Tous appelés, ici et maintenant

L’apôtre Paul décrit bien ce qu’est l’appel de Dieu : Frères, si j'annonce l'Évangile, je n'ai pas à en tirer orgueil, c'est une nécessité qui s'impose à moi. Pour Paul, cet appel est d’annoncer l’Évangile. Pour d’autres, ce sera de s’investir dans des œuvres caritatives comme mère Teresa qui a dédié son existence à apporter un peu de réconfort aux plus démunis en fin de vie. Pour d’autres encore, ce sera d’être de bons parents, de bons employeurs… pour certains même de vivre de charité pour assurer leur survie ! Ainsi, celui qui est dans le besoin a-t-il le devoir d’accepter la charité des mieux nantis afin de permettre à ces derniers d’aspirer au salut car à travers sa misère, c’est Dieu qui interpelle à l’amour et au partage : « dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait » (Mt 25, 40). L’appel de Dieu ne se limite pas à des fonctions mais s’étend aussi aux états de vie : laïcs / personnes consacrées, célibat / mariage…

Peu importe où nous sommes, nous pouvons être assurés que nous ne sommes pas là par hasard et qu’il y a en cet endroit et en ce moment quelque chose que Dieu attend de nous, quelque chose qui manifestera un reflet de sa sainteté, de son infinie Bonté ou Sagesse. Si nous ne voyons pas comment nous pouvons participer au plan de salut de Dieu là où nous sommes, c’est possiblement que s'accomplit pour nous la prophétie d'Isaïe : Vous aurez beau écouter, vous ne comprendrez pas. Vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas. Le cœur de ce peuple s'est alourdi : ils sont devenus durs d'oreille, ils se sont bouché les yeux, pour que leurs yeux ne voient pas, que leurs oreilles n'entendent pas, que leur cœur ne comprenne pas, et qu'ils ne se convertissent pas. Sinon, je les aurais guéris ! (Mt 13, 14-15). Demandons donc à Dieu d’ouvrir nos yeux, nos oreilles et notre cœur ici et maintenant. Alors que je préparais à manger hier soir j’écoutais distraitement une télésérie. Une séquence a particulièrement retenu mon attention. On y voit une gardienne de prison en pleurs confier à un collègue : « Je ne suis pas à ma place ici. On ne fait que punir et humilier alors que je voudrais aider » et le collègue de répondre avec une grande sagesse : « Si tu veux aider, tu es à la bonne place ici. C’est plein de gens ici qui ont besoin d’aide… » Ainsi en est-il de nos vies : c’est plein de personnes autour de nous qui ont besoin de notre aide matérielle, psychologique ou encore spirituelle.

D’où vient-il qu’il est si difficile de percevoir l’appel de Dieu sur nous ? C’est l’Ennemi qui a fait cela (Mt 13, 28). Son but est de contrecarrer le plan de Dieu. Aussi s’emploie-t-il à nous faire désirer autre chose que notre situation actuelle nous suggérant faussement que nous pourrons y servir mieux le plan de Dieu. Ainsi les laïcs en viennent-ils à envier le sort des personnes consacrées et vice versa, en venons-nous à croire que nous serons plus utiles dans des fonctions ou des endroits autres que ceux où nous retrouvons actuellement. Qu’il était sage ce conseil d’une personne près de Dieu à un riche homme d’affaires qui était allé la consulter sur la meilleure manière d’utiliser le produit éventuel de la vente de ses biens pour soulager la misère des plus démunis : « Ouvrez plutôt de nouvelles usines et combattez ainsi le fléau du chômage qui affecte si durement cette région ». Si Dieu demande à certains de quitter tous leurs biens, à d’autres il demande d’en être les fiduciaires pour le bien du plus grand nombre. Il n’y a pas de réponse universelle car l’appel est personnalisé en fonction des talents et de la situation unique de chacun.

La manière de répondre est cependant la même pour tous, avec sensibilité et générosité : Oui, libre à l'égard de tous, je me suis fait le serviteur de tous afin d'en gagner le plus grand nombre possible. J'ai partagé la faiblesse des plus faibles pour gagner aussi les faibles. Je me suis fait tout à tous pour en sauver à tout prix quelques-uns. Par-dessus tout nous devons nous rappeler que notre part ne consiste qu’à choisir et mettre en œuvre les moyens que nous jugeons les plus appropriés pour répondre à l’appel. Dieu fournit la semence et assure la croissance. Notre contribution se limite donc à travailler la terre et à y enfouir les grains. Aussi n’avons-nous pas à en tirer orgueil.