Détournement

Je m’inquiète de voir les états abdiquer leur souveraineté au profit des financiers. Il s’agit d’un bien lourd tribut pour avoir voulu jouir de biens et services tout en reportant en tout ou en partie le paiement à plus tard. Qu’on le veuille ou non, l’heure de la reddition de compte finit toujours par arriver. Pour la Grèce et l’Italie, l’état qui devait normalement agir prioritairement pour le bien commun, agira dorénavant d’abord pour le bénéfice de ses créanciers, le détournant de sa vocation première, laissant entrevoir beaucoup de souffrances et de sacrifices pour les citoyens de ces pays.

Jésus expulse les marchands du Temple car ceux-ci l’ont détourné de sa vocation première. Ils ont fait un endroit de négoce d’un lieu privilégié de rencontre avec Dieu. Les activités mondaines se sont invitées là où tout aurait dû être mis en œuvre pour éliminer les préoccupations d’ordre matériel afin que l’âme puisse s’élever librement vers Dieu.

Au-delà des temples matériels, la maison de Dieu c’est d’abord le cœur de chaque homme. Nous abdiquons nous aussi, à plus petite échelle, il est vrai, notre souveraineté lorsque nous laissons le souci des choses matérielles envahir notre cœur au détriment de l’amour de Dieu et du prochain, ce qui constitue notre vocation première. Jésus, dans la parabole du semeur compare un tel homme au grain « qui a été semé dans les épines, c'est celui qui entend la Parole, mais le souci du monde et la séduction de la richesse étouffent cette Parole, qui demeure sans fruit » (Mt 13, 22). C’est pourquoi l’apôtre Paul souhaite : « Je voudrais vous voir exempts de soucis » (1 Co 7, 32).  Examinons ce qui retient indûment notre attention et cherchons à nous en détacher. Nous deviendrons davantage « maîtres chez nous » pour reprendre le désormais célèbre slogan électoral du politicien québécois Jean Lesage lancé en octobre 1962. Les choses de ce monde redeviendront à notre service plutôt que de faire de nous des esclaves qui se font posséder par elles.