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Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui

Suis-je responsable de mon frère ? (Gn 4, 9)

 

En ce temps-là,  Jésus disait aux pharisiens : « Il y avait un homme riche, vêtu de pourpre et de lin fin, qui faisait chaque jour des festins somptueux. Devant son portail gisait un pauvre nommé Lazare, qui était couvert d’ulcères. Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche ; mais les chiens, eux, venaient lécher ses ulcères. Or le pauvre mourut, et les anges l’emportèrent auprès d’Abraham. Le riche mourut aussi, et on l’enterra. Au séjour des morts, il était en proie à la torture ; levant les yeux, il vit Abraham de loin et Lazare tout près de lui. Alors il cria : “Père Abraham, prends pitié de moi et envoie Lazare tremper le bout de son doigt dans l’eau pour me rafraîchir la langue, car je souffre terriblement dans cette fournaise. – Mon enfant, répondit Abraham, rappelle-toi : tu as reçu le bonheur pendant ta vie, et Lazare, le malheur pendant la sienne. Maintenant, lui, il trouve ici la consolation, et toi, la souffrance. Et en plus de tout cela, un grand abîme a été établi entre vous et nous, pour que ceux qui voudraient passer vers vous ne le puissent pas, et que, de là-bas non plus, on ne traverse pas vers nous.” Le riche répliqua : “Eh bien ! père, je te prie d’envoyer Lazare dans la maison de mon père. En effet, j’ai cinq frères : qu’il leur porte son témoignage, de peur qu’eux aussi ne viennent dans ce lieu de torture !” Abraham lui dit : “Ils ont Moïse et les Prophètes : qu’ils les écoutent ! – Non, père Abraham, dit-il, mais si quelqu’un de chez les morts vient les trouver, ils se convertiront.” Abraham répondit : “S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus.” »

 

Luc 16, 19-31

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

 

La parabole de Lazare et de l’homme riche répond à la question posée par l’homme, en l’occurrence Caïn, dès les origines : « Sommes-nous responsables les uns des autres ? » Et la réponse est évidemment « Oui », l’amour requiert que nous soyons solidaires des autres, la justice demande que nous n’utilisions pas pour notre unique bénéfice personnel les biens confiés par Dieu pour que nous les mettions par amour au service du plus grand nombre.

 

Cela nous mène à la question de l’heure, celle de l’urgence d’agir pour contrer les changements climatiques. Les faits sont indéniables : la planète se réchauffe créant des dérèglements climatiques et les populations les plus pauvres sont celles qui sont les plus affectées par les impacts négatifs de ces changements. Nous pouvons observer et mesurer ces changements. Ce qui est plus difficile à établir est la part de responsabilité humaine dans l’évolution de cet état. Cependant, nous pouvons présumer, sans crainte de nous tromper, que l’activité humaine contribue au réchauffement observé. En conséquence, que cela découle entièrement ou partiellement de notre mode de vie, nous devons, par amour de Dieu et du prochain, faire tout en notre pouvoir pour réduire les impacts négatifs de notre activité sur l’environnement. Pour cela, il nous faut changer notre mode de vie, vivre plus sobrement, consommer moins et mieux, réparer au lieu de jeter, réduire notre utilisation de véhicules personnels polluants…

 

Relisons les paroles du Seigneur au prophète Amos :

 

Malheur à ceux qui vivent bien tranquilles dans Sion, et à ceux qui se croient en sécurité sur la montagne de Samarie. Couchés sur des lits d’ivoire, vautrés sur leurs divans, ils mangent les agneaux du troupeau, les veaux les plus tendres de l’étable ; ils improvisent au son de la harpe, ils inventent, comme David, des instruments de musique ; ils boivent le vin à même les amphores, ils se frottent avec des parfums de luxe, mais ils ne se tourmentent guère du désastre d’Israël ! C’est pourquoi maintenant ils vont être déportés, ils seront les premiers des déportés ; et la bande des vautrés n’existera plus. (Am 6, 4-7)

 

Nous pouvons facilement imaginer le Seigneur nous dire aujourd’hui : « Malheur à ceux qui consomment inconsidérément, qui ne se tourmentent guère du désastre climatique qu’ils contribuent à créer par leur inconscience ! Le moment arrive, et il n’est guère loin, où ils devront répondre de leurs actes comme le riche de la parabole ou en subir les conséquences comme les contemporains d’Amos. »

 

Certains prétextent, pour ne rien faire, que l’impact des sacrifices individuels qu’ils pourraient s’imposer est négligeable et que, conséquemment, cela ne vaut pas la peine de faire des efforts. Seule la somme des engagements individuels parviendra à avoir un impact significatif, l’ensemble des gouvernements, à eux seuls, ne parvenant manifestement pas à prendre les mesures suffisantes pour éviter la catastrophe annoncée. Je paraphraserai sur cela mère Teresa : « Ce n’est peut-être qu’une goutte d’eau dans l’océan, mais si cette goutte d’eau n’existait pas elle manquerait à l’océan » et si l’ensemble de gouttes d’eau cessait d’exister, l’océan disparaîtrait.

 

À l’autre extrême, d’autres disent qu’il faut cesser d’avoir des enfants parce que ce serait le nombre d’habitants qui mettrait la planète en péril. Actuellement, ce n’est pas notre nombre qui cause principalement le problème, mais les habitudes désordonnées de vie des habitants des pays les mieux nantis qui, à l’instar du riche de la parabole, ne se soucient guère de l’impact de leur mode de vie sur la misère des autres. On devine derrière une telle proposition l’égoïsme de personnes qui, pour éviter de devoir réduire leur train de vie, souhaitent voir diminuer le nombre de personnes avec qui partager les ressources disponibles. Aimer, c’est donner la vie, quitte à devoir se sacrifier pour la voir s’épanouir.

 

Les spirituels devraient se faire les hérauts de la lutte aux changements climatiques, car, d’une part,  il s’agit d’un geste de charité authentique envers les plus défavorisés et, d’autre part, qu’il est de la responsabilité de chacun de protéger la création de notre Père céleste. Nous avons besoin d’un retournement similaire à celui de la ville de Ninive du temps de Jonas pour arrêter une machine qui s’est emballée. Un tel retournement passe inévitablement par la conversion des cœurs, conversion qui, elle-même, ne peut découler que d’un renouveau spirituel, des efforts de chacun pour vivre les enseignements de la Parole de Dieu consignée dans la Bible. Les paroles de l’apôtre Paul sont plus que jamais d’actualité : « J'estime en effet que les souffrances du temps présent ne sont pas à comparer à la gloire qui doit se révéler en nous. Car la création en attente aspire à la révélation des fils de Dieu: si elle fut assujettie à la vanité, -- non qu'elle l'eût voulu, mais à cause de celui qui l'y a soumise, -- c'est avec l'espérance d'être elle aussi libérée de la servitude de la corruption pour entrer dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu. » (Rm 8, 18-22).

 

Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle? (Lc 10, 25)

 

Je m’efforce de réduire ma consommation au nécessaire. Je partage. Je modifie mes comportements pour réduire les impacts négatifs de mon activité sur l’environnement. Je réponds à l’appel du pape François dans son encyclique Laudato si de travailler à la sauvegarde de la maison commune.

 

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