Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui
21 Janvier 2017 Défi éthique de la gouvernance
Balancer besoins individuels et bien commun : un cas vécu
Alors que j’étais gestionnaire, un de mes employés les plus performants a été impliqué dans des procédures de divorce. Inutile de dire que sa performance à l’ouvrage a décliné graduellement au point de se situer en-dessous des exigences normales de la tâche. Il tenait cependant à demeurer en poste. Son moral étant au plus bas, il avait évoqué dans une conversation privée songer ou avoir songé au suicide. Était-ce une forme de chantage pour me forcer à le garder en poste ? Je ne saurais le dire mais la possibilité m’apparaissait bien réelle. Fort heureusement, j’avais lu un article du Harvard Business Review de la fin des années 80 début des années 90 (que je n’ai pas pu retracer malgré des recherches à cet effet) qui traitait d’une situation similaire où un gestionnaire devait composer avec la présence d’un employé aux prises avec un maladie grave qui ne voulait pas quitter son emploi en dépit que sa prestation de travail nuisait à la performance de l’équipe. L’auteur disait que le gestionnaire devait tracer une ligne, établir des limites au-delà desquelles il se devait d’agir et exclure l’employé de l’équipe. Pour moi, cette ligne a été franchie quand des collègues de travail m’ont fait part qu’ils arrivaient au bout du rouleau et que leur santé risquait de flancher car ils considéraient au-delà de leurs forces de continuer à compenser pour le travail que l’employé en difficulté n’était plus en mesure de fournir. Confronté à un mal immédiat, prévisible, l’impact sur la santé des collègues de travail et à un autre mal qui n’était qu’un possibilité, celui d’un suicide éventuel, j’ai décidé d’agir et j’ai rencontrer l’employé pour lui faire part que nous ne pouvions plus le supporter et qu’il lui fallait se tourner vers des ressources spécialisées pour l’aider et prendre un congé de maladie, le temps de remettre de l’ordre dans sa vie. Ai-je bien dormi ? Pas les premiers jours, peut-être même les premières semaines, mais j’avais quand même la certitude d’avoir fait ce qu’il fallait, d’avoir agi en conformité avec mes valeurs chrétiennes et d’avoir montré de la compassion envers une personne dans le besoin en la maintenant au travail tant que cela s’était révélé possible et en lui fournissant tout le support possible lorsque je l’ai forcée à quitter temporairement ses fonction. Fort heureusement, la personne en question n’est jamais passée de la parole aux actes et elle est revenue quelques mois plus tard en pleine possession de ses moyens.