Il ne faut pas mettre sa fierté en tel ou tel homme

Frères, ne savez-vous pas que vous êtes un sanctuaire de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? Si quelqu’un détruit le sanctuaire de Dieu, cet homme, Dieu le détruira, car le sanctuaire de Dieu est saint, et ce sanctuaire, c’est vous. Que personne ne s’y trompe : si quelqu’un parmi vous pense être un sage à la manière d’ici-bas, qu’il devienne fou pour devenir sage. Car la sagesse de ce monde est folie devant Dieu. Il est écrit en effet : ‘C’est lui qui prend les sages au piège de leur propre habileté.’ Il est écrit encore : ‘Le Seigneur le sait : les raisonnements des sages n’ont aucune valeur !’ Ainsi, il ne faut pas mettre sa fierté en tel ou tel homme. Car tout vous appartient, que ce soit Paul, Apollos, Pierre, le monde, la vie, la mort, le présent, l’avenir : tout est à vous, mais vous, vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu.

Première lettre de Paul Apôtre aux Corinthiens 3,16-23

Ils arrivèrent à Capharnaüm, et, une fois à la maison, Jésus leur demanda : « De quoi discutiez-vous en chemin ? » Ils se taisaient, car, en chemin, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand. S’étant assis, Jésus appela les Douze et leur dit : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. »

Marc 9, 33-35.

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

On a beaucoup entendu parler au cours du week-end du scandale de cet homme de foi ayant contribué à la fondation d’une œuvre destinée à supporter ceux qui sont parmi les plus vulnérables de la société et qui aurait abusé sexuellement de certaines femmes. Comment une telle chose est-elle possible ? Comment a-t-elle pu arriver ? Pourquoi un tel scandale met-il en péril la survie de l’œuvre (qui dépend de la générosité des donateurs pour se poursuivre) et même la foi de certains ?

De tout temps le monde a cultivé le culte de la personne. Cela était vrai au temps de Jésus, alors que les apôtres cherchaient à établir lequel d’entre eux était plus grand, et ce l’est davantage encore dans les sociétés modernes où l’image occupe une place prépondérante, pour ne pas dire capitale. Une telle attitude est contraire à l’esprit chrétien pour qui il n’y a qu’un seul sauveur, Jésus Christ. Le bien que nous faisons ou que nous voyons faire tire son origine du Dieu qui est Amour et qui nous inspire de l’accomplir et nous en donne les moyens. Quand nous faisons quelque bien ou que nous le voyons faire, nous devons en rendre toute la gloire à Dieu et ne pas nous arrêter à ceux qui ne sont que des outils entre ses mains. Penser autrement met en péril notre âme et celle des autres. Quand nous louons un serviteur de Dieu ou son action nous risquons de l’enorgueillir et de l’incliner à penser que l’œuvre qu’il accomplit est sienne, et non celle du Seigneur agissant à travers lui, mettant à la fois en péril ladite œuvre et le salut de son âme, l’orgueil étant un péché capital qui ouvre la voie à une multitude d’autres fautes. Enfin, aduler les serviteurs de Dieu plutôt que le Maître mettra à rude épreuve notre foi le jour où ces derniers en viendront inévitablement à chuter, Dieu étant le seul bon (Mc 10, 18)

Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? (Lc 10, 25)

J’évite de mettre ma fierté en tel ou tel homme et, à plus forte raison, en moi-même. Je mets en pratique le conseil évangélique : « quand vous aurez fait tout ce que Dieu vous a commandé, dites-vous : 'Nous sommes des serviteurs quelconques : nous n'avons fait que notre devoir. ' » (Lc 17, 10). Je le fais non seulement pour moi, mais pour les autres également, pour lesquels je rends grâce à Dieu d’agir à travers eux. En rendant toute gloire à Dieu seul qui en est digne, je m’évite et j’évite aux autres le piège de l’orgueil et de tous les maux qui peuvent en découler.