Prédestination

Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ ! Il nous a bénis et comblés des bénédictions de l’Esprit, au ciel, dans le Christ. Il nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour. Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le Christ. Ainsi l’a voulu sa bonté, à la louange de gloire de sa grâce, la grâce qu’il nous donne dans le Fils bien-aimé. En lui, par son sang, nous avons la rédemption, le pardon de nos fautes. C’est la richesse de la grâce que Dieu a fait déborder jusqu’à nous en toute sagesse et intelligence. Il nous dévoile ainsi le mystère de sa volonté, selon que sa bonté l’avait prévu dans le Christ : pour mener les temps à leur plénitude, récapituler toutes choses dans le Christ, celles du ciel et celles de la terre. En lui, nous sommes devenus le domaine particulier de Dieu, nous y avons été prédestinés selon le projet de celui qui réalise tout ce qu’il a décidé : il a voulu que nous vivions à la louange de sa gloire, nous qui avons d’avance espéré dans le Christ. En lui, vous aussi, après avoir écouté la parole de vérité, l’Évangile de votre salut, et après y avoir cru, vous avez reçu la marque de l’Esprit Saint. Et l’Esprit promis par Dieu est une première avance sur notre héritage, en vue de la rédemption que nous obtiendrons, à la louange de sa gloire.

Lettre de Paul Apôtre aux Éphésiens 1,3-14

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

Le dictionnaire critique de théologie explique en ces termes la prédestination :

L’ensemble des témoignages de la Bible sur Israël est le suivant : ce peuple n’existe et ne peut exister dans l’histoire qu’en raison d’une élection, c’est-à-dire un libre choix de Dieu (Ex 3, 7-10). Ce choix est indépendant de tout mérite (Dt 26, 5-10), il est irrévocable (És 41, 14-16), le péché en confirme la gratuité (Os 2, 16-20 ; 11, 8-10), et la certitude de cette étonnante élection pénètre et apaise le cœur de tout fidèle (Ps 16, 8-11). Cette élection, ainsi comprise, suppose toujours la liberté de l’homme, qui doit la ratifier (Dt 30, 15-20) et y répondre par une conversion permanente (Jr 4, 1 ; 15, 19), qui s’ouvre à son tour sur la promesse d’une nouvelle alliance (Éz 36, 23-33).

Dans l’un et l’autre Testament, l’entière et irremplaçable prévenance de Dieu est toujours affirmée en même temps que la totale responsabilité des hommes ; jamais la synthèse des deux n’est présentée ou ne pourrait être considérée comme une sorte de compromis. L’initiative de Dieu et la libre réponse des hommes vont toujours de pair ; aucun de ces deux termes ne peut être sacrifié à l’autre, car ils ne sont pas du même ordre, tout en demeurant rigoureusement inséparables. (Dictionnaire critique de théologie, Jean-Yves Lacoste, PUF, Paris, 2019, p. 1113)

L’ambiguïté sur la prédestination vient de ce que nous confondons l’invitation de Dieu qui appelle largement, universellement, avec l’accès effectif au salut qui est conditionné par la réponse individuelle de chaque homme et qui, de ce fait, se trouve malheureusement restreint. Jésus a été très clair dans les Évangiles à l’effet que l’appartenance à un groupe particulier, que ce soit celui des membres de sa famille ou de ses disciples, ne confère pas de privilège pour entrer dans le Royaume, mais bien plutôt la réponse que nous donnons à l’appel du Père céleste d’aimer comme Lui aime : « Voici ma mère et mes frères; quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, c'est lui mon frère, ma sœur, ma mère. » (Mt 12, 49-50) Revendiquer l’accès au salut pour un groupe restreint ayant reçu un appel particulier de ce Père qui aime sans discrimination tous ses enfants est contraire à l’esprit des Évangiles. Cela n’enlève rien aux prérogatives de ce Père d’appeler chacun de nous à jouer un rôle spécifique, unique, dans son plan d’amour pour l’humanité. La parabole de l’homme qui invite à un dîner se veut particulièrement éloquente en ce qui a trait à la prédestination, l’appel spécifique de Dieu, et l’accès au salut conditionné par la réponse de l’homme à cet appel :

Il lui dit: "Un homme faisait un grand dîner, auquel il invite beaucoup de monde. À l'heure du dîner, il envoya son serviteur dire aux invités: Venez; maintenant tout est prêt. Et tous, comme de concert, se mirent à s'excuser. Le premier lui dit: J'ai acheté un champ et il me faut aller le voir; je t'en prie, tiens-moi pour excusé. Un autre dit: J'ai acheté cinq paires de bœufs et je pars les essayer; je t'en prie, tiens-moi pour excusé. Un autre dit: Je viens de me marier, et c'est pourquoi je ne puis venir. "À son retour, le serviteur rapporta cela à son maître. Alors, pris de colère, le maître de maison dit à son serviteur: Va-t-en vite par les places et les rues de la ville, et introduis ici les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux. -- Maître, dit le serviteur, tes ordres sont exécutés, et il y a encore de la place. Et le maître dit au serviteur: Va-t-en par les chemins et le long des clôtures, et fais entrer les gens de force, afin que ma maison se remplisse. Car, je vous le dis, aucun de ces hommes qui avaient été invités ne goûtera de mon dîner." (Lc 14, 16-24)

Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? (Lc 10, 25)

Je cherche ma voie, le rôle que mon Père céleste a prévu pour moi dans son plan d’amour, et je m'efforce de m’en acquitter avec tout mon amour. Je compte sur l’Esprit Saint, tant pour me révéler la Volonté de mon Père sur moi que pour me donner les moyens, les grâces requises, pour y parvenir.