Est-il permis à un homme de renvoyer sa femme ?

En ce temps-là, des pharisiens s’approchèrent de Jésus pour le mettre à l’épreuve ; ils lui demandèrent : « Est-il permis à un homme de renvoyer sa femme pour n’importe quel motif ? » Il répondit : « N’avez-vous pas lu ceci ? Dès le commencement, le Créateur les fit homme et femme, et dit : ‘À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair.’ Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! » Les pharisiens lui répliquent : « Pourquoi donc Moïse a-t-il prescrit la remise d’un acte de divorce avant la répudiation ? » Jésus leur répond : « C’est en raison de la dureté de votre cœur que Moïse vous a permis de renvoyer vos femmes. Mais au commencement, il n’en était pas ainsi. Or je vous le dis : si quelqu’un renvoie sa femme – sauf en cas d’union illégitime – et qu’il en épouse une autre, il est adultère. » Ses disciples lui disent : « Si telle est la situation de l’homme par rapport à sa femme, mieux vaut ne pas se marier. » Il leur répondit : « Tous ne comprennent pas cette parole, mais seulement ceux à qui cela est donné. Il y a des gens qui ne se marient pas car, de naissance, ils en sont incapables ; il y en a qui ne peuvent pas se marier car ils ont été mutilés par les hommes ; il y en a qui ont choisi de ne pas se marier à cause du royaume des Cieux. Celui qui peut comprendre, qu’il comprenne ! »

Matthieu 19,3-12.

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

Immédiatement après avoir rapporté l’épisode où Jésus répond à la question de Pierre, « Combien de fois devrai-je pardonner à mon frère ? » (Mt 18, 21-35), Matthieu enchaîne avec la réponse de Jésus à une autre question qui lui est similaire et qui découle même de la première : « Est-il permis à un homme de renvoyer sa femme pour n’importe quel motif ? » S’il n’y a pas de limite à l’amour, et au pardon qui lui est implicite, que Dieu souhaite manifester de manière générale à travers nous, à plus forte raison quand cet amour et ce pardon ont pour objet la personne que Dieu a spécifiquement mise sur notre route pour reproduire l’amour trinitaire, pour de deux devenir un, une seule chair, unité indivisible dans la diversité des personnes. Tout amour prend sa source et son modèle dans le Dieu qui est Amour. L’amour conjugal, avec la possibilité qu’il offre de donner la vie à l’instar du Créateur, constitue le lieu privilégié pour manifester au monde l’amour du Dieu fidèle qui garde son alliance et son amour pour mille générations (Dt 7,9), un amour indéfectible. Quand les époux se séparent, ils manquent aux responsabilités qui sont leurs de chercher à reproduire l’amour de Dieu, un Dieu dont l’amour et la fidélité l’ont conduit à donner jusqu’à sa vie pour nous sur la croix, ils résistent à l’action de Dieu qui souhaite aimer en eux et à travers eux.

Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? (Lc 10, 25)

Je m’abstiens de poser des limites à l’amour que Dieu souhaite manifester en moi et à travers moi.