Jésus dormait

Il est plutôt surprenant de voir Jésus dormir immédiatement après qu’il eut affirmé ne pas avoir où reposer la tête (Mt 8, 20). Il s’agit du seul endroit que j’ai répertorié où on dit que Jésus ait dormi ou se soit reposé. On dit bien à quelques reprises qu’il se soit retiré à l’écart mais il priait alors le Père ou enseignait les disciples. À une autre occasion Matthieu dit que Jésus se retira en barque dans un lieu désert, à l'écart; mais poursuit-il du même souffle « ce qu'apprenant, les foules partirent à sa suite, venant à pied des villes. En débarquant, il vit une foule nombreuse et il en eut pitié; et il guérit leurs infirmes » (Mt 14, 13-14).

Nous retrouvons donc Jésus qui dort au pire moment qui soit : la tempête fait rage. On se demande même comment il peut faire pour dormir car Matthieu dit que la barque était recouverte par les vagues. Cela n’est-il pas une image de notre propre vie? Quand tout va mal, nous avons l’impression que Dieu dort ou pire qu’il nous a abandonnés. Pour d’autres qui ont évacué Dieu de leur vie, cela constituera une opportunité de remettre en question leur décision. Dieu vient au secours de ceux qui crient humblement vers Lui « Seigneur, sauve-nous ! Nous sommes perdus ». Dieu permet et utilise l’épreuve pour raffermir la foi de ceux qui l’ont déjà, «Pourquoi avoir peur, hommes de peu de foi ? », ou la susciter chez ceux qui ne l’ont pas ou l’ont perdue. Certes, le Seigneur n’agit pas directement dans nos vies comme il l’a fait avec les disciples interpellant vivement les vents et la mer, mais plutôt sous le voile de la médiation d’autres personnes ou encore d’un revirement inattendu de situation apparemment fortuit. Pourquoi nous sort-il du pétrin de façon si discrète ? Pour préserver notre liberté d’adhérer à Lui ou non car il n’y a pas d’amour sans liberté et Dieu est perpétuellement en quête de notre amour.

Au paragraphe 58, le Compendium du Catéchisme de l’Église Catholique pose la question :

Pourquoi Dieu permet-il le mal ? La foi nous donne la certitude que Dieu ne permettrait pas le mal s'il ne faisait pas sortir le bien du mal lui-même. Cela, Dieu l'a déjà merveilleusement accompli dans la mort et la résurrection du Christ. En effet, du mal moral le plus grand, la mort de son Fils, il a tiré les plus grands biens, la glorification du Christ et notre rédemption. Nous pouvons être assurés que les épreuves ne sont permises par Dieu que pour le plus grand bien qui soit à savoir notre salut et celui de ceux qui nous entourent. À nous d’y réagir correctement pour qu’elles portent le fruit qu’elles recèlent.