Oeuvres

Ce que les autres pensent et disent à notre sujet n’a aucune importance. Je connais un homme d’affaires qui prenait ses décisions en fonction de leur impact présumé sur la perception des gens à son égard. Non seulement se méprenait-il sur l’opinion de ces derniers, qui le méprisaient alors qu’il se pensait bien considéré, mais n’est-il plus en affaires aujourd’hui, son entreprise ayant fait banqueroute. De la même manière est-ce nos vies temporelles et éternelles qui sont menacées d’échec si nous agissons dans le but de créer une impression favorable chez les autres. Ainsi, mêmes nos bonnes actions perdront toute valeur aux yeux de Dieu : « Gardez-vous de pratiquer votre justice devant les hommes, pour vous faire remarquer d'eux; sinon, vous n'aurez pas de récompense auprès de votre Père qui est dans les cieux… car vous tiendrez déjà votre récompense (de la glorification personnelle qui en résultera) (Mt 6, 1-2).

De même faut-il prendre garde à nos paroles. Celles-ci, si elles peuvent susciter une bonne première impression chez nos auditeurs, non seulement n’aident pas notre cause mais lui nuisent, si nos actions ne sont pas à la hauteur de ce qui a été dit. Pire, les paroles mesquines ou négatives envers autrui révèlent ce qu’il y a de mauvais en nous et qui y demeurerait caché n’eut été de notre imprudence à s’aventurer à juger les autres car c'est du trop-plein du cœur que la bouche parle (Mt 12, 34). Rempli de sagesse est le proverbe : la parole est d’argent mais le silence est d’or.

La seule chose qui compte, ce sont nos œuvres, non pas en raison de leur valeur intrinsèque, car malgré toute notre prétention nous ne pourrons jamais rien ajouter à Dieu, mais se voient-elles imputer une valeur en fonction de l’amour et de l’espérance qu’elles suscitent chez les autres. Je connais un pauvre dont la vie a été sauvée par de purs inconnus qui ont croisé sa route et ont daigné lui sourire alors qu’il se rendait à pied à son travail, ignorant combien, par un geste tout simple, ils avaient pu illuminer une existence qui traversait pourtant ses jours les plus sombres. Vois Jésus, s’il a accompli de grandes choses, des miracles, jamais cela n’a été pour son propre bénéfice (comme le démontrent les tentatives infructueuses du Tentateur au désert) ou celui de ses proches, mais pour redonner espérance aux plus petits et manifester l’amour et la miséricorde du Père des Cieux. En cela elles témoignent que le Père l'a envoyé, qu’il est le Fils bien-aimé, qui a toute sa faveur (Mt 3, 17). Fils adoptifs (Rm 8, 15) par la foi, nos actions doivent-elles tendre à révéler l’amour de Dieu à nos contemporains et redonner espérance à ceux que le monde a déçus, particulièrement les laissés-pour-compte : chômeurs, SDF, personnes âgées qui sont devenues un fardeau…