune difficulté. Lorsque la reine de Saba vit toute la sagesse de Salomon, le palais qu'il avait construit, les plats servis à sa table, le logement de ses officiers, la tenue du service et l'habillement des serviteurs, les holocaustes qu'il offrait au temple du Seigneur, elle en eut le souffle coupé, et elle dit au roi : « Ce que j'ai entendu dire dans mon pays sur toi et sur ta sagesse, c'était donc vrai ! Je ne voulais pas croire ce qu'on disait, avant de venir et de voir de mes yeux ; mais vraiment, on ne m'en avait pas appris la moitié ! Tu surpasses en sagesse et en magnificence la renommée qui était venue jusqu'à moi. Heureux tes gens, heureux tes serviteurs que voici, eux qui se tiennent continuellement devant toi et qui entendent ta sagesse ! Béni soit le Seigneur ton Dieu, qui t'a montré sa bienveillance en te plaçant sur le trône d'Israël. Parce que le Seigneur aime Israël pour toujours, il t'a établi roi pour exercer le droit et la justice. » Elle fit présent au roi de cent vingt lingots d'or, d'une grande quantité d'aromates et de pierres précieuses ; il n'est plus jamais venu une quantité d'aromates pareille à celle que la reine de Saba avait apportée au roi Salomon.  

 

Premier livre des Rois 10, 1-10

 

 

Tout ce que nous avons, ce que nous sommes, ce que Dieu s’apprête à nous donner, ce que nous sommes appelés à devenir, ce n’est pas pour que nous en devenions les destinataires ultimes, que nous thésaurisions pour nous-mêmes (Lc 12, 21), mais pour que nous enrichissions les autres, tant matériellement que spirituellement, mieux, que nous nous enrichissions les uns les autres, réalisant la communion souhaitée par Jésus, « Père, qu’ils soient un comme nous sommes UN » (Jn 17, 22), et que nous parvenions ensemble, en famille, la famille des enfants de Dieu, au Royaume éternel.

 

Dans le récit biblique du livre des Rois, nous retrouvons Salomon, un homme humble qui s’est reconnu incapable d’assumer la mission qui lui était confiée de diriger ses frères du peuple élu et qui, conséquemment, a demandé à être comblé de sagesse, non pour son propre bien mais celui du peuple tout entier, et pas seulement le bien matériel mais spirituel ainsi que le montre son désir de pouvoir discerner le bien du mal conformément à la volonté divine : « Ainsi donc, Seigneur mon Dieu, c'est toi qui m'as fait roi à la place de David mon père ; or, je suis un tout jeune homme, incapable de se diriger, et me voilà au centre du peuple que tu as élu ; c'est un peuple nombreux, si nombreux qu'on ne peut ni l'évaluer ni le compter. Donne à ton serviteur un cœur attentif pour qu'il sache gouverner ton peuple et discerner le bien et le mal ; comment sans cela gouverner ton peuple, qui est si important ? » (1 R 3, 7-9). Aujourd’hui, au chapitre 10 du même livre, nous retrouvons la reine de Saba qui vient confirmer que Salomon a fait bon usage des biens matériels et spirituels qui lui ont été confiés pour le bien de son peuple et au-delà de ce dernier car la reine elle-même (et, on peut le penser, ses contemporains des autres nations dont elle est la représentante) reconnaît à travers le destinataire, Salomon, l’œuvre du Seigneur Dieu : « Ce que j'ai entendu dire dans mon pays sur toi et sur ta sagesse, c'était donc vrai ! Je ne voulais pas croire ce qu'on disait, avant de venir et de voir de mes yeux ; mais vraiment, on ne m'en avait pas appris la moitié ! Tu surpasses en sagesse et en magnificence la renommée qui était venue jusqu'à moi. Heureux tes gens, heureux tes serviteurs que voici, eux qui se tiennent continuellement devant toi et qui entendent ta sagesse ! Béni soit le Seigneur ton Dieu, qui t'a montré sa bienveillance en te plaçant sur le trône d'Israël. Parce que le Seigneur aime Israël pour toujours, il t'a établi roi pour exercer le droit et la justice ». Salomon est « transparent » de Dieu. Il constitue l’exemple par anticipation, du cœur de pauvre (Mt 5, 3) évangélique des béatitudes, celui qui ne retient rien pour lui mais met tout au service des autres selon l’intention du divin donateur au sujet duquel il ne fait pas de mystère, de sorte que ceux qui le voient reconnaissent l’action du Seigneur à travers lui. Ce que l’apôtre Paul dit de lui-même : « ce n'est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20), la reine de Saba le voit en Salomon. Quant à ce que Salomon œuvre pour le bien commun, elle le reconnaît également : « Heureux tes gens, heureux tes serviteurs que voici ». Salomon, voilà un exemple dont les politiciens d’aujourd’hui auraient intérêt à s’inspirer !

