Que t'importe ? Toi, suis-moi

En ce temps-là, Jésus venait de dire à Pierre : « Suis-moi. » S’étant retourné, Pierre aperçoit, marchant à leur suite, le disciple que Jésus aimait. C’est lui qui, pendant le repas, s’était penché sur la poitrine de Jésus pour lui dire : « Seigneur, quel est celui qui va te livrer ? » Pierre, voyant donc ce disciple, dit à Jésus : « Et lui, Seigneur, que lui arrivera-t-il ? » Jésus lui répond : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? Toi, suis-moi. » Le bruit courut donc parmi les frères que ce disciple ne mourrait pas. Or, Jésus n’avait pas dit à Pierre qu’il ne mourrait pas, mais : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? » C’est ce disciple qui témoigne de ces choses et qui les a écrites, et nous savons que son témoignage est vrai. Il y a encore beaucoup d’autres choses que Jésus a faites ; et s’il fallait écrire chacune d’elles, je pense que le monde entier ne suffirait pas pour contenir les livres que l’on écrirait.

Jean 21, 20-25

Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

« Que t’importe ? Toi, suis-moi. » L’amour véritable est fixé tout entier sur son objet. Rien ne compte hors de son objet ou est, au mieux, accessoire. Qui entre en relation avec Dieu est nécessairement impliqué dans une relation d’amour, car Dieu est Amour. Aussi toute l’attention du croyant devrait-elle se porter sur Dieu seul et sur la manière dont il peut suivre Jésus-Christ, l’image visible du Dieu invisible, notre modèle, « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6). Attention toutefois, l’amour de Dieu ne dispense pas de l’amour pour le prochain : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Mt 22, 37-39). Jean spécifie dans sa première lettre : « celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas » (1 Jn 4, 20). Le message de Jésus ici est que nous ne devons pas nous préoccuper de la relation entre Dieu et le prochain, de la Volonté de Dieu sur le prochain, mais plutôt concentrer toute notre attention à discerner le Volonté de Dieu sur nous-mêmes.

Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? (Lc 10, 25)

Je concentre toute mon attention à suivre Jésus. Pour ce faire, je demande à l’Esprit Saint le don de discernement sur la manière la plus appropriée pour moi de reproduire l’image du Christ et, par le fait même, celle du Père, car, comme l’a dit Jésus : « Qui m’a vu a vu le Père. » À moins d’avoir été investi d’une mission de pasteur ou de guide spirituel, je n’essaie pas de m’immiscer dans la relation entre Dieu et le prochain. Je n’essaie pas de le contraindre de quelque manière parce que Dieu nous laisse libres d’adhérer à Lui ou non et qu’agir autrement outrepasserait une limite qu’Il s’est Lui-même fixée.