Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui
Efficacité de la prière
Demandez, vous obtiendrez; cherchez, vous trouverez; frappez, la porte vous sera ouverte. Celui qui demande reçoit ; celui qui cherche trouve ; et pour celui qui frappe, la porte s'ouvrira. Lequel d'entre vous donnerait une pierre à son fils qui lui demande du pain ? ou un serpent, quand il lui demande un poisson ? Si donc, vous qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est aux cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent !
Matthieu 7, 7-11
La reine Esther, dans l'angoisse mortelle qui l'étreignait, chercha refuge auprès du Seigneur. Elle priait ainsi le Seigneur Dieu d'Israël : « Mon Seigneur, notre Roi, c'est toi le seul Dieu ; viens me secourir, car je suis seule, et je n'ai pas d'autre secours que toi, et je vais risquer ma vie. Depuis ma naissance, j'ai entendu répéter, dans la tribu de mes pères, que tu as choisi Israël de préférence à toutes les nations, et nos pères de préférence à tous leurs ancêtres, pour en faire à jamais un peuple qui t'appartienne, et tu as fait pour eux tout ce que tu avais promis. Souviens-toi, Seigneur ! Fais-toi connaître au moment de notre détresse ; donne-moi du courage, toi le roi des dieux, qui domines toute autorité. Mets sur mes lèvres un langage harmonieux quand je serai en présence de ce lion, et change son cœur : qu'il se mette à détester celui qui nous combat, qu'il le détruise avec tous ses partisans. Délivre-nous par ta main, viens me secourir car je suis seule, et je n'ai que toi, Seigneur, toi qui connais tout. »
Livre d'Esther 14,1.3-5.12-14.
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Jésus nous en donne l’assurance, nos prières ne demeureront pas sans réponse : « Demandez, vous obtiendrez… ». Encore faut-il savoir quoi demander et comment le faire. Thomas d’Aquin nous donne de précieuses indications à cet effet :
Quand la prière s'adresse à un homme, elle doit d'abord exprimer le désir et le besoin de celui qui prie. Elle a aussi pour but de fléchir le cœur de celui que l'on prie, jusqu'à le faire céder. Or, ces deux choses n'ont plus leur raison d'être quand la prière s'adresse à Dieu. En priant nous n'avons pas à nous inquiéter de manifester nos désirs ou nos besoins à Dieu : il connaît tout (Mt 6,8)... Si la prière est nécessaire à l'homme pour obtenir les bienfaits de Dieu, c'est qu'elle exerce une influence sur celui qui prie, afin qu'il considère ses propres pauvretés et incline son âme à désirer avec ferveur et dans un esprit filial ce qu'il espère obtenir par la prière. Il se rend par là même capable de le recevoir...
La prière qui retient l’attention de Dieu, L’incline en notre faveur, est celle qui procède de l’amour, est imprégnée de l’amour. La prière de la reine Esther est très instructive à cet effet. Faut-il préciser au départ que l’action et la prière de la reine n’ont pas pour objet l’obtention d’un bénéfice personnel mais vise à délivrer Mardochée, son oncle, et tous les Juifs établis dans tout le royaume d'Assuérus de la main d’Aman qui avait prémédité de les faire disparaître (Est 3, 6). Pour ce faire, elle est s’apprête à risquer sa vie. Or, nul n'a plus grand amour que celui-ci: donner sa vie pour ses amis (Jn 15, 13).
Que fait Esther dans sa prière ? Elle exprime sa pauvreté, son incapacité à surmonter seule l’obstacle qui se dresse devant elle pour venir en aide à son peuple et se tourne avec confiance vers l’Être aimé de qui seul elle attend secours : « Mon Seigneur, notre Roi, c'est toi le seul Dieu ; viens me secourir, car je suis seule, et je n'ai pas d'autre secours que toi ». La raison de cette confiance ? L’expérience de l’amour de Dieu par les générations qui l’ont précédée : Depuis ma naissance, j'ai entendu répéter, dans la tribu de mes pères, que tu as choisi Israël de préférence à toutes les nations, et nos pères de préférence à tous leurs ancêtres, pour en faire à jamais un peuple qui t'appartienne, et tu as fait pour eux tout ce que tu avais promis. L’image qui me vient immédiatement en tête à cette lecture est celle du petit enfant qui accourt vers ses parents pour trouver secours et réconfort dans un moment de détresse, sûr qu’ils trouveront solution à sa situation comme il l’a maintes fois expérimenté antérieurement. Par sa prière, la reine Esther s’est rendue capable de recevoir, prière que Dieu a exaucée au-delà même des attentes de celle-ci, délivrant non seulement le peuple de la menace qui pesait contre lui mais encore en élevant le Juif Mardochée au premier rang après le roi Assuérus (Est 10, 3).
La prière de la reine Esther se situe tout à l’opposé de celle du Pharisien de la parabole : « Deux hommes montèrent au Temple pour prier; l'un était Pharisien et l'autre publicain. Le Pharisien, debout, priait ainsi en lui-même: Mon Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont rapaces, injustes, adultères, ou bien encore comme ce publicain; je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tout ce que j'acquiers. Le publicain, se tenant à distance, n'osait même pas lever les yeux au ciel, mais il se frappait la poitrine, en disant: Mon Dieu, aie pitié du pécheur que je suis! Je vous le dis: ce dernier descendit chez lui justifié, l'autre non. Car tout homme qui s'élève sera abaissé, mais celui qui s'abaisse sera élevé » (Lc 18, 10-14). Rien d’étonnant à ce que la prière du Pharisien soit demeurée stérile. Non seulement ne se rend-il pas apte à recevoir mais encore prétend-il donner à Dieu ! Le seul amour qui inspire cette prière est l’amour-propre, ce qui n’a rien à voir avec l’amour véritable qui trouve sa joie dans l’autre et est don gratuit de soi au bénéfice de ce dernier.