Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui

Argent

 

 

Argent

 

L’argent est serviteur ou maître.

 

Horace  (-65 - -8)

 

 

L’argent est un bon serviteur et un mauvais maître.

 

Proverbe

 

 

 

L’argent est un bon serviteur en ce qu’il permet de faire moult choses mais passe-t-il de moyen à celui de fin et que celui qui le possède fasse son but principal de l’accumuler, le voilà élevé de serviteur au statut de maître et même de mauvais maître car dépourvu de sensibilité envers l’homme, tant celui qui le détient que ceux qui le côtoient. Cependant, comme le faisait remarquer Horace, la richesse n’est pas intrinsèquement bonne ou mauvaise, c’est notre attitude à son égard, l’usage que nous en faisons, qui lui confère sa qualité de bien ou de mal. La nécessité de choisir son camp, son maître, a clairement été indiquée par Jésus : « Nul serviteur ne peut servir deux maîtres: ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l'Argent » (Lc 16, 13).  

 

On pourrait être tenté de croire que Jésus condamne la richesse alors qu’il dit : « il est plus facile à un chameau de passer par un trou d'aiguille qu'à un riche d'entrer dans le Royaume de Dieu! » (Lc 18, 25). Certains voient une contradiction avec la parabole des talents où le maître fait l’éloge des serviteurs qui ont fait doubler l’argent qui leur avait été confié alors qu’il condamne celui qui a remis intact le peu dont il avait été fait fiduciaire (Mt 25, 14-30). D’autres feront ressortir le caractère analogique des paraboles pour éviter d’avoir à louanger l’activité de création de richesse. Je crois que ces deux textes, même pris au sens littéral ne se contredisent point. La difficulté du riche d’entrer dans le Royaume relève de deux facteurs : d’abord une responsabilité plus grande qui provient de ce qu’il lui a été beaucoup confié et ensuite le danger de compter plus sur lui-même et ses richesses que sur Dieu, le Royaume étant don à accueillir et non couronne à gagner comme fruit de nos efforts, celui qui pense pouvoir s’y tailler une place se fourvoyant et risquant d’être laissé pour compte. Si l’on revient à la parabole des talents on remarque que ceux qui se sont vus confier l’argent se considèrent en tout temps comme serviteurs du maître et accroissent-ils la richesse qui leur a été confiée qu’ils le font pour le maître. Ainsi en est-il de nous. C’est le devoir de chacun d’entre nous qui en avons la capacité de travailler à créer la richesse mais il ne faut pas perdre de vue que nous ne sommes que fiduciaires des biens en notre possession et conséquemment mettre cette richesse au service du bien commun. L’une de mes histoires préférées est celle de cet homme d’affaires qui avait pris conseil auprès d’une personne ayant une réputation de sainteté sur la meilleure façon de disposer de ses biens (dans son désir de répondre à la demande de Jésus au jeune homme riche), et qui s’était vu répondre, à sa grande surprise et fort à propos, de construire plutôt une autre usine afin de combattre le chômage qui affligeait la population de sa région.

 

Je laisse à votre réflexion un extrait de la constitution pastorale Gaudium et spes sur l'Église dans le monde de ce temps qui va dans ce sens :

 

Valeur de l'activité humaine

 

34 1. Pour les croyants, une chose est certaine: considérée en elle-même, l'activité humaine, individuelle et collective, ce gigantesque effort par lequel les hommes, tout au long des siècles, s'acharnent à améliorer leurs conditions de vie, correspond au dessein de Dieu. L'homme, créé à l'image de Dieu, a en effet reçu la mission de soumettre la terre et tout ce qu'elle contient, de gouverner le cosmos en sainteté et justice et, en reconnaissant Dieu comme Créateur de toutes choses, de Lui référer son être ainsi que l'univers: en sorte que, tout étant soumis à l'homme, le nom même de Dieu soit glorifié par toute la terre. 

 

2. Cet enseignement vaut aussi pour les activités les plus quotidiennes. Car ces hommes et ces femmes qui, tout en gagnant leur vie et celle de leur famille, mènent leurs activités de manière à bien servir la société, sont fondés à voir dans leur travail un prolongement de l'œuvre du Créateur, un service de leurs frères, un apport à la réalisation du plan providentiel dans l'histoire. 

 

3. Loin d'opposer les conquêtes du génie et du courage de l'homme à la puissance de Dieu et de considérer la créature raisonnable comme une sorte de rivale du Créateur, les chrétiens sont au contraire bien persuadés que les victoires du genre humain sont un signe de la grandeur divine et une conséquence de son dessein ineffable. Mais plus grandit le pouvoir de l'homme, plus s'élargit le champ de ses responsabilités, personnelles et communautaires. On voit par là que le message chrétien ne détourne pas les hommes de la construction du monde et ne les incite pas à se désintéresser du sort de leurs semblables: il leur en fait au contraire un devoir plus pressant. 

 

Normes de l'activité humaine 

 

35. 1. De même qu'elle procède de l'homme, l'activité humaine lui est ordonnée. De fait, par son action, l'homme ne transforme pas seulement les choses et la société, il se parfait lui-même. Il apprend bien des choses, il développe ses facultés, il sort de lui-même et se dépasse. Cet essor, bien conduit, est d'un tout autre prix que l'accumulation possible de richesses extérieures. L'homme vaut plus par ce qu'il est que par ce qu'il a. De même, tout ce que font les hommes font pour faire régner plus de justice, une fraternité plus étendue, un ordre plus humain dans les rapports sociaux, dépasse en valeur les progrès techniques. Car ceux-ci peuvent bien fournir la base matérielle de la promotion humaine, mais ils sont tout à fait impuissants, par eux seuls, à la réaliser. 

 

2. Voici donc la règle de l'activité humaine: qu'elle soit conforme au bien authentique de l'humanité, selon le dessein et la volonté de Dieu, et qu'elle permette à l'homme, considéré comme individu ou comme membre de la société, de s'épanouir selon la plénitude de sa vocation. 

 

Article précédent Article suivant
Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article