Événements

Un proverbe anglais dit « everything happens for a reason » ce que l’on peut traduire par « rien n’arrive pour rien ». Incroyants comme croyants reconnaissent une trame dans la séquence des événements qui leur arrivent, un fil qui les relie et dont on peut distinguer le sens avec du recul. Les premiers, les incroyants, y voient l’œuvre d’une force inconnue, diffuse, dont ce commentaire lu sur le Web est représentatif : « même si on sait pas pourquoi que les choses arrivent, c'est la vie qui en décide ainsi, et c'est sûrement pour des raisons quelconques mais qu'on ne sait souvent pas ou qu'on saura plus tard dans la vie ». Parmi ceux-ci, certains, voyant un lien dans l’enchaînement des événements qu’ils ne peuvent expliquer, en concluent que le scénario de notre vie a été rédigé à l’avance, que le cours de l’Histoire collective et de notre petite histoire personnelle est fixé par le destin, une force contre laquelle nous ne pourrions rien faire pour en contrecarrer le cours.

Les croyants voient également une Force à l’œuvre dans les événements, mais celle-ci ne leur est pas inconnue, c’est une Personne et elle a un nom : Dieu. Si l’idée d’un scénario pré écrit auquel on ne pourrait pas déroger est contraire à la foi, Dieu a bel et bien un plan pour chacun de nous et pour la famille humaine, un plan d’amour dans l’aujourd’hui et pour l’éternité, auquel nous pouvons décider de participer ou non en vertu de la liberté inaliénable dont Il nous a fait cadeau et qu’Il respecte. Si nos hésitations ou nos refus peuvent troubler ce plan et même nous amener à nous soustraire individuellement au salut éternel, nous ne pourrons collectivement que retarder sa réalisation et l’opportunité personnelle qui nous était offerte d’y contribuer par nos talents propres échoira à quelqu’un d’autre qui acceptera de s’y soumettre, peut-être moins bien ou rapidement que si nous avions accepté le rôle proposé, mais tout de même dans le sens du plan divin de salut.

Dieu nous enseigne et nous guide par les événements. C’est pourquoi l’apôtre Luc se permet de revenir à deux reprises sur le fait que Marie, mère de Jésus et notre modèle dans la foi, gardait dans son cœur les événements qu’elle vivait et cherchait à en trouver le sens, le plan de Dieu sur elle et sur l’humanité. Ainsi, le manque de place (Lc 2, 7) pour accueillir Marie lors de l’enfantement se veut-il le symbole du manque de place que nous faisons à Dieu dans notre vie, de l’humilité de Jésus qui éventuellement s’humiliera jusqu’à la mort sur la croix (Ph 2, 8), de la nécessaire humilité de ceux qui veulent le rencontrer, les bergers étant les premiers avec pour signe « vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire » (Lc 2, 12), mangeoire qui se révèlera avoir été un lieu approprié pour accueillir celui qui se décrira plus tard comme « le pain de vie » (Jn 6, 35)… Et ce n’est là qu’un seul événement dans la vie de Marie !