La loi du monde

Les temps changent mais les procédés demeurent les mêmes ! Ne pouvant contester l’autorité des propos de Jésus, ayant cherché en vain à le prendre en défaut à maintes reprises, ses opposants en sont réduits à présenter l’unanimité qui les unit contre Jésus et le poids du savoir acquis à la lecture des textes sacrés comme preuves que la vérité se situe dans leur camp. Deux mille ans plus tard, force est de constater que l’on cherche toujours à utiliser la science comme preuve de véracité et les études contradictoires ne manquent pas, les conclusions allant dans le sens des intérêts de ceux qui ont subventionné les travaux. À partir d’une même science, les psychiatres confrontés dans des procès posent des diagnostics diamétralement opposés selon qu’ils travaillent pour la poursuite ou la défense. D’autre part, il existe de nos jours un lucratif marché de l’opinion publique où des actions sont posées systématiquement pour faire pencher l’avis des gens en faveur de groupes d’intérêts particuliers, actions dont les succès sont déterminés par des sondages qui, en fonction des résultats obtenus, orientent les actions à entreprendre pour en gagner le plus grand nombre à leurs causes et de remporter non seulement une victoire médiatique mais celle des intérêts défendus, l’une n’allant pas sans l’autre. En ce qui concerne le bien commun, bien peu de place lui est laissée : Quant à cette foule qui ne sait rien de la Loi, ce sont des maudits !

Est-ce là une fatalité ? Certes pas ! Mais il appartient à chacun de faire une recherche honnête de la Vérité et du bien commun et de supporter en paroles et en actes le fruit de ses recherches sans se laisser influencer par le diktat de l’opinion publique. À ce chapitre, les spirituels ont un rôle essentiel à jouer : « Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel vient à s'affadir, avec quoi le salera-t-on? Il n'est plus bon à rien qu'à être jeté dehors et foulé aux pieds par les gens » (Mt 5, 13). Les croyants sont la conscience du monde. Notre conscience viendrait-elle à justifier tout ce que nous faisons qu’on ne pourrait plus parler que d’inconscience. De la même manière les croyants doivent-ils s’en tenir à la doctrine des textes sacrés et ne pas succomber à la tentation de modifier le message pour plaire à un plus grand nombre sous peine que leur foi ne s’affadisse et ne serve plus à rien. Quiconque agit de la sorte ne gagne pas un concours de popularité mais cela se veut le prix à payer pour défendre ses convictions. Ce prix Jésus l’a payé avant nous : « Si le monde vous hait, sachez que moi, il m'a pris en haine avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait son bien; mais parce que vous n'êtes pas du monde, puisque mon choix vous a tiré du monde, pour cette raison, le monde vous hait » (Jn 15, 18-19).