La paille et la poutre

Pourquoi certaines faiblesses des autres nous exaspèrent-elles autant ? Souvent, c’est parce que ce sont nos propres inclinaisons mauvaises que nous voyons en eux, et ce, même si elles se retrouvent en ces derniers à un degré moindre qu’en nous. Il y a là une forme de déni : juger sévèrement nos faiblesses que nous voyons dans les autres, les amplifier même, nous permet d’amoindrir à nos yeux l’importance des nôtres, d’améliorer l’image que nous nous faisons de nous-mêmes. C’est là de l’hypocrisie, ce vice qui consiste à déguiser son véritable caractère (Dictionnaire Petit Robert). Si nous pouvons abuser les autres et nous-mêmes par un tel stratagème, il en va autrement du Dieu qui scrute le cœur, sonde les reins, pour rendre à chacun d'après sa conduite, selon le fruit de ses œuvres (Jr 17, 10). Pire encore, nous aggravons notre cause aux yeux du Dieu Amour parce que nous manquons là à la charité à l’instar du débiteur impitoyable qui avait refusé d’avoir pitié de son compagnon qui avait pourtant contracté une dette moindre à son égard que celle qui lui avait été préalablement remise (Mt 5, 23-35).

Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? (Lc 10, 25)

Je m’abstiens de juger les autres parce qu’il s’agit là d’un manque d’amour, un manque d’amour qui découle de mon orgueil. Je m’abstiens de juger les autres de peur de me juger moi-même.