Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui
15 Novembre 2021 Parole du jour
En ces jours-là, Éléazar était l’un des scribes les plus éminents. C’était un homme très âgé, et de très belle allure. On voulut l’obliger à manger du porc en lui ouvrant la bouche de force. Préférant avoir une mort prestigieuse plutôt qu’une vie abjecte, il marchait de son plein gré vers l’instrument du supplice, après avoir recraché cette viande, comme on doit le faire quand on a le courage de rejeter ce qu’il n’est pas permis de manger, même par amour de la vie. Ceux qui étaient chargés de ce repas sacrilège le connaissaient de longue date. Ils le prirent à part et lui conseillèrent de faire apporter des viandes dont l’usage était permis, et qu’il aurait préparées lui-même. Il n’aurait qu’à faire semblant de manger les chairs de la victime pour obéir au roi ; en agissant ainsi, il échapperait à la mort et serait traité avec humanité grâce à la vieille amitié qu’il avait pour eux. Mais il fit un beau raisonnement, bien digne de son âge, du rang que lui donnait sa vieillesse, du respect que lui valaient ses cheveux blancs, de sa conduite irréprochable depuis l’enfance, et surtout digne de la législation sainte établie par Dieu. Il s’exprima en conséquence, demandant qu’on l’envoyât sans tarder au séjour des morts : « Une telle comédie est indigne de mon âge. Car beaucoup de jeunes gens croiraient qu’Éléazar, à quatre-vingt-dix ans, adopte la manière de vivre des étrangers. À cause de cette comédie, par ma faute, ils se laisseraient égarer eux aussi ; et moi, pour un misérable reste de vie, j’attirerais sur ma vieillesse la honte et le déshonneur. Même si j’évite, pour le moment, le châtiment qui vient des hommes, je n’échapperai pas, vivant ou mort, aux mains du Tout-Puissant. C’est pourquoi, en quittant aujourd’hui la vie avec courage, je me montrerai digne de ma vieillesse et, en choisissant de mourir avec détermination et noblesse pour nos vénérables et saintes lois, j’aurai laissé aux jeunes gens le noble exemple d’une belle mort. » Sur ces mots, il alla tout droit au supplice. Pour ceux qui le conduisaient, ces propos étaient de la folie ; c’est pourquoi ils passèrent subitement de la bienveillance à l’hostilité. Quant à lui, au moment de mourir sous les coups, il dit en gémissant : « Le Seigneur, dans sa science sainte, le voit bien : alors que je pouvais échapper à la mort, j’endure sous le fouet des douleurs qui font souffrir mon corps ; mais dans mon âme je les supporte avec joie, parce que je crains Dieu. » Telle fut la mort de cet homme. Il laissa ainsi, non seulement à la jeunesse mais à l’ensemble de son peuple, un exemple de noblesse et un mémorial de vertu. Deuxième livre des Maccabées 6,18-31. En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Il est inévitable que surviennent des scandales, des occasions de chute ; mais malheureux celui par qui cela arrive ! Il vaut mieux qu’on lui attache au cou une meule en pierre et qu’on le précipite à la mer, plutôt qu’il ne soit une occasion de chute pour un seul des petits que voilà. Prenez garde à vous-mêmes ! Luc 17, 1-3 Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris |
S’efforcer d’être un bon exemple pour les autres constitue un geste d’amour envers eux et envers Dieu. Nous pouvons attrister notre Père céleste par une conduite mauvaise, mais plus grande encore est sa peine quand nous entraînons d’autres de ses enfants à faire de même par notre mauvais exemple. Une chose est-ce de pécher, autre chose est-ce d’être occasion de chute par notre exemple mauvais. Admirons Éléazar du livre des Maccabées, qui a préféré affronter la mort plutôt que de donner l’impression d’avoir eu une conduite indigne.
Attention toutefois ! Il ne s’agit pas ici de donner une image d’hommes justes de nous alors que nous sommes pécheurs, ce qu’a, par ailleurs, condamné Jésus : « Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, qui ressemblez à des sépulcres blanchis: au-dehors ils ont belle apparence, mais au-dedans ils sont pleins d'ossements de morts et de toute pourriture; vous de même, au-dehors vous offrez aux yeux des hommes l'apparence de justes, mais au-dedans vous êtes pleins d'hypocrisie et d'iniquité. » (Mt 23, 27-28). Ce dont il est ici question et qui constitue un geste d’amour, c’est d’éviter d’être pour les autres une cause de chute par nos paroles et par nos actes et non pas cultiver une meilleure image de nous que ce que nous sommes vraiment.
Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? (Lc 10, 25)
Par amour de Dieu et du prochain, je m’efforce d’éviter d’être une occasion de chute pour les autres par mes paroles ou par l’exemple de mes actes, d’éviter qu’en me voyant et en m’entendant, ils se croient autorisés à mal agir par effet d’entraînement : « tout le monde le fait, fait le donc ! »