Il y a toujours plus à faire

La vie spirituelle est un itinéraire vers la perfection de l’amour, itinéraire sans point d’arrivée où l’on puisse se reposer puisqu’il n'y a qu'un seul être qui soit bon, l’Amour en personne, Dieu. Ce qui compte lors de ce trajet, ce n’est pas ce que nous accomplissons, nos œuvres, mais que nous apprenions à aimer en vérité, que nous progressions vers le don total et gratuit de nous-mêmes à la suite de notre Seigneur Jésus Christ, qui pour nous s'est fait pauvre, de riche qu'il était, afin de nous enrichir par sa pauvreté (2 Co 8, 9), allant jusqu’à donner sa vie sur  la croix pour le rachat de nos fautes.

« Tout cela, je l'ai observé : que me manque-t-il encore ? » Le jeune homme espère sans doute se faire donner une tape dans le dos et se faire dire qu’il est arrivé à destination, que la vie éternelle est à portée de main. Mais voilà que Jésus lui demande de se départir de ce à quoi il est le plus attaché en ce monde : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi. » Cela le contrarie car, nous informe Matthieu, il s’agit d’un riche, il avait de grands biens, ces riches dont Jésus a dit : « Il est plus facile à un chameau de passer par le trou de l'aiguille qu'à un riche d'entrer dans le Royaume de Dieu! » (Mc 10, 25). On voit ici tout le drame des riches : « arrivés » dans la vie mondaine, occupant une situation enviable, pouvant jouir du fruit de leurs efforts, ils espèrent pouvoir faire de même au plan spirituel. Or, il s’agit d’une route sans fin et, au final, quoi que nous ayons pu accomplir en cette vie, nous aurons besoin de la miséricorde divine pour pouvoir aspirer à la vie éternelle. Si nous nous croyons « arrivés » alors que nous cheminons, nous compromettons nos chances de parvenir au terme de notre quête de Dieu.

Certains diront : « cela ne me concerne pas, je ne suis pas riche ». Parfois, il ne suffit pas de beaucoup, un régime de retraite permettant de jouir de la vie pour le reste de ses jours sans contribuer au bien commun peut nous qualifier comme riche « arrivé ». À chacun qui est dans cet état de voir comment il entend utiliser la liberté que lui procure la sécurité financière…