Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui
24 Octobre 2012 Parole du jour
Paix
Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu'il soit déjà allumé ! Je dois recevoir un baptême, et comme il m'en coûte d'attendre qu'il soit accompli ! Pensez-vous que je sois venu mettre la paix dans le monde ? Non, je vous le dis, mais plutôt la division. Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées : trois contre deux et deux contre trois ; ils se diviseront : le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère.
Luc 12, 49-53
Le Paraclet, l'Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. Je vous laisse la paix; c'est ma paix que je vous donne; je ne vous la donne pas comme le monde la donne. Que votre cœur ne se trouble ni ne s'effraie.
Jean 14, 26-27
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Y aurait-il contradiction entre les évangélistes ou, pire, dans les paroles de Jésus ? L’un rapporte « je ne suis pas venu mettre la paix dans le monde mais plutôt la division » et l’autre : « je vous laisse la paix ». L’évangéliste Jean, cependant se donne la peine de préciser : c'est ma paix que je vous donne; je ne vous la donne pas comme le monde la donne. Il y a donc deux paix : la paix du monde et la paix de Dieu. La paix du monde repose sur un fragile équilibre, un arbitrage entre les égoïsmes individuels. C’est celle dont il est question dans l’expression « Fiche-moi la paix ! », laisse-moi tranquille, je ne te dérange pas, dérange-moi pas ! La paix de Dieu, par contre, est apaisement des passions, repos de l’âme en Dieu qui pousse celui qui en est gratifié à vouloir partager l’Amour qui l’anime avec les autres. On peut comprendre qu’il y ait antagonisme entre ceux qui souhaitent jouir égoïstement de ce monde et ceux qui par leurs paroles ou l’exemple de leur bonne conduite leur donnent mauvaise conscience. Cette opposition entre le charnel et le spirituel, entre le monde et Dieu, est exprimée avec force par Jésus : « Si le monde vous hait, sachez qu'il m'a haï le premier. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui lui appartiendrait; mais vous n'êtes pas du monde: c'est moi qui vous ai mis à part du monde et voilà pourquoi le monde vous hait » (Jn 15, 18-19).
Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu'il soit déjà allumé ! Quel est ce feu ? C’est celui de l’amour de Dieu qui brûle les cœurs de ceux qu’il anime à l’exemple des disciples d’Emmaüs : « Notre cœur n'était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin, quand il nous expliquait les Écritures? » (Lc 24, 32). Cet Amour qui a pris chair dans la personne de Jésus nous est transmis par l’entremise du Paraclet, l'Esprit Saint, que le Père enverra en son nom. Mais pour ce faire, il fallait que Jésus meure, c’est le baptême auquel Jésus réfère : « Je dois recevoir un baptême, et comme il m'en coûte d'attendre qu'il soit accompli! », non en raison de la souffrance qu’il apportera mais du bienfait qui en résultera.
On le voit, il n’y a pas contradiction entre les textes sacrés mais complémentarité. C’est normal puisqu’ils tirent leur origine d’un unique Esprit ! Ce qui diffère, c’est la perception ou la manière de rapporter l’inspiration reçue par les divers auteurs en fonction de leur personnalité ou de la culture ambiante de leur époque. C’est pourquoi celui qui cherche la Vérité doit puiser à plusieurs sources en attachant une plus grande importance au Nouveau Testament qu’à l’Ancien car Jésus est la fin de la Révélation que Dieu fait de lui-même, en lui sont récapitulées toutes choses (Ép 1, 10). Cela n’occulte pas les textes anciens car comme il le dit lui-même : « N'allez pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes: je ne suis pas venu abolir, mais accomplir » (Mt 5, 17), porter à une plus grande perfection la connaissance de Dieu et de sa Volonté.
Je vous laisse sur le très beau commentaire de Denys le Chartreux sur la paix apportée par Jésus :
« Pensez-vous que je sois venu mettre la paix dans le monde ? » C'est comme si le Christ disait : « Ne pensez pas que je sois venu donner aux hommes la paix selon la chair et ce monde-ci, la paix sans aucune règle, qui les ferait vivre en bonne entente dans le mal et qui leur assurerait la prospérité sur cette terre. Non, je vous le dis, je ne suis pas venu apporter une paix de ce genre mais la division, une bonne et très salutaire