Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui
7 Septembre 2017 Vatican II - Pourquoi ?
La vision de Jean XXIII du contexte historique de Vatican II
Le pape a communiqué sa vision du contexte historique dans le discours du 14 novembre 1960 par lequel il inaugurait les commissions préparatoires et dans la bulle d’indiction du concile, Humanae salutis du 25 décembre 1961. Joseph A. Komonchak a résumé et analysé la pensée du pape en ces deux occasions dans le troisième chapitre du tome I de l’histoire du concile Vatican II de Alberigo dont voici des extraits :
Dans ces textes le pape Jean présentait la signification du concile en son moment historique. Il suivait ainsi l'instinct de l'historien, qui ne peut comprendre le sens des conciles précédents s'il n'étudie, outre les circonstances de leur réunion, les difficultés, souvent plus grandes que celles d'aujourd'hui, qu'ils durent affronter. Une telle étude appelait à analyser les difficultés et les chances de l'Église dans le monde où le concile Vatican II devait se tenir. Pour le pape, le monde moderne avait subi et subissait encore des changements d'une telle ampleur qu'on pouvait le considérer comme au seuil d'une ère nouvelle. Ces transformations apportaient avec elles de grands avantages technologiques et de grands périls, en particulier la menace de perdre tout sens du spirituel, car le progrès moral de l'homme n'avait pas avancé au rythme de son progrès matériel, souvent recherché dans une indépendance délibérée vis-à-vis de Dieu.
Le pape se révèle très conscient des avantages et des inconvénients de la modernité… Mais là où il diffère sensiblement de beaucoup de ses prédécesseurs, c'est dans l'esprit de foi et de confiance qu'il manifeste face à cette perspective. Il met constamment en garde contre une exagération des maux, comme si le Christ et son Esprit avaient abandonné le monde. Cette confiance a été souvent méprisée par ceux qui y voyaient un optimisme présumé inné (et naïf!). Mais il est clair que les racines de l'attitude du pape se situent dans sa foi au Christ et en son Esprit, et que cette foi fonde le besoin d'une Église «qui perçoive le rythme du temps » et puisse discerner les « signes des temps».
Le pape fondait ces raisons d'espérer sur l'expérience que le monde avait faite des maux immenses de ce siècle et sur sa conscience des menaces contemporaines, qui avait conduit tant d'hommes à devenir plus réfléchis, plus ouverts aux valeurs spirituelles, plus désireux de travailler à l'intégration des individus, des classes et des nations. Tout cela avait rendu le monde plus ouvert aux enseignements de l'Église.
L'Église, de son côté, se montrait prête à répondre aux défis auxquels elle faisait face… Telles étaient les raisons qui avaient conduit le pape à convoquer le concile : « Devant ce double spectacle, d'une part un monde souffrant d'une grande indigence spirituelle, d'autre part l'Église du Christ resplendissante de vitalité, dès le début de Notre pontificat (...) Nous avons pensé que c'était un grave devoir de Notre charge d'appeler tous Nos fils à unir leurs efforts pour que l'Église se montre de plus en plus apte à résoudre les problèmes des hommes de notre époque».[1]
Dans son introduction de Humanae Salutis, le pape Jean rappelle deux paroles du Christ sur lesquelles il fonde sont espérance et celle du monde : « Voici que je suis avec vous tous les jours Jusqu'à la fin du monde »[2] et « Ayez confiance, j’ai vaincu le monde »[3]. Ces paroles ne sont pas sans rappeler l’injonction du pape Jean-Paul II qui venait d’être élu, le 22 octobre 1978, place Saint-Pierre : « N’ayez pas peur »[4]. L’un comme l’autre a eu une influence considérable sur l’Église et sur le monde, comme quoi foi et espérance peuvent déplacer les montagnes !