Gloire

Gloire

Père, l'heure est venue. Glorifie ton Fils, afin que le Fils te glorifie. Ainsi, comme tu lui as donné autorité sur tout être vivant, il donnera la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. Or, la vie éternelle, c'est de te connaître, toi, le seul Dieu, le vrai Dieu, et de connaître celui que tu as envoyé, Jésus Christ. Moi, je t'ai glorifié sur la terre en accomplissant l'œuvre que tu m'avais confiée. Toi, Père, glorifie-moi maintenant auprès de toi : donne-moi la gloire que j'avais auprès de toi avant le commencement du monde. J'ai fait connaître ton nom aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner.

Jean 17, 1-6

Qu’est ce que la gloire ? Si dans son sens ancien ou littéraire la gloire signifie l’éclat prestigieux dont la grandeur est environnée particulièrement la splendeur des manifestations divines, son sens courant est la grande renommée répandue dans un très vaste public, et tenant à des mérites, des actions ou des œuvres jugés remarquable (dictionnaire Petit Robert).

Si on ne peut ajouter à la gloire de Dieu au sens spirituel du terme, la grandeur de Dieu étant immuable, c’est en faisant connaître le Père au-delà des frontières du peuple élu, à toutes les nations, que le Fils l’a glorifié, qu’il a accru sa renommée auprès des hommes. La gloire du Père, c’est qu’un maximum de personnes accède à la vie éternelle.

Lorsqu’Isaïe parle de la parole de Dieu, c’est du Fils, le Verbe incarné qu’il parle : « De même que la pluie et la neige descendent des cieux et n'y retournent pas sans avoir arrosé la terre, sans l'avoir fécondée et l'avoir fait germer pour fournir la semence au semeur et le pain à manger, ainsi en est-il de la parole qui sort de ma bouche, elle ne revient pas vers moi sans effet, sans avoir accompli ce que j'ai voulu et réalisé l'objet de sa mission » (Is 55, 10-11). Ce Fils qui n’a été que oui à la volonté du Père, « obéissant jusqu'à la mort, et à la mort sur une croix!» (Ph 2, 8), a vraiment réalisé l'objet de sa mission qui était de faire connaître son nom aux hommes, le nom étant pour les Juifs la nature d’une personne. Jésus nous a fait connaître la nature du Père qui est Amour en allant jusqu’à donner sa vie pour ses amis (Jn 15, 13) pour manifester cet Amour infini. Le Père a glorifié le Fils en le ressuscitant et en le rappelant auprès de Lui à l’Ascension. La Parole dont parle Isaïe ne pouvait être autre chose qu’une personne car le son qui sort de la bouche n’y revient jamais.

Je terminerai par une citation de Jorge Luis Borges : La gloire est une incompréhension, peut-être la pire (Fictions). Tout bien ou tout mérite venant de Dieu, qui en impute la gloire aux hommes ou à lui-même se méprend, usurpe une part de la reconnaissance qui est due à Dieu seul. Jésus lui-même, tout Fils qu’il était, a demandé au Père de le glorifier. Lorsque Dieu agit en nous ou par les autres, rendons Lui gloire plutôt qu’à l’instrument qu’Il s’est choisi.