Le plus petit dans le Royaume est plus grand que lui

En ce temps-là, Jean le Baptiste entendit parler, dans sa prison, des œuvres réalisées par le Christ. Il lui envoya ses disciples et, par eux, lui demanda : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Jésus leur répondit : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ! » Tandis que les envoyés de Jean s’en allaient, Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean : « Qu’êtes-vous allés regarder au désert ? un roseau agité par le vent ? Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ? un homme habillé de façon raffinée ? Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois. Alors, qu’êtes-vous allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète. C’est de lui qu’il est écrit : ‘Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour préparer le chemin devant toi.’ Amen, je vous le dis : Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ; et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui. »

Matthieu 11, 2-11

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

Si le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que Jean le Baptiste de qui Jésus dit préalablement que parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que lui, c’est que ceux qui sont entrés dans ce Royaume y ont été élevés par Dieu lui-même. Il est absolument hors de notre portée d’accéder à ce Royaume par nos efforts ou de prétendus mérites de notre part. Jésus l’affirme par ailleurs dans sa réponse à la question des disciples « Qui peut être sauvé ? » : « Ce qui est impossible pour les hommes est possible pour Dieu » (Lc 18, 26-27).

Thérèse de Lisieux l’avait bien compris, elle qui dit dans l’Histoire d’une âme : «L'ascenseur qui doit m'élever jusqu'au ciel, ce sont vos bras, ô Jésus ! Pour cela je n'ai pas besoin de grandir, il faut au contraire que je resté petite, que je le devienne de plus en plus. » Cela constitue d’autre part une application pratique des paroles de Jésus : « les derniers seront premiers, et les premiers seront derniers » (Mt 20, 16) ou encore : « le Royaume des cieux est à ceux qui ressemblent aux enfants » (Mt 19, 14), ceux-ci se laissant prendre dans les bras de leurs parents.

Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? (Lc 10, 25)

J’attends le salut de Dieu seul. Je considère que, quoi que j’accomplisse en cette vie, ce sera toujours insuffisant pour m’ouvrir les portes du Royaume éternel. Je médite sur ce que ce salut est un héritage auquel nous avons été rendus éligibles parce que le Verbe a revêtu la chair et racheté nos fautes par sa mort sur la croix, et que pour toucher au terme cet héritage nous devons manifester la ressemblance de Dieu, qui est Amour, que nous portons en nous et qui est la capacité d’aimer. En conséquence, j’aime et je ne me préoccupe de rien d’autre si ce n’est du salut des autres, du salut plus grand nombre, pour la gloire de mon Père céleste qui, je l’escompte, me prendra dans ses bras pour m’élever jusqu’à son cœur au terme de ma course… Enfin, puisqu’il s’agit de la lecture évangélique du dimanche de la joie, j’en profite pour redire avec le psalmiste : « Rends-moi la joie d’être sauvé » (Ps 51, 14).