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Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui

La maîtrise du corps commence par celle de la langue

Mes frères, ne soyez pas nombreux à devenir des maîtres : comme vous le savez, nous qui enseignons, nous serons jugés plus sévèrement. Tous, en effet, nous commettons des écarts, et souvent. Si quelqu’un ne commet pas d’écart quand il parle, c’est un homme parfait, capable de maîtriser son corps tout entier. En mettant un frein dans la bouche des chevaux pour qu’ils nous obéissent, nous dirigeons leur corps tout entier. Voyez aussi les navires : quelles que soient leur taille et la force des vents qui les poussent, ils sont dirigés par un tout petit gouvernail au gré de l’impulsion donnée par le pilote. De même, notre langue est une petite partie de notre corps et elle peut se vanter de faire de grandes choses. Voyez encore : un tout petit feu peut embraser une très grande forêt. La langue aussi est un feu ; monde d’injustice, cette langue tient sa place parmi nos membres ; c’est elle qui contamine le corps tout entier, elle enflamme le cours de notre existence, étant elle-même enflammée par la géhenne. Toute espèce de bêtes sauvages et d’oiseaux, de reptiles et d’animaux marins peut être domptée et, de fait, toutes furent domptées par l’espèce humaine ; mais la langue, personne ne peut la dompter : elle est un fléau, toujours en mouvement, remplie d’un venin mortel. Elle nous sert à bénir le Seigneur notre Père, elle nous sert aussi à maudire les hommes, qui sont créés à l’image de Dieu. De la même bouche sortent bénédiction et malédiction. Mes frères, il ne faut pas qu’il en soit ainsi.

Lettre de Jacques 3, 1-10

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

Quand Jacques insiste sur la nécessité de maîtriser notre langue, il se situe en communauté de pensée avec son maître, le Christ :

« Ce n'est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l'homme; mais ce qui sort de sa bouche, voilà ce qui souille l'homme. » (Mt 15, 11) « Ce qui sort de la bouche procède du cœur, et c'est cela qui souille l'homme. Du cœur en effet procèdent mauvais desseins, meurtres, adultères, débauches, vols, faux témoignages, diffamations. Voilà les choses qui souillent l'homme. » (Mt 15, 18-20)

Les paroles peuvent blesser plus profondément et durablement que les actes, car elles touchent à ce que la personne a de plus intime. Elles peuvent tuer même, entacher indéfiniment la réputation et même pousser les plus faibles à mettre prématurément fin à leurs jours.

Voulons-nous savoir où nous en sommes dans notre relation avec Dieu ? Examinons nos paroles ! Nos paroles indiquent dans quelle direction pointe le gouvernail de notre cœur. Voyez aussi les navires : quelles que soient leur taille et la force des vents qui les poussent, ils sont dirigés par un tout petit gouvernail au gré de l’impulsion donnée par le pilote. De même, notre langue. Si notre bouche échappe des paroles contraires à la charité, notre cœur n’est pas encore tourné tout entier vers le Dieu qui est Amour.

Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? (Lc 10, 25)

Je prends garde à ce que les paroles qui sortent de ma bouche ne soient pas contraires à la charité et, le cas échéant, je m’en repens. Pour m’aider dans ma quête d’une plus grande pureté de parole, et incidemment de cœur, je relis périodiquement le test des trois passoires de Socrate que je m’efforce ensuite d’appliquer.

Le test des trois passoires

Socrate avait, dans la Grèce antique, une haute réputation de sagesse. Quelqu’un vint un jour trouver le grand philosophe et lui dire : « Sais-tu ce que je viens d’apprendre sur ton ami ? »

 - « Un instant », répondit Socrate. « Avant que tu ne me racontes tout cela, j’aimerais faire un test très rapide. Ce que tu as à me dire, l’as-tu fait passer par les trois passoires ? »

- « Les trois passoires ? »

- « Mais, oui » reprit Socrate. « Avant de raconter toutes sortes de choses sur les autres, il est bon de filtrer ce que l’on aimerait dire. C’est ce que j’appelle le test des trois passoires ».

- « La première passoire est celle de la vérité. As-tu vérifié si ce que tu veux me raconter est vrai ? »

- « Non, pas vraiment. Je n’ai pas vu la chose moi-même, je l’ai seulement entendu dire… »

- « Très bien ! Tu ne sais donc pas si c’est la vérité. »

- « Voyons maintenant. Essayons de filtrer autrement en utilisant une deuxième passoire, celle de la bonté. Ce que tu veux m’apprendre sur mon ami, est-ce quelque chose de bien ? 

- « Ah non ! Au contraire ! J’ai entendu dire que ton ami avait très mal agi. »

- « Donc, continua Socrate, tu veux me raconter de mauvaises choses sur lui et tu n’es même pas sûr qu’elles sont vraies. Ce n’est pas très prometteur ! »

- « Mais tu peux encore passer le test, car il reste une passoire, celle de l’utilité. Est-ce utile que tu m’apprennes ce que mon ami aurait fait ? »

- « Utile ? Non, pas réellement, je ne crois pas que ce soit utile… »

- « Alors, de conclure Socrate, si ce que tu as à me raconter n’est ni VRAI, ni BIEN, ni UTILE.

Pourquoi vouloir me le dire ? Je n’en veux rien savoir et, de ton côté, tu ferais mieux d’oublier tout cela! »      

 

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