Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui
4 Novembre 2016 Parole du jour
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Moi, je vous le dis : Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles. Celui qui est digne de confiance dans la moindre chose est digne de confiance aussi dans une grande. Celui qui est malhonnête dans la moindre chose est malhonnête aussi dans une grande. Si donc vous n’avez pas été dignes de confiance pour l’argent malhonnête, qui vous confiera le bien véritable ? Et si, pour ce qui est à autrui, vous n’avez pas été dignes de confiance, ce qui vous revient, qui vous le donnera ? Aucun domestique ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent. » Quand ils entendaient tout cela, les pharisiens, eux qui aimaient l’argent, tournaient Jésus en dérision. Il leur dit alors : « Vous, vous êtes de ceux qui se font passer pour justes aux yeux des gens, mais Dieu connaît vos cœurs ; en effet, ce qui est prestigieux pour les gens est une chose abominable aux yeux de Dieu. » Luc 16, 9-15 |
Quand Jésus parle d’argent malhonnête, il ne désigne pas uniquement par là l’argent acquis de manière douteuse mais l’argent en général. En quoi, selon la perspective divine, l’argent se révèle-t-il malhonnête, c’est-à-dire non conforme aux lois de la justice, du devoir et de la vertu ? Du point de vue de la justice, nous pouvons constater que, d’une part, le souhait de Dieu est la destination universelle des biens et que, d’autre part, de moyen de faciliter les échanges entre personnes, l’argent est devenu moyen d’accumuler, donnant même le contrôle à certains sur la valeur du produit du travail de toute une vie de milliers voire millions d’autres. S’accaparer de ce que Dieu a mis à notre disposition pour le bien commun, voilà qui est contraire à la justice divine et donc malhonnête. Quant au devoir de l’homme face à Dieu, il a été révélé à Moïse : « Écoute, Israël… Je suis Yahvé ton Dieu… Tu n'auras pas d'autres dieux devant moi » (Dt 5,1.6-7). L’argent est malhonnête en ce qu’il se révèle une idole, qu’il incline à mettre sa confiance en lui plutôt qu’en Dieu seul. À cet égard, quand nous lisons la définition que Jean-François Collange en donne (« Foi, espérance, amour et éthique », dans B. Lauret, F. Refoulé (dit), Initiation à la pratique de la théologie, t. IV Éthique, Paris, Cerf, 1983, p. 27-28) nous constatons qu’elle s’applique parfaitement à l’argent :
L'idole en effet n'est rien d'autre qu'une réalité de ce monde (cf. Es 44, 9ss) érigée en dieu ; elle refuse de ce fait son statut de créature limitée (elle est donc toujours mensongère) et prétend à la domination sur telle partie ou sur tel aspect de l'humanité, voire sur la création tout entière ; elle exerce sur ceux-ci une fonction tyrannique qui peut bien, en contrepartie des sacrifices qu'elle réclame, apporter satisfactions immédiates ou protection superficielle, mais qui en définitive ne peut se révéler que détresse et perdition, étant donné l'imposture qu'elle réalise. Ainsi n'y a-t-il pas d'avenir pour un monde soumis à l'idolâtrie, mais les variations sans fin d'un éternel retour du même ; des mêmes vicissitudes, de la même exploitation, du même malheur. Car l'à-venir ne peut venir que d'ailleurs, de Dieu et de son Règne de justice et de paix.
Enfin, l’argent est malhonnête en ce qu’il se montre contraire à la vertu, la principale étant l’amour, en détournant ce dernier de la fin qui devrait être sienne soit Dieu et le prochain, pour l’amour de lui-même (l’argent).
Cet argent qui est prestigieux pour les gens est une chose abominable aux yeux de Dieu.
Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle? (Lc 10, 25)
Je mets ma confiance en Dieu seul, par-dessus tout j’évite de mettre celle-ci dans l’ « argent malhonnête », malhonnête en sa nature même et non seulement dans la manière avec laquelle il peut avoir été gagné.