Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui
20 Novembre 2011 Parole du jour
Don de soi
Comme Jésus enseignait dans le Temple, levant les yeux, il vit les gens riches qui mettaient leurs offrandes dans le tronc du trésor. Il vit aussi une veuve misérable y déposer deux piécettes. Alors il déclara : « En vérité, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis plus que tout le monde. Car tous ceux-là ont pris sur leur superflu pour faire leur offrande, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a donné tout ce qu'elle avait pour vivre. »
Luc 21, 1-4
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« Mes pensées ne sont pas vos pensées, et mes chemins ne sont pas vos chemins, déclare le Seigneur. Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus des vôtres, et mes pensées, au-dessus de vos pensées » (Isaïe 55, 8-9). Voilà pourquoi il faut nous abstenir de porter des jugements ! Alors que nous regardons aux apparences, Dieu scrute au plus intime de nous même examinant les cœurs et les reins (Ps 7, 10), alors que nous faisons un absolu de ce qui est relatif, Lui relativise une donnée apparemment objective (la quantité d’argent mise dans le tronc) pour en ressortir l’essentiel, le don total de soi-même.
Il est intéressant de mettre cette parabole en relation avec celle des talents. Dans la parabole des talents, ce sont ceux qui possédaient beaucoup qui ont été récompensés pour avoir fait fructifier le plus leur avoir alors que le moins bien nanti a été puni pour n’avoir rien fait avec le peu qu’il avait. Ici, retournement de situation alors que la personne la plus pauvre est celle qui reçoit la plus grande appréciation en dépit de son humble offrande. S’il est vrai que les pauvres ont une longueur d’avance sur les riches pour accéder au Royaume, « Heureux, vous les pauvres : le royaume de Dieu est à vous ! » (Lc 6, 20), parce que, possédant peu, le don total d’eux-mêmes est plus facilement accessible, encore faut-il qu’ils y consentent ! La pauvreté constitue une voie d’accès privilégiée au salut éternel mais le fait d’être pauvre n’ouvre pas automatiquement les portes de la vie éternelle. À preuve, celui qui n’avait qu’un talent et a thésaurisé pour lui-même, le conservant jalousement et évitant de le mettre en jeu pour le faire fructifier par crainte du maître en cas d’échec, celui-là se voit condamné et on lui ôte le peu qu’il avait. Ainsi donc, ce n’est pas ce que nous possédons qui compte mais ce que nous faisons avec. En toute justice, Dieu attend davantage de celui auquel il a beaucoup donné qu’à celui auquel il a peu confié. Et encore faut-il prendre garde de ne pas chercher de reconnaissance pour le don offert de peur de recevoir une récompense immédiate dans l’admiration que les autres nous portent plutôt que de la main de Dieu dans l’éternité pour le don désintéressé de soi-même : « Pour toi, quand tu fais l'aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, afin que ton aumône soit secrète; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra » (Mt 6, 3-4). Quant à la pauvre veuve, gênée de mettre si peu, on peut facilement s’imaginer qu’elle a passé bien furtivement à côté du tronc et qu’elle n’a rien à craindre de ce côté, seul l’œil perçant de Dieu ayant saisi la beauté du geste qui venait d’être posé.