Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui
15 Août 2014 Parole du jour
Nous avons tous besoin d’être « miséricordiés »
Frères, je vous le dis à vous, qui étiez païens : dans la mesure même où je suis apôtre des païens, ce serait la gloire de mon ministère de rendre un jour jaloux mes frères de race, et d'en sauver quelques-uns. Si en effet le monde a été réconcilié avec Dieu quand ils ont été mis à l'écart, qu'arrivera-t-il quand ils seront réintégrés ? Ce sera la vie pour ceux qui étaient morts ! Les dons de Dieu et son appel sont irrévocables. Jadis, en effet, vous avez désobéi à Dieu, et maintenant, à cause de la désobéissance des fils d'Israël, vous avez obtenu miséricorde ; de même eux aussi, maintenant ils ont désobéi à cause de la miséricorde que vous avez obtenue, mais c'est pour que maintenant, eux aussi, ils obtiennent miséricorde. Dieu, en effet, a enfermé tous les hommes dans la désobéissance pour faire miséricorde à tous les hommes.
Lettre de Paul aux Romains 11,13-15.29-32.
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Dieu, a enfermé tous les hommes dans la désobéissance pour faire miséricorde à tous les hommes.
Se savoir bénéficiaires de la miséricorde de Dieu, mieux encore, expérimenter cette miséricorde, voilà la plus grande découverte de la vie spirituelle, le constat fondamental qui influence tout le reste. Qui pense un tant soit peu « mériter » accéder au Royaume des cieux en raison des ses œuvre, celui-là s’en discrédite à l’instar du pharisien de la parabole : « Ô Dieu, je te rends grâce de ce que je ne suis pas comme les autres hommes, qui sont voleurs, malfaisants, adultères, ou encore comme ce collecteur d'impôts… » (Lc 18, 11). Par contre, qui se reconnaît pécheur à la suite du publicain de cette même parabole, « Ô Dieu, prends pitié du pécheur que je suis. » (18, 13) se voit confirmer par le Christ être sur la voie du salut: « Je vous le déclare: celui-ci redescendit chez lui justifié, et non l'autre, car tout homme qui s'élève sera abaissé, mais celui qui s'abaisse sera élevé » (18, 14). C’est d’ailleurs le soupçon d’orgueil qui porte les « riches », habitués qu’ils sont à se payer tout ce qu’ils peuvent désirer en ce monde, à penser faire de même en l’autre et à « acheter » leur salut par leurs œuvres qui rend si difficile pour eux la voie qui mène au Royaume éternel : « Il est plus facile à un chameau de passer par le trou de l'aiguille qu'à un riche d'entrer dans le Royaume de Dieu! » (Mc 10, 25).
Qui n’a pas fait l’expérience de la miséricorde, ignore ce qu’est, qui est, l’Amour. C’est ce que Jésus tente d’expliquer à Simon le pharisien :
Le Pharisien qui l'avait convié se dit en lui-même: "Si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche, et ce qu'elle est: une pécheresse!" Mais, prenant la parole, Jésus lui dit: "Simon, j'ai quelque chose à te dire" -- "Parle, maître", répond-il. -- "Un créancier avait deux débiteurs; l'un devait 500 deniers, l'autre 50. Comme ils n'avaient pas de quoi rembourser, il fit grâce à tous deux. Lequel des deux l'en aimera le plus?" Simon répondit: "Celui-là, je pense, auquel il a fait grâce de plus." Il lui dit: "Tu as bien jugé." Et, se tournant vers la femme: "Tu vois cette femme? Dit-il à Simon. Je suis entré dans ta maison, et tu ne m'as pas versé d'eau sur les pieds; elle, au contraire, m'a arrosé les pieds de ses larmes et les a essuyés avec ses cheveux. Tu ne m'as pas donné de baiser; elle, au contraire, depuis que je suis entré, n'a cessé de me couvrir les pieds de baisers. Tu n'as pas répandu d'huile sur ma tête; elle, au contraire, a répandu du parfum sur mes pieds. À cause de cela, je te le dis, ses péchés, ses nombreux péchés, lui sont remis parce qu'elle a montré beaucoup d'amour. Mais celui à qui on remet peu montre peu d'amour." Puis il dit à la femme: "Tes péchés sont remis." (Lc 7, 39-48).
Afin de pouvoir aimer en vérité, par le don total et gratuit de nous-mêmes, il nous faut préalablement nous sentir nous-mêmes aimés de cette manière par Celui qui nous a aimés le premier (1 Jn 4, 19) Lui qui a envoyé son Fils en victime de propitiation pour nos péchés (1 Jn 4, 10) alors que nous étions encore pécheurs (Rm 5, 8). LA façon d’expérimenter l’amour de Dieu pour nous c’est d’accueillir le don gratuit de sa Miséricorde. Qui se refuse à cette expérience ne connaît pas Dieu et ne peut Le connaître.
L’apôtre Paul a réalisé avoir besoin d’être « miséricordié » sur le chemin de Damas lorsqu’il est tombé du piédestal de la richesse de la Tradition et de l’Alliance dont il avait hérité de ses ancêtres pour découvrir qu’il avait erré en pensant servir ce Dieu qu’il méconnaissait, ne respirant toujours que menaces et carnage à l'égard des disciples du Seigneur (Ac 9, 1), le persécutant (Ac 9,4) même car « dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait » (Ac 25, 40), miséricorde dont il a fait l’expérience quelques jours plus tard par l’entremise d’Ananie. C’est cette expérience de la miséricorde divine qui a fait de lui ce qu’il est devenu. Sans cet événement il n’aurait jamais connu l’Amour et encore moins lui composer un hymne (1 Co 13). De celui qui s’imposait à l’encontre de l’enseignement de Jésus, « Vous le savez, les chefs des nations les tiennent sous leur pouvoir et les grands sous leur domination. Il ne doit pas en être ainsi parmi vous » (Mt 20, 25-26), il s’est dorénavant fait tout à tous, afin d'en sauver à tout prix quelques-uns (1 Co 9, 22). Quel revirement de situation ! Une conversion au sens fort du terme. Cette expérience de la miséricorde fait partie de l’essentiel processus de renaissance dont Jésus parle à Nicodème : «Amen, amen, je te le dis : personne, à moins de renaître, ne peut voir le règne de Dieu » (Jn 3, 3).