Foi et environnement

J'estime en effet que les souffrances du temps présent ne sont pas à comparer à la gloire qui doit se révéler en nous. Car la création en attente aspire à la révélation des fils de Dieu: si elle fut assujettie à la vanité, -- non qu'elle l'eût voulu, mais à cause de celui qui l'y a soumise, -- c'est avec l'espérance d'être elle aussi libérée de la servitude de la corruption pour entrer dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu. Nous le savons en effet, toute la création jusqu'à ce jour gémit en travail d'enfantement.

Épître de Paul aux Romains 8, 18-22

Ces paroles, l’apôtre Paul aurait pu les écrire aujourd’hui ! Si la planète est aujourd’hui engagée dans un processus où la survie des diverses espèces qui l’habitent est mise en danger, ou le sera dans les prochaines décennies, c’est principalement en raison d’un phénomène connu sous le nom de consommation ostentatoire à savoir que l’homme utilise les diverses ressources de la planète non pour satisfaire ses besoins essentiels, mais pour faire étalage de sa richesse, comme preuve de son statut social, par vanité quoi ! Si rares sont ceux qui nient encore l’impact négatif de l’actuelle activité humaine sur l’environnement, on ne peut que déplorer la timidité des gestes concrets posés pour résoudre le problème au point que plusieurs prétendent qu’il est minuit moins une. La raison de l’insuffisance des actions concrètes provient de ce que si tout le monde est pour la vertu, rares sont ceux qui sont prêts à s’imposer les sacrifices nécessaires pour y parvenir. Mais parmi toutes les personnes concernées, il s’en trouve une catégorie dont on serait en droit de s’attendre plus que les autres dans ce combat : la création en attente aspire à la révélation des fils de Dieu, la moindre des choses pour ceux qui se réclament du Dieu Créateur, étant de veiller à la protection de son œuvre, le respect du Créateur passant inévitablement par celui de l’œuvre.

Le magazine la vie est belle consacre son dossier du mois de juin 2012 à l’environnement. Un article publié sous la plume de Norman Lévesque y a particulièrement retenu mon attention. Cet article démontre en quoi les vertus cardinales et théologales contribuent et sont même essentielles à la lutte pour la protection de l’environnement. Pour le bénéfice de ceux qui n’auraient pas accès à ce magazine vendu en kiosque au Québec, j’en reproduis l’essentiel ci-après :

Pendant plusieurs, je portais cette question : « Seigneur, quelles sont les valeurs environnementales ? Comment les définir en quelques mots ? » Je méditais la question et, sans le savoir, Dieu préparait mon cœur à la réponse. À mon grand étonnement, il m'a donné un signe: je cherchais un livre dans ma bibliothèque et, en le sortant, le livre voisin a glissé et est tombé par terre. C'était le Catéchisme de l'Église catholique (1992) que, je dois l'admettre, je n'ai pas consulté souvent. Il est tombé sur la section 1805 définissant les vertus cardinales: la prudence, la justice, la force et la tempérance.

C'était comme si, dans le mur de mon questionnement, une brèche venait de s'ouvrir, et la lumière de la sagesse rayonnait! Je pouvais faire un lien entre les vertus cardinales et les valeurs environnementales!

LES VERTUS CARDINALES

PRUDENCE - Grâce à cette vertu, nous appliquons sans erreur les principes moraux aux cas particuliers et nous surmontons les doutes sur le bien à accomplir et le mal à éviter. Dans le courant écologiste, j'ai plus souvent entendu parler de la PRÉCAUTION, qui est un concept très proche. Agir avec précaution est le principe fondateur du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, qui entend les réelles préoccupations des citoyens au sujet d'un projet de développement au lieu de s'en tenir aux dires des développeurs intéressés. C'est cette vertu qui nous pousse à remettre en question l'exploitation des gaz de schiste ou des sables bitumineux, les déchets radioactifs, les antennes de téléphonie mobile... Dans tous ces cas, nous ne désirons pas arrêter le développement, mais le faire avec prudence!

JUSTICE - Elle est la vertu morale qui consiste dans la constante et ferme volonté de donner à Dieu et au prochain ce qui Leur est dû. L'écologie est une science, puis elle est devenue un mouvement qui affirme constamment l'interdépendance entre tous les êtres. Certaines injustices concernant l'environnement ont des impacts importants sur les animaux et sur les sociétés humaines. Par exemple, peu de gens savent que les quartiers pauvres sont souvent situés à l'est d'une ville, car les vents dominants transportent les polluants industriels vers eux plutôt que vers les quartiers riches. Pour trouver des injustices, il faut souvent commencer par notre assiette et se demander si le producteur du Sud a reçu un juste salaire pour le café, le chocolat, le riz, le thé, les mangues, etc., que nous consommons. Se soucier de ces produits signifie qu'on cultive la vertu de la justice.

FORCE - Cette vertu morale assure la fermeté dans les difficultés et la constance dans la poursuite du bien. Elle est parfois appelée COURAGE. Quand on considère tous les changements qu'il faut effectuer, un geste à la fois, pour réduire son empreinte écologique, il faut avoir le courage de ses convictions: choisir le transport en commun, faire des achats locaux et équitables, faire du compost, prendre soin de recycler le verre et le métal, remplacer les produits jetables par des produits durables, économiser l'électricité, etc. Les personnes qui adoptent de nouveaux gestes - et qui persévèrent - font preuve de courage.

TEMPÉRANCE - Elle est la vertu qui modère l'attrait des plaisirs et procure l'équilibre dans l'usage des biens créés. C'est ce que le mouvement écologique appelle la SIMPLICITÉ, et elle se démontre par une réduction de la consommation. La réduction des achats se fait en répondant à la question: «Est-ce que j'en ai vraiment besoin? » La surconsommation proposée par notre société n'est pas durable, et heureusement, des gens vertueux préfèrent vivre la simplicité.

LES VERTUS THÉOLOGALES

En regardant dans le Catéchisme à la section 1813, j'ai redécouvert les vertus théologales: la foi, l'espérance et la charité. Ces vertus véhiculées par les chrétiens apporteront un souffle nouveau au mouvement environnemental.

FOI - Les yeux de la foi nous font voir l'environnement non pas seulement comme un entrepôt de ressources ou un beau paysage, mais comme la-création de Dieu, façonnée avec sagesse. Il y a des équilibres sacrés à respecter.

CHARITÉ - L'amour de la création, à la manière de saint François d'Assise, nous réconciliera avec notre milieu de vie, par lequel Dieu nous soutient, et nous fera vivre la fraternité avec d'autres créatures.

ESPÉRANCE - Cette vertu sera l'antidote aux discours catastrophiques. L'espérance donnera le goût d'agir, nous mobilisera et tracera la nouvelle terre dans laquelle nos descendants vivront.

Refermant le Catéchisme et le replaçant dans la bibliothèque, j'ai loué le Seigneur pour sa bonté et sa sagesse, puis j'ai décidé de lui rendre grâce par le moyen de cet article.