Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui
Voir la gloire du Christ ressuscité
Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il alla sur la montagne pour prier. Pendant qu'il priait, son visage apparut tout autre, ses vêtements devinrent d'une blancheur éclatante. Et deux hommes s'entretenaient avec lui : c'étaient Moïse et Élie, apparus dans la gloire. Ils parlaient de son départ qui allait se réaliser à Jérusalem. Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ; mais, se réveillant, ils virent la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés. Ces derniers s'en allaient, quand Pierre dit à Jésus : « Maître, il est heureux que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » Il ne savait pas ce qu'il disait. Pierre n'avait pas fini de parler, qu'une nuée survint et les couvrit de son ombre ; ils furent saisis de frayeur lorsqu'ils y pénétrèrent. Et, de la nuée, une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j'ai choisi, écoutez-le. » Quand la voix eut retenti, on ne vit plus que Jésus seul. Les disciples gardèrent le silence et, de ce qu'ils avaient vu, ils ne dirent rien à personne à ce moment-là.
Luc 9, 28-36
L'un des Douze, Thomas (dont le nom signifie : Jumeau), n'était pas avec eux quand Jésus était venu. Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : «Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l'endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! » Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d'eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! » Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d'être incrédule, sois croyant. » Thomas lui dit alors : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Jésus lui dit : « Parce que tu m'as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »
Jean 20, 24-29
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J’ai vu la gloire du Christ ressuscité en ce dimanche 27 octobre 2013. Je l’ai vue à l’église St Anastasia à Teaneck au New Jersey entre 8 :00 et 8 :15 heures alors que j’assistais à la messe dominicale. Je n’ai pas eu le privilège de la claire vision comme l’ont eu les apôtres Pierre, Jacques et Jean lors de la Transfiguration mais j’en ai eu l’expérience qui, à mon avis, s’en rapproche le plus par l’entremise du vitrail qui se situe derrière l’autel et avec le concours du soleil levant qui y projetait ses rayons. Le vitrail représente le Christ ressuscité, vêtu d’une tunique blanche. On peut y voir les marques des clous dans les mains et les pieds ainsi que le côté sanglant du Christ.
L’œuvre en elle-même n’a rien d’exceptionnel, telle l’humanité du Christ lorsqu’il a vécu parmi nous. Cependant, lorsque le soleil matinal y brille, ses vêtements deviennent d'une blancheur éclatante, tellement que lorsque l’on est assis directement en avant de l’autel et, par conséquent, du vitrail, on ne voit plus que ce dernier : l’intérieur de l’église paraît tout sombre, les personnes qui s’y trouvent ressemblent à des ombres, même les autres vitraux (deux à droite et deux à gauche de l’œuvre) paraissent sans éclat et foncés. Les marques des saintes plaies y sont d’un rouge éclatant particulièrement la marque dans le côté, plus grande que les autres. Ce spectacle saisissant a duré du début de la célébration jusqu’à l’homélie. Comme Pierre, j’aurais bien souhaité qu’il se prolonge : « Maître, il est heureux que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes ». Cependant, le moment où la manifestation a cessé, celui où le prêtre prend la parole à l’homélie, n’a pas été sans me rappeler l’épisode de la Transfiguration : Et, de la nuée, une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j'ai choisi, écoutez-le. » Ce fils bien-aimé du Père, dans le temps de l’Église qui suit le retour de l’Unique vers son Père, n’est-il pas justement le prêtre ?
Ceci m’amène à parler du document conciliaire Sacrosanctum Concilium dont je venais tout juste de compléter la lecture à l’occasion du cinquantième anniversaire de sa publication. On y lit notamment au numéro 122 :
Parmi les plus nobles activités de l'esprit humain, on compte à très bon droit les beaux-arts, mais surtout l'art religieux et ce qui en est le sommet, l'art sacré. Par nature, ils visent à exprimer de quelque façon dans les œuvres humaines la beauté infinie de Dieu, et ils se consacrent d'autant plus à accroître sa louange et sa gloire qu'ils n'ont pas d'autres propos que de contribuer le plus possible à tourner les âmes humaines vers Dieu.
L’art sacré a pour but d’élever l’âme vers Dieu. C’est exactement ce qu’a réussi l’auteur du vitrail de St Anastasia en ce beau dimanche matin ensoleillé. J’irais même jusqu’à dire qu’il n’y avait possiblement pas d’autre œuvre dans le monde, même celles des plus grands maîtres, qui communiquait mieux quelque chose de la gloire de Dieu en ce moment précis.
Ce qui est merveilleux de l’art sacré est qu’il rend accessible, tangible, pour le commun des mortels comme moi, quelque chose de l’incommunicable de Dieu et, ce, même si l’œuvre n’en demeurera toujours qu’un pâle reflet. D’ailleurs, les privilégiés qui ont pu jouir d’une vision céleste ont toujours déploré que les œuvres illustrant ce qu’il leur avait été permis de voir se situaient toujours largement en-deçà de la réalité. Il en va de même de ce vitrail dont j’ai joint l’image ci-haut.
Ce que j’ai contemplé en ce moment privilégié correspondait à ce que je m’imaginais de la Transfiguration et de la gloire du Christ ressuscité : une lumière éclatante mais non aveuglante, une lumière qui attire l’attention au point que tout le reste du créé autour s’efface. N’est-ce pas là l’objectif de la vie chrétienne : mettre le focus sur le Christ et se détacher du reste du créé ? Et les marques de ces plaies qui brillaient d’un rouge vif, ne sont-elles pas le chemin qui nous est donné pour accéder au Christ et à la vie éternelle comme a pu en faire l’expérience l’apôtre Thomas après la résurrection ? « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d'être incrédule, sois croyant. »
Si l’art sacré communique quelque chose de Dieu, il présuppose de la part de celui qui l’observe une certaine connaissance des choses spirituelles, s’il est pour porter tout son fruit. Ainsi, celui qui ne connaît pas Dieu n’aurait peut-être vu, s’il lui avait été donné d’être à ma place, qu’une vulgaire image projetant un surplus de lumière. Les dispositions intérieures comptent également. Peut-être la dame qui était à quelque pas de moi a contemplé la même chose que moi, peut-être, aussi, a-t-elle été dérangée par ce surplus de lumière qui l’empêchait de suivre la messe comme elle en a peut-être l’habitude dans son missel ?
Voilà ! Je vous souhaite, qu’à vous également, l’art sacré communique quelque chose de Dieu et de sa gloire, surtout que cela n’est pas réservé à quelques privilégiés mais est accessible à tous.