Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui
5 Octobre 2021 Parole du jour
Quand il vit que Dieu pardonnait aux habitants de Ninive, Jonas trouva la chose très mauvaise et se mit en colère. Il fit cette prière au Seigneur : « Ah ! Seigneur, je l’avais bien dit lorsque j’étais encore dans mon pays ! C’est pour cela que je m’étais d’abord enfui à Tarsis. Je savais bien que tu es un Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment. Eh bien, Seigneur, prends ma vie ; mieux vaut pour moi mourir que vivre. » Le Seigneur lui dit : « As-tu vraiment raison de te mettre en colère ? » Jonas sortit de Ninive et s’assit à l’est de la ville. Là, il fit une hutte et s’assit dessous, à l’ombre, pour voir ce qui allait arriver dans la ville. Le Seigneur Dieu donna l’ordre à un arbuste, un ricin, de pousser au-dessus de Jonas pour donner de l’ombre à sa tête et le délivrer ainsi de sa mauvaise humeur. Jonas se réjouit d’une grande joie à cause du ricin. Mais le lendemain, à l’aube, Dieu donna l’ordre à un ver de piquer le ricin, et celui-ci se dessécha. Au lever du soleil, Dieu donna l’ordre au vent d’est de brûler ; Jonas fut frappé d’insolation. Se sentant défaillir, il demanda la mort et ajouta : « Mieux vaut pour moi mourir que vivre. » Dieu dit à Jonas : « As-tu vraiment raison de te mettre en colère au sujet de ce ricin ? » Il répondit : « Oui, j’ai bien raison de me mettre en colère jusqu’à souhaiter la mort. » Le Seigneur répliqua : « Toi, tu as pitié de ce ricin, qui ne t’a coûté aucun travail et que tu n’as pas fait grandir, qui a poussé en une nuit, et en une nuit a disparu. Et moi, comment n’aurais-je pas pitié de Ninive, la grande ville, où, sans compter une foule d’animaux, il y a plus de cent vingt mille êtres humains qui ne distinguent pas encore leur droite de leur gauche ? » Livre de Jonas 4,1-11. Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris |
Jonas se met en colère parce que son orgueil a été blessé d’avoir annoncé un châtiment qui ne s’est pas matérialisé parce que les habitants de Ninive ont amendé leur conduite afin de s’éviter la catastrophe qui pesait sur eux. Le Seigneur questionne Jonas : « As-tu vraiment raison de te mettre en colère ? » Qu’est ce qui importe le plus : le salut du plus grand nombre ou passer pour un prophète de malheur, d’un malheur dont la réalisation est reportée sine die ? Jonas regarde la situation avec ses yeux d’homme, d’homme dont l’amour-propre est blessé, plutôt qu’avec ses yeux d’homme de Dieu, de ce Dieu qui a déclaré par la bouche d’Ézéchiel : « Prendrais-je donc plaisir à la mort du méchant -- oracle du Seigneur Yahvé -- et non pas plutôt à le voir renoncer à sa conduite et vivre? » (Éz 18, 23)
Ce récit trouve écho dans les temps que nous vivons. Notre conduite, notre égoïsme exacerbé qui nous pousse à consommer de manière déconsidérée, nous conduit à une catastrophe annoncée, celle de la dégradation irréversible de la maison commune comme se plaît à appeler la terre le pape François, peine somme toute légère eu égard aux maux auxquels nous expose notre manque d’amour pour l’éternité. Saurons-nous amender notre conduite à l’instar des habitants de Ninive ? D’autre part, on peut aussi voir dans le désir de Jonas, « Seigneur, prends ma vie ; mieux vaut pour moi mourir que vivre », une évocation de l’euthanasie, encore que Jonas, lui, respecte la seigneurie de Dieu sur la vie. Qu’est-ce qui est à la base de ce phénomène, si ce n’est l’orgueil, l’orgueil de vouloir contrôler son destin plutôt que de le laisser entre les mains de Dieu, si ce n’est la colère, la colère de voir le contrôle de notre corps nous échapper ? À ceux qui considèrent une telle alternative, Dieu demande aussi : « As-tu vraiment raison de te mettre en colère ? »
Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? (Lc 10, 25)
Je mets mon amour-propre de côté pour la gloire de Dieu et le salut du plus grand nombre. Je renonce à tout vouloir contrôler et je remets ma vie entre les mains de Dieu pour qu’Il en fasse comme bon Lui semble, ce bon Lui semble passant inévitablement par l’accès au salut du plus grand nombre.