Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui
18 Février 2010 Résumés de livres
2.6 Le discernement.
La prudence implique 1) au plan de l’intelligence, qu’on ait le sens des proportions, de distinguer les consignes fondamentales, qui ont force obligatoire universelle, des simples conseils ou des préceptes liés à une étape d’évolution spirituelle; 2) au plan de la décision pratique, qu’on prenne des précautions, qu’on pèse ses actes à l’avance, qu’on réfléchisse à leur portée, à leurs conséquences, de manière à apercevoir les dangers qu’ils comportent et à éviter , dans l’application des principes, les erreurs et même les risques inutiles. Le sain discernement, pour qui veut porter un jugement moral fondé sur les Écritures, s’opère sur 3 plans : littéraire, spirituel communautaire et spirituel personnel.
D’abord il faut effectuer une lecture critique des textes, tenir compte de son contexte littéraire, accorder une attention particulière aux normes assorties d’un fondement ou d’une justification théologique, ce qui permettra de distinguer ce qui reflète la culture d’une époque de ce qui a une valeur transculturelle. Ainsi, faut-il retirer de l’interdit de manger du sang la valeur du respect dû à la vie, vie que symbolisait le sang à l’époque. La continuité avec laquelle un thème moral apparaît dans des textes bibliques divers conduit à considérer ce thème comme structurant et essentiel, par exemple, l’attention privilégiée à accorder aux pauvres. Enfin, comme mentionné précédemment, il faut tenir compte de l’affinement progressif de la conscience morale.
Au regard de l’Écriture, la communauté est un lieu essentiel de discernement. Comment opérer le partage entre l’essentiel, non négociable, et l’accessoire, négociable? Les Actes des Apôtres (15, 1-35) fournissent le modèle à suivre en matière de discernement ecclésial : a) les responsables se réunissent b) ils cherchent à distinguer l’urgent et le possible. Quatre personnes interviennent et examinent les motifs théologiques ainsi que le vécu, l’expérience pratique. Un compromis est proposé. c) Finalement, on communique le résultat du discernement par une lettre collective ; « l’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé… », signe évident d’un discernement proprement spirituel, effectué dans la délibération et la prière.
Pour le discernement, la conscience personnelle, éclairée par l’Esprit Saint, est un troisième lieu, important entre tous. On propose ici deux textes de Paul (1 Co 8,1 – 11,1) et (1 Co 7, 1-39) comme exemples. Dans le premier, on voit qu’il est préférable de s’abstenir de poser un geste même s’il n’a pas de portée morale s’il peut avoir un impact négatif sur autrui et constituer ainsi un manquement à la charité. Le second cas examine la valeur respective des états de vie au regard de l’éthique chrétienne où Paul distingue quatre types de consignes qu’on peut envisager en gradation descendante, eu égard à la force obligatoire, seule la première, la prescription du Seigneur, étant irréformable.
L’Église désapprouve toute utilisation fondamentaliste de l’Écriture. Pour une bonne part, l’éthique recourt aux ressources de la raison et demande du discernement. Ce discernement est éminemment personnel, la conscience étant l’ultime décideuse. Cependant le croyant a la responsabilité et le devoir de confronter son propre discernement avec celui des responsables de la communauté dont l’Église à laquelle et à travers laquelle sont communiquées les lumières de l’Esprit Saint.