Demander, recevoir, redonner

En ces jours-là, lorsque Samuel fut sevré, Anne, sa mère, le conduisit à la maison du Seigneur, à Silo ; l’enfant était encore tout jeune. Anne avait pris avec elle un taureau de trois ans, un sac de farine et une outre de vin. On offrit le taureau en sacrifice, et on amena l’enfant au prêtre Éli. Anne lui dit alors : « Écoute-moi, mon seigneur, je t’en prie ! Aussi vrai que tu es vivant, je suis cette femme qui se tenait ici près de toi pour prier le Seigneur. C’est pour obtenir cet enfant que je priais, et le Seigneur me l’a donné en réponse à ma demande. À mon tour je le donne au Seigneur pour qu’il en dispose. Il demeurera à la disposition du Seigneur tous les jours de sa vie. » Alors ils se prosternèrent devant le Seigneur.

Lecture du premier livre de Samuel 1, 24-28

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

Le spirituel se sait fiduciaire de la grâce de Dieu. Il sait instinctivement que ce que Dieu met à sa disposition, c’est pour qu’il le mette au service du plus grand nombre et qu’ainsi l’Amour se manifeste à travers lui. À la suite de la mère de Samuel, le spirituel demande, se fait intercesseur auprès de Dieu, accueille le don de Dieu, et redonne au Seigneur, directement ou par personne interposée, pour qu’il en dispose. Ce triple mouvement de demander, recevoir et redonner est présent dans la célèbre phrase d’Augustin d’Hippone : « Seigneur, donne ce que tu commandes et commande ce que tu veux. »

Pour se reconnaître fiduciaires et non propriétaires des biens tant matériels que spirituels à notre disposition, cela prend une bonne dose d’humilité, cette humilité essentielle à l’amour. Nous avons en Marie, mère de Jésus et Comblée-de-grâces, un modèle de cette humilité de cœur qui incline Dieu à y déverser son amour et ses dons :

« Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. » (Lc 1, 46-55)

Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? (Lc 10, 25)

Je me reconnais fiduciaire et non propriétaire des biens tant matériels que spirituels à ma disposition. Conséquemment, je les mets au service de l’Amour, du plus grand nombre, conformément à la volonté du Seigneur qui me les a confiés.