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Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui

Tout miser sur Dieu

 

 

Tout miser sur Dieu

 

Le Royaume des cieux est comparable à un trésor caché dans un champ ; l'homme qui l'a découvert le cache de nouveau. Dans sa joie, il va vendre tout ce qu'il possède, et il achète ce champ. Ou encore : Le Royaume des cieux est comparable à un négociant qui recherche des perles fines. Ayant trouvé une perle de grande valeur, il va vendre tout ce qu'il possède, et il achète la perle.

 

Matthieu 13, 44-46

 

 

Hier soir, j’ai regardé à la télévision le film Secretariat produit par les studios Disney et sorti en salles en 2010. Ce film est basé sur l’histoire de Secretariat le cheval de course ayant remporté la triple couronne du Thoroughbred racing (chevaux de course de 3 ans) en 1973. Je m’attendais à voir l’histoire d’un cheval exceptionnel et j’ai découvert une femme, sa propriétaire, Penny Chenery, qui était tout aussi exceptionnelle. Certains reprochent d’ailleurs au film d’avoir accordé une place trop importante à la propriétaire au détriment du cheval, point de vue que je ne partage pas car le processus qui mène à l’éclosion d’un nouveau champion est un travail d’équipe. Dans le sport de la course équestre, le propriétaire du cheval est le chef d’orchestre d’une équipe comprenant entre autres l’entraîneur, le jockey, le palefrenier… Le film rend un hommage bien mérité à tous les artisans derrière le succès du cheval.  

 

Mère de famille au foyer, la vie de Penny Chenery bascule en 1968 quand l’état de santé de son père le rend incapable de continuer à s’occuper de sa ferme d’élevage de chevaux de course. En dépit de l’intention de son frère et de sa sœur de vendre la ferme qui accumulait les pertes financières à l’époque, Penny Chenery s’éloigne de sa famille de quatre enfants qui habite le Colorado pour reprendre en main les opérations de l’entreprise familiale. Une de ses premières décisions importantes sera de congédier l’homme auquel son père avait confié l’entraînement des chevaux depuis plusieurs années. Madame Chenery a tout misé sur le potentiel de ses chevaux, prenant d’importants risques financiers et négligeant sa vie familiale (ce qui mènera à un éventuel divorce). Elle réalisera finalement le rêve de son père avec Riva Ridge, cheval vainqueur de 2 des 3 courses de la triple couronne en 1972 et Secretariat vainqueur des 3 épreuves en 1973, sauvant la ferme familiale du naufrage financier.

 

Si une mère de famille est capable de tout abandonner sur la base d’un hypothétique succès d’êtres faillibles, des chevaux, un entraîneur, un jockey… à plus forte raison devrions-nous être capables de nous détacher de tout ce que nous possédons pour tout miser sur l’Unique qui ne déçoit point. À nous comme à Pierre qui déclare : « Eh bien! nous, nous avons tout laissé pour te suivre », Jésus dit: « En vérité, je vous le déclare, personne n'aura laissé maison, frères, sœurs, mère, père, enfants ou champs à cause de moi et à cause de l'Évangile, sans recevoir au centuple maintenant, en ce temps-ci, maisons, frères, sœurs, mères, enfants, et champs, avec des persécutions, et dans le monde à venir la vie éternelle » (Mc 10, 28-30). S’engager de façon radicale tant dans la vie temporelle que spirituelle engendre des incompréhensions autour de soi, ce qui amène Jésus à parler d’éventuelles persécutions, mais à qui persévère, occasionnellement en cette vie, à coup sûr dans l’autre, le retour sur investissement est à la mesure et dépasse même ce qui a été sacrifié.

 

Mais quel est le risque réel de tout miser sur Dieu ? Dans sa méditation du vendredi saint 2009, Raniero Cantalamessa commente le slogan publicitaire paru sur les bus de Londres et de quelques grandes villes européennes : « There's probably no God. Now stop worrying and enjoy your life — Dieu n'existe probablement pas. Cessez donc de vous inquiéter et profitez de la vie » :

 

« Dieu n'existe probablement pas » : il pourrait donc exister, on ne peut pas exclure totalement le fait qu'il existe. Mais cher frère non croyant, si Dieu n'existe pas, moi je n'ai rien perdu ; si en revanche il existe, tu as tout perdu !

 

Miser sur Dieu, c’est faire le pari de l’amour. Comme il y a plus de plaisir à donner qu’à recevoir (ou pire, prendre), arrivés au terme de notre course, si nous nous sommes soumis au commandement de l’amour tel que le requiert la foi que nous professons, nous aurons au minimum la joie d’avoir contribué au bonheur des autres avec en prime la possibilité de partager l’existence de Dieu pour l’éternité. Quant à ceux qui auront joui égoïstement de la vie, que leur restera-t-il ?

 

Raniero Cantalamessa a aussi inclus dans le même texte cette intéressante réflexion :

 

Le Christ n'est donc pas venu augmenter la souffrance humaine ou prêcher la résignation à la souffrance ; il est venu lui donner un sens et en annoncer la fin et le dépassement. Le slogan sur les bus de Londres et d'autres villes est lu également par des parents qui ont un enfant malade, par des personnes seules, ou qui ont perdu leur travail, par des exilés qui ont fui les horreurs de la guerre, par des personnes qui ont subi de graves injustices dans la vie... J'essaie d'imaginer leur réaction en lisant ces paroles : « Dieu n'existe probablement pas : profite donc de la vie ! » Et avec quoi ?

 

La souffrance reste certes un mystère pour tous, spécialement la souffrance des innocents, mais sans la foi en Dieu celle-ci devient immensément plus absurde. On lui enlève même son ultime espérance de rachat. L'athéisme est un luxe que seuls les privilégiés de la vie peuvent se permettre, ceux qui ont tout eu, y compris la possibilité de se consacrer aux études et à la recherche.

 

L'athéisme est un luxe que seuls les privilégiés de la vie peuvent se permettre, ceux qui ont tout eu. Habitués de ne compter que sur eux-mêmes, les privilégiés ne veulent dépendre de personne, pas même de Dieu, ni partager une bonne fortune qu’ils considèrent comme un bien propre plutôt qu’un dépôt en fidéicommis devant être mis au service du bien commun. Le déclin de la foi constitue un dommage collatéral de l’augmentation du niveau de vie, bonne fortune qui, à défaut d’être mise au service de la fin pour laquelle elle a été prévue, ne contribue pas au bonheur qui devrait en résulter.

 

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