Demeurer actif

Non seulement celui qui demeure en mouvement accomplit-il beaucoup de choses mais se tient-il prêt à sauter sur la moindre occasion qui se présente à lui. Il n’est pas nécessaire de s’épuiser à en faire beaucoup à la fois, seulement de se garder en mouvement, ou même de se tenir sur la pointe des pieds prêts à bondir comme on le demande aux athlètes dans certaines disciplines dont le baseball et le football.

Le spirituel n’échappe pas à l’exigence de demeurer actif. Le Maître lui-même l’y incite : « Veillez, car vous ne connaissez pas le jour où votre Seigneur viendra… Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c'est à l'heure où vous n'y penserez pas que le Fils de l'homme viendra… Heureux ce serviteur que son maître, en arrivant, trouvera à son travail ! Amen, je vous le déclare : il lui confiera la charge de tous ses biens. » Quant au mauvais serviteur, qui fait comme si le maître n’existait pas et ne se soucie pas de conformer sa conduite aux désirs de ce dernier, le maître se séparera de lui et le mettra parmi les hypocrites ; là il y aura des pleurs et des grincements de dents (Mt 24, 42-51). Qu’est-ce que demeurer actif pour le spirituel ? C’est se tenir sur la pointe des pieds, être attentif à la volonté divine, s’efforcer de distinguer ce que Dieu attend de lui à tout moment. Se tenir sur la pointe des pieds, c’est prier, lire la Parole, faire oraison, pour être prêt à agir lorsque l’occasion se présente et également pour que Dieu féconde les efforts consentis sans quoi les gestes posés risquent de demeurer stériles. Il faut également prendre garde de ne pas sombrer dans l’hyperactivité ou de dénigrer les natures plus contemplatives : « Marthe, Marthe, tu te soucies et t'agites pour beaucoup de choses; pourtant il en faut peu, une seule même. C'est Marie qui a choisi la meilleure part; elle ne lui sera pas enlevée » (Lc 10, 41-42). La chose qui importe par-dessus tout, c’est l’amour, amour de Dieu et des autres. Demeure actif le spirituel qui est animé par l’amour en toutes choses. L’action en tant que telle n’est que moyen de démontrer cet amour. Les résultats eux-mêmes importent peu puisque le spirituel sera jugé à la conformité des ses intentions à la volonté de son Maître, volonté qui est identique à sa nature, c’est-à-dire Amour. Cependant, si la parole qui sort de sa bouche ne revient pas vers Lui sans effet, sans avoir accompli ce qu’Il a voulu et réalisé l'objet de sa mission (Is 55, 11),  le spirituel peut-il espérer que les bonnes actions qui lui ont été inspirées ne demeureront pas vaines même si le fruit de ses efforts demeure caché à ses yeux.