Nous sommes de simples serviteurs : nous n’avons fait que notre devoir

8 Novembre 2022

En ce temps-là, Jésus disait : « Lequel d’entre vous, quand son serviteur aura labouré ou gardé les bêtes, lui dira à son retour des champs : “Viens vite prendre place à table” ? Ne lui dira-t-il pas plutôt : “Prépare-moi à dîner, mets-toi en tenue pour me servir, le temps que je mange et boive. Ensuite tu mangeras et boiras à ton tour” ? Va-t-il être reconnaissant envers ce serviteur d’avoir exécuté ses ordres ? De même vous aussi, quand vous aurez exécuté tout ce qui vous a été ordonné, dites : “Nous sommes de simples serviteurs : nous n’avons fait que notre devoir.” »

Luc 17, 7-10

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

Lorsque Jésus nous recommande : « Quand vous aurez exécuté tout ce qui vous a été ordonné, dites : “Nous sommes de simples serviteurs : nous n’avons fait que notre devoir.” », il n’emploie pas une figure de style visant à nous convaincre, mais nous indique clairement les sentiments qui devraient être nôtres lorsque nous collaborons au projet d’amour de Dieu sur l’humanité dans son ensemble et sur nous-mêmes en particulier. Dieu veut et recherche l’amour, la perfection de l’amour. La perfection de l’amour se trouve dans le don totalement gratuit et entier de nous-mêmes et prend son modèle dans l’amour et la vie du Christ Jésus qui n’avait qu’une préoccupation : accomplir, quoiqu’il puisse lui en coûter, la volonté de son Père. Dès que notre agir comporte la moindre recherche d’intérêt personnel, serait-ce même le désir légitime que cela contribue à nous donner accès à la vie éternelle, le don de nous-mêmes, si généreux puisse-il s’avérer, perd de sa qualité d’amour proportionnellement au degré de recherche d’intérêt personnel dont il est teinté.

Mais il y a plus encore. C’est Dieu qui, par son Esprit, met en nous le désir d’accomplir sa volonté, nous donne les moyens d’accomplir celle-ci par le secours de sa grâce et encore Lui qui prédispose les cœurs de ceux auxquels Il souhaite manifester son Amour à l’accueillir. Comme c’est Lui qui fait tout et que nous sommes pour Lui comme l’outil dans la main de l’artisan, à l’exception près qu’Il nous demande notre consentement à son œuvre, en quoi nous est-Il redevable, devrait-Il nous manifester une reconnaissance quelconque ? Enfin, si nous sommes toujours tentés de penser que Dieu devrait se montrer reconnaissant à notre égard, demandons-Lui la lumière de réaliser comment insensé est-ce de penser, une seule seconde, pouvoir rajouter au Dieu de l’infini.

Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? (Lc 10, 25)

Je demande la grâce du détachement de la recherche de l’intérêt personnel, le nada de Jean de la Croix, pour que l’Amour vienne occuper le vide et, de là, se manifeste au plus grand nombre. Je demande la grâce de la foi, cette foi qui me permet de tout contempler dans la Vérité, selon la perspective de Dieu et me fait réaliser la vanité de la recherche de l’intérêt personnel dont le « besoin » de reconnaissance.