Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui
21 Mars 2013 Parole du jour
Dénoncer le péché
Moi, Jérémie, j’ai entendu les menaces de la foule : « Dénoncez-le ! Allons le dénoncer, l’homme qui voit partout la terreur ! » Mes amis eux-mêmes guettent mes faux pas et ils disent : « Peut-être se laissera-t-il séduire… Nous réussirons, et nous prendrons notre revanche ! » Mais le Seigneur est avec moi, comme un guerrier redoutable : mes persécuteurs s'écrouleront, impuissants. Leur défaite les couvrira de honte, d'une confusion éternelle, inoubliable. Seigneur de l'univers, toi qui scrutes l'homme juste, toi qui vois les reins et les cœurs, montre-moi la revanche que tu prendras sur ces gens-là, car c'est à toi que j'ai confié ma cause. Chantez le Seigneur, alléluia ! Il a délivré le pauvre du pouvoir des méchants.
Jérémie 20, 10-13
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Allons le dénoncer, l’homme qui voit partout la terreur ! De toutes époques, les hommes n’apprécient guère se faire reprocher leur conduite, se faire dire qu’ils dérogent à la volonté de Dieu. Ce désir de vouloir décider par soi-même de ce qui est bien ou mal remonte au péché des origines : « le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront et vous serez comme des dieux, qui connaissent le bien et le mal » (Gn 3, 5). Faire ce qui nous plaît, donner libre cours à nos passions, n’est-il pas bien attrayant ?
La liberté qui nous est accordée par Dieu d’adhérer ou non à Lui et à sa Volonté ne constitue pas une licence pour faire ce qui est mal à ses yeux. À la suite de Paul, le croyant doit-il d’abord prendre garde à ce que sa propre conduite se conforme à la volonté divine : « "Tout m'est permis"; mais tout n'est pas profitable. "Tout m'est permis"; mais je ne me laisserai, moi, dominer par rien » (1 Co 6, 12). Il est aussi de sa responsabilité du croyant de dénoncer le mal là où il le voit en ne manquant pas cependant au devoir de charité, la dénonciation publique ne survenant qu’en dernier recours : « Si ton frère vient à pécher, va le trouver et reprends-le, seul à seul. S'il t'écoute, tu auras gagné ton frère. S'il n'écoute pas, prends encore avec toi un ou deux autres, pour que toute affaire soit décidée sur la parole de deux ou trois témoins. Que s'il refuse de les écouter, dis-le à la communauté. Et s'il refuse d'écouter même la communauté, qu'il soit pour toi comme le païen et le publicain » (Mt 18, 15-17). Si quelqu’un s’exclut de la communion fraternelle par une conduite inappropriée, cela ne doit pas constituer pour autant un prétexte à user de discrimination envers lui. Notre modèle sur la juste attitude à adopter demeure Jésus. Il s’est montré intraitable face au péché qu’il a dénoncé, même chez l’élite religieuse de son temps (ce qui a contribué à ce qu’on le mette éventuellement à mort), mais il s’est montré miséricordieux envers les pécheurs avec lesquels il a notamment partagé le repas. Plus près de nous, le pape François, alors qu’il était encore cardinal, n’a pas hésité à dénoncer le péché mais, du même souffle, s’est insurgé contre ceux qui voulaient fermer les portes du Royaume aux pécheurs et à leurs descendants nommément en refusant de donner le baptême aux enfants nés d’union illégitime.
Qui dénonce le péché, à la suite de Jérémie, de Jean Baptiste et de Jésus, s’expose à la persécution. « Si le monde vous hait, sachez qu'il m'a haï le premier » (Jn 15, 18). Cependant, il s’agit là d’un service au monde auquel le croyant ne peut se dérober.