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Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui

Nelson Mandela

 

Nelson Mandela (1918-2013)

 

L’unité prévaut sur le conflit

 

226. Le conflit ne peut être ignoré ou dissimulé. Il doit être assumé. Mais si nous restons prisonniers en lui, nous perdons la perspective, les horizons se limitent et la réalité même reste fragmentée. Quand nous nous arrêtons à une situation de conflit, nous perdons le sens de l’unité profonde de la réalité.

 

227. Face à un conflit, certains regardent simplement celui-ci et passent devant comme si de rien n’était, ils s’en lavent les mains pour pouvoir continuer leur vie. D’autres entrent dans le conflit de telle manière qu’ils en restent prisonniers, perdent l’horizon, projettent sur les institutions leurs propres confusions et insatisfactions, de sorte que l’unité devient impossible. Mais il y a une troisième voie, la mieux adaptée, de se situer face à un conflit. C’est d’accepter de supporter le conflit, de le résoudre et de le transformer en un maillon d’un nouveau processus. « Bienheureux les artisans de paix ! » (Mt 5, 9).

 

228. De cette manière, il est possible de développer une communion dans les différences, que seules peuvent faciliter ces personnes nobles qui ont le courage d’aller au-delà de la surface du conflit et regardent les autres dans leur dignité la plus profonde. Pour cela, il faut postuler un principe indispensable pour construire l’amitié sociale : l’unité est supérieure au conflit. La solidarité, entendue en son sens le plus profond et comme défi, devient ainsi une manière de faire l’histoire, un domaine vital où les conflits, les tensions, et les oppositions peuvent atteindre une unité multiforme, unité qui engendre une nouvelle vie. Il ne s’agit pas de viser au syncrétisme ni à l’absorption de l’un dans l’autre, mais de la résolution à un plan supérieur qui conserve, en soi, les précieuses potentialités des polarités en opposition.

 

230. L’annonce de la paix n’est pas celle d’une paix négociée mais la conviction que l’unité de l’Esprit harmonise toutes les diversités. Elle dépasse tout conflit en une synthèse nouvelle et prometteuse. La diversité est belle quand elle accepte d’entrer constamment dans un processus de réconciliation, jusqu’à sceller une sorte de pacte culturel qui fait émerger une “diversité réconciliée”, comme l’enseignent bien les Évêques du Congo : « La diversité de nos ethnies est une richesse […] Ce n’est que dans l’unité, la conversion des cœurs et la réconciliation que nous pouvons faire avancer notre pays ».

 

Pape François, Exhortation apostolique Evangilii Gaudium (226-228.230)

 

 

Cette section de l’exhortation apostolique Evangilii Gaudium du pape François pourrait très bien servir d’oraison funèbre à Nelson Mandela tellement son contenu correspond à ce que ce dernier s’est efforcé de mettre en pratique durant son existence. L’objectif de ce billet n’est pas de « faire un saint » de ce grand homme qu’a été monsieur Mandela mais de souligner la pertinence de la pensée du pape François et montrer qu’il ne s’agit pas là d’un idéal utopique mais que cela peut être vécu et, effectivement,  l’a déjà été.

 

Face à un conflit, on peut faire comme si de rien n’était et tolérer une situation inacceptable. À l’opposé, on peut se laisser envahir par une charge émotive négative qui nous amène au-delà de la simple solution du problème et chercher à obtenir une revanche. Enfin, on peut s’engager dans la troisième voie, la mieux adaptée, de se situer face à un conflit, d’accepter de supporter le conflit, de le résoudre et de le transformer en un maillon d’un nouveau processus. « Bienheureux les artisans de paix ! » (Mt 5, 9).

 

Nelson Mandela a été l’homme de la troisième voie proposée par le pape François. Il n’a pas accepté l’inacceptable régime d’Apartheid de l’Afrique du Sud et a dû subir 27 ans d’emprisonnement suite à son engagement pour la justice sociale. Libéré, il n’entre pas en guerre contre ses opposants mais leur tend la main pour mettre fin à ce régime injuste.

 

L’ancienne gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean, racontait au bulletin de nouvelles télévisé la colère qu’elle a ressentie lorsqu’elle a visité l’endroit où Mandela avait été emprisonné. Une ministre de gouvernement de l’époque qui l’accompagnait, une proche de Mandela, lui avait dit qu’il fallait dépasser cette colère ainsi que Nelson Mandela le leur avait enseigné et lui avait conté cette anecdote que je vous cite de mémoire : Nous étions à une réunion de l’ANC lorsque nous avons appris que l’on avait fait un mauvais parti à quatre de nos camarades. Les esprits se sont échauffés et nous étions prêts à sortir dans la rue et faire exploser notre colère quand Nelson Mandela nous a exhortés à n’en rien faire, que notre cause était trop grande pour la laisser mettre en péril en répondant à la provocation qui nous avait été faite.

 

Il faut postuler un principe indispensable pour construire l’amitié sociale : l’unité est supérieure au conflit. La solidarité, entendue en son sens le plus profond et comme défi, devient ainsi une manière de faire l’histoire, un domaine vital où les conflits, les tensions, et les oppositions peuvent atteindre une unité multiforme, unité qui engendre une nouvelle vie. Une fois porté au pouvoir, Nelson Mandela ne cherche pas revanche ni même justice contre ceux qui les dominaient injustement. Fidèle à ses convictions, « Pour faire la paix avec un ennemi, on doit travailler avec cet ennemi, et cet ennemi devient votre associé », il met sur pied la commission de la vérité et de la réconciliation présidée par l’archevêque anglican Desmond Tutu lui aussi animé par un grand désir de réconciliation : « sans pardon, il n'y a pas d'avenir, mais sans confessions, il ne peut y avoir de pardon ».  Cette commission ne vise pas uniquement ceux qui soutenaient le régime d’apartheid mais également ses opposants, Mandela lui-même y confessant les violations des droits de l’homme commises par son propre parti.

 

Au plan économique, Mandela a adopté la même approche positive et n’a pas cherché à appauvrir ceux qui s’étaient enrichis sous l’ancien régime mais à enrichir ceux que cette situation politique avait confinés dans un état de misère. Sans être un expert, je dirais que cette politique a donné de bien meilleurs résultats qu’en d’autres endroits où l’on a enlevé les outils de création de richesse des mains des mieux nantis pour les remettre à des gens non préparés pour les administrer convenablement, avec pour effet à long terme, une plus grande pauvreté.

 

Nelson Mandela est reconnu unanimement pour avoir été l’homme de la réconciliation et du pardon. Sa vie, son legs à son pays et à l’humanité se résument très bien dans le paragraphe 230 d’Evangilii Gaudium : L’annonce de la paix n’est pas celle d’une paix négociée mais la conviction que l’unité de l’Esprit harmonise toutes les diversités. Elle dépasse tout conflit en une synthèse nouvelle et prometteuse. La diversité est belle quand elle accepte d’entrer constamment dans un processus de réconciliation, jusqu’à sceller une sorte de pacte culturel qui fait émerger une “diversité réconciliée”, comme l’enseignent bien les Évêques du Congo : « La diversité de nos ethnies est une richesse […] Ce n’est que dans l’unité, la conversion des cœurs et la réconciliation que nous pouvons faire avancer notre pays » et, rajouterai-je, pour faire avancer l’humanité entière, pour que survienne déjà, dès à présent, même si ce n’est que de façon imparfaite, le Royaume de Dieu sur terre.

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