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Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui

La Parole

 

 

Parole

 

De même que la pluie et la neige descendent des cieux et n'y retournent pas sans avoir arrosé la terre, sans l'avoir fécondée et l'avoir fait germer pour fournir la semence au semeur et le pain à manger, ainsi en est-il de la parole qui sort de ma bouche, elle ne revient pas vers moi sans effet, sans avoir accompli ce que j'ai voulu et réalisé l'objet de sa mission.

 

Isaïe 55, 10-11

 

 

 

Charles de Gaulle évoquait dans ses Mémoires de guerre la puissance de la parole : « L’action met les ardeurs en œuvre. Mais c’est la parole qui les suscite ». La parole humaine possède un grand pouvoir tant pour construire que, malheureusement, pour détruire. Aussi faut-il prendre garde à tout ce que nous disons.

 

Si la parole de la créature possède un réel pouvoir, combien plus la parole du Créateur peut-elle être agissante tel qu’illustré dès les premières lignes de la Bible dans le récit de la création : « Dieu dit… et cela fut » (Gn 1, 3.6.9.11.14-15.20.24). Affirmation que reprend l’apôtre Jean : « Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu. Tout fut par lui, et sans lui rien ne fut. Et le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous » (Jn 1, 1.3.14). Le Christ est la parole ultime du Père, l’expression la plus parfaite de sa volonté :

 

 " Après avoir, à bien des reprises et de bien des manières, parlé par les prophètes, Dieu en ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par son Fils " (He 1, 1-2). Le Christ, le Fils de Dieu fait homme, est la Parole unique, parfaite et indépassable du Père. En Lui Il dit tout, et il n’y aura pas d’autre parole que celle-là. S. Jean de la Croix, après tant d’autres, l’exprime de façon lumineuse, en commentant He 1, 1-2 : Dès lors qu’Il nous a donné son Fils, qui est sa Parole, Dieu n’a pas d’autre parole à nous donner. Il nous a tout dit à la fois et d’un seul coup en cette seule Parole et il n’a rien de plus à dire ; car ce qu’Il disait par parties aux prophètes, Il l’a dit tout entier dans son Fils, en nous donnant ce tout qu’est son Fils. Voilà pourquoi celui qui voudrait maintenant l’interroger, ou désirerait une vision ou une révélation, non seulement ferait une folie, mais ferait injure à Dieu, en ne jetant pas les yeux uniquement sur le Christ, sans chercher autre chose ou quelque nouveauté (Carm. 2, 22, 3-5).

 

" L’Économie chrétienne, étant l’Alliance Nouvelle et définitive, ne passera donc jamais et aucune nouvelle révélation publique n’est dès lors à attendre avant la manifestation glorieuse de notre Seigneur Jésus-Christ " (DV 4). Cependant, même si la Révélation est achevée, elle n’est pas complètement explicitée ; il restera à la foi chrétienne d’en saisir graduellement toute la portée au cours des siècles.

 

Au fil des siècles il y a eu des révélations dites " privées ", dont certaines ont été reconnues par l’autorité de l’Église. Elles n’appartiennent cependant pas au dépôt de la foi. Leur rôle n’est pas d’ " améliorer " ou de " compléter " la Révélation définitive du Christ, mais d’aider à en vivre plus pleinement à une certaine époque de l’histoire. Guidé par le Magistère de l’Église, le sens des fidèles sait discerner et accueillir ce qui dans ces révélations constitue un appel authentique du Christ ou de ses saints à l’Église.

 

La foi chrétienne ne peut pas accepter des " révélations " qui prétendent dépasser ou corriger la Révélation dont le Christ est l’achèvement. (CEC 65-67).

 

Même si Dieu s’est exprimé à des moments précis de l’histoire sa parole demeure actuelle et agissante aujourd’hui dans notre quotidien. Son actualité provient de ce que ni la volonté divine ni la nature humaine ne changent en dépit de ce que la connaissance de l’homme ne cesse d’évoluer. Cette parole est également agissante non seulement parce que « créatrice » mais encore parce qu’elle permet de rencontrer Dieu et de se laisser graduellement, bien qu’imperceptiblement, transformer par elle jusqu’à pouvoir dire avec l’apôtre Paul : « Ce n'est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20).

 

Le pape Benoît XVI aborde au paragraphe 87 de son exhortation apostolique Verbum Domini le sujet de la lectio divinia, une méthode pour approcher avec fruit et dans la foi les Écritures Saintes :

 

La lectio divina est capable d’ouvrir au fidèle le trésor de la Parole de Dieu, et de provoquer ainsi la rencontre avec le Christ, Parole divine vivante.». Je voudrais rappeler brièvement ici ses étapes fondamentales: elle s’ouvre par la lecture (lectio) du texte qui provoque une question portant sur la connaissance authentique de son contenu: que dit en soi le texte biblique? Sans cette étape, le texte risquerait de devenir seulement un prétexte pour ne jamais sortir de nos pensées. S’en suit la méditation (meditatio) qui pose la question suivante: que nous dit le texte biblique? Ici, chacun personnellement, mais aussi en tant que réalité communautaire, doit se laisser toucher et remettre en question, car il ne s’agit pas de considérer des paroles prononcées dans le passé mais dans le présent. L’on arrive ainsi à la prière (oratio) qui suppose cette autre question: que disons-nous au Seigneur en réponse à sa Parole? La prière comme requête, intercession, action de grâce et louange, est la première manière par laquelle la Parole nous transforme. Enfin, la Lectio divina se termine par la contemplation (contemplatio), au cours de laquelle nous adoptons, comme don de Dieu, le même regard que lui pour juger la réalité, et nous nous demandons: quelle conversion de l’esprit, du cœur et de la vie le Seigneur nous demande-t-il? Saint Paul, dans la Lettre aux Romains affirme: «Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour savoir reconnaître quelle est la volonté de Dieu: ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait» (12, 2). La contemplation, en effet, tend à créer en nous une vision sapientielle de la réalité, conforme à Dieu, et à former en nous «la pensée du Christ» (1 Co 2, 16). La Parole de Dieu se présente ici comme un critère de discernement: «elle est vivante, (…) énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants; elle pénètre au plus profond de l’âme, jusqu’aux jointures et jusqu’aux moelles; elle juge des intentions et des pensées du cœur» (He 4, 12). Il est bon, ensuite, de rappeler que la Lectio divina ne s’achève pas dans sa dynamique tant qu’elle ne débouche pas dans l’action (actio), qui porte l’existence croyante à se faire don pour les autres dans la charité.

 

Ces étapes se trouvent synthétisées et résumées de manière sublime dans la figure de la Mère de Dieu, modèle pour tous les fidèles de l’accueil docile de la Parole divine. Elle «conservait avec soin toutes ces choses, en les méditant dans son cœur» (Lc 2, 19; cf. 2, 51), elle savait trouver le lien profond qui unit les événements, les faits et les réalités, apparemment disjoints, dans le grand dessein de Dieu.

 

Dieu se donne à l’homme dans sa parole. Quel accueil lui réservons-nous ? Et surtout, dans quelle mesure la laissons-nous imprégner nos actions pour que survienne le règne du Christ où Dieu sera tout en tous (1 Co 15, 28), la civilisation de l’amour ?

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