 

Impossible d’aborder le sujet de ceux qui sont comblés par le Très-Haut sans penser à la Vierge Marie que l’ange Gabriel aborde en ces termes : « Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi » (Lc 1, 28). Nous retrouvons dans le début du Magnificat les mêmes raisons qui ont poussé Dieu à combler Salomon à savoir l’humilité du serviteur et la transparence du récipiendaire qui reconnaît avoir tout reçu du Seigneur : « Mon âme exalte le Seigneur, et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon sauveur, parce qu'il a jeté les yeux sur l'abaissement de sa servante. Oui, désormais toutes les générations me diront bienheureuse, car le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses. Saint est son nom, et sa miséricorde s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent » (Lc 1, 46-50). Même préoccupation en Marie qu’en Salomon de faire la divine volonté qu’exprime Jésus en disant sa mère heureuse non pas pour l’avoir enfanté selon la chair mais pour avoir fait la volonté du Père : « une femme éleva la voix du milieu de la foule et lui dit: "Heureuses les entrailles qui t'ont porté et les seins que tu as sucés!" Mais il dit: "Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et l'observent!" » (Lc 11, 27-28). Enfin, la fécondité de Marie, la mise au service du bien commun des dons reçus de Dieu, commence au pied de la croix quand Jésus fait d’elle, à travers l’apôtre Jean, notre mère spirituelle : « Jésus donc voyant sa mère et, se tenant près d'elle, le disciple qu'il aimait, dit à sa mère: "Femme, voici ton fils." Puis il dit au disciple: "Voici ta mère." Dès cette heure-là, le disciple l'accueillit comme sienne » (Jn 19, 26-27). Les Actes des Apôtres nous montrent Marie priant avec les apôtres avant que survienne la Pentecôte : « Tous, d'un même cœur, étaient assidus à la prière avec quelques femmes, dont Marie mère de Jésus, et avec ses frères » (Ac 1, 14). Il n’est pas déraisonnable de penser qu’elle intercédait pour eux et qu’elle a contribué par sa prière que l’Esprit qui l’habitait déjà  aille se poser sur eux. De même, continue-t-elle d’intercéder pour nous, ses enfants, à travers les âges.

 

Ensuite, Dieu a-t-il comblé particulièrement un grand nombre de personnes dans les temps de l’Église par l’entremise de son Esprit Saint. Ces dons de l’Esprit, désignés sous le terme charismes, ne sont pas octroyés au récipiendaire pour son bien propre mais pour être ordonnés au bien commun, notamment la croissance du corps mystique du Christ, qui est son Église : « À chacun la manifestation de l'Esprit est donnée en vue du bien commun. À l'un, c'est un discours de sagesse qui est donné par l'Esprit; à tel autre un discours de science, selon le même Esprit; à un autre la foi, dans le même Esprit; à tel autre les dons de guérisons, dans l'unique Esprit; à tel autre la puissance d'opérer des miracles; à tel autre la prophétie; à tel autre le discernement des esprits; à un autre les diversités de langues, à tel autre le don de les interpréter. Mais tout cela, c'est l'unique et même Esprit qui l'opère, distribuant ses dons à chacun en particulier comme il l'entend. De même, en effet, que le corps est un, tout en ayant plusieurs membres, et que tous les membres du corps, en dépit de leur pluralité, ne forment qu'un seul corps, ainsi en est-il du Christ » (1 Co 12, 7-12). Ainsi, les croyants sont-ils comme un miroir brisé en milliers de morceaux, chaque éclat reflétant une infime partie de l’image du Christ, morceaux qui doivent s’unir pour s’enrichir les uns les autres dans la communion et, lorsque tous réunis, former le corps du Christ ou Église, famille des enfants de Dieu. On notera au passage que si les dons octroyés par l’Esprit ne sont pas mis au service du bien commun et de l’Église par leurs récipiendaires, ils viendront à s’atrophier et même à disparaître.

 

Enfin, Dieu s’est-il manifesté de façon toute particulière à travers certains de ses serviteurs, les saints, dont certains ont reçu reconnaissance par l’Église mais dont la très grande majorité sont demeurés des serviteurs quelconques (Lc 17, 10), inconnus mais pas moins saints pour autant. Ces serviteurs sont des signes de la présence de Dieu parmi nous et un moyen mis à notre disposition pour nous attirer vers Lui. En ce sens nous pouvons leur appliquer ce que la constitution dogmatique Lumen Gentium dit de l’Église : L’Église est dans le Christ comme un sacrement ou, si l'on veut, un signe et un moyen d'opérer l'union intime avec Dieu et l'unité de tout le genre humain (LG 1). Être saint n’est pas une finalité mais un moyen, on ne devient pas saint pour soi-même mais pour tous, pour le bien de tous, pour que le plus grand nombre puisse un jour partager l’existence de Dieu pour l’éternité. Les dénominateurs communs à tous ces serviteurs d’élite de Dieu, à l’instar de Salomon et de Marie, se résument essentiellement à l’humilité, la transparence de Dieu et le service de Dieu et des hommes dans l’amour. Les saints étant comblés pour les autres, prions le Seigneur afin qu’il suscite des saints parmi nous et parmi toutes les nations (la mondialisation réduisant, pour ainsi dire, la planète à la taille d’un village, nous avons besoin de saints partout). Nous en ressortirons tous gagnants, la création y compris : « la création en attente aspire à la révélation des fils de Dieu: si elle fut assujettie à la vanité, -- non qu'elle l'eût voulu, mais à cause de celui qui l'y a soumise, -- c'est avec l'espérance d'être elle aussi libérée de la servitude de la corruption pour entrer dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu » (Rm 8, 19-22).

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