Mystère et fécondité de l'épreuve

Le Seigneur n’épargne pas l’épreuve à ceux qui l’aiment. Zacharie était privé de descendance, ce qui était considéré une malédiction chez les Juifs et sa femme Élizabeth était stérile, ce qui faisait sa honte aux yeux des hommes. Pourtant l’évangéliste dit un peu auparavant qu’ils étaient fidèles au Seigneur et à ses préceptes : Tous deux étaient justes devant Dieu, et ils suivaient, irréprochables, tous les commandements et observances du Seigneur (Lc 1, 6). Tous deux ignoraient pourquoi ils étaient ainsi frappés, mais plutôt que de se rebeller contre ce Dieu qui semblait les avoir laissés tomber, comme certains sont tentés de le faire, et une partie le fait effectivement, ils ont persévéré dans le bien malgré la douleur  qui était la leur. Cette persévérance dans l’épreuve a été agréable à Dieu car l’ange y fait allusion dès ses premières paroles : « Sois sans crainte, Zacharie, car ta supplication a été entendue ».

Puis l’ange informe Zacharie que les difficultés rencontrées et supportées avec patience par amour de Dieu ne demeureront pas sans récompense, sans porter du fruit en abondance. Non seulement auront-ils un fils, mais encore celui-ci tiendra-t-il une place unique dans l’histoire du salut : il est celui qui a été choisi pour préparer au Seigneur un peuple capable de l'accueillir, le précurseur, celui qui a ouvert la voie au Messie attendu par Israël, Messie qui, par ses propres souffrances, a ouvert les portes du salut à l’ensemble des nations. L’apôtre Paul, artisan exceptionnel de la propagation du salut à l’ensemble des croyants, a lui-même constaté la nécessité de la souffrance dans l’expansion du Royaume : En ce moment je trouve ma joie dans les souffrances que j'endure pour vous, et je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps, qui est l'Église (Col 1, 24). De même que la stérilité physique d’Élizabeth s’est révélée une source de fécondité incroyable au plan spirituel, nous pouvons tenir pour assuré que nos propres souffrances, offertes pour le salut du plus grand nombre, ne demeureront pas vaines, si ce n’est en cette vie, dans celle qui n’aura pas de fin. Ce salut nous n’y parvenons pas seuls mais en groupe et certains sont appelés à souffrir pour contrebalancer l’indifférence des autres à son égard et maintenir, pour ainsi dire, les portes du Royaume entrouvertes afin que ces derniers saisissent éventuellement l’opportunité qui leur est offerte d’y accéder et que le plus grand nombre y arrive effectivement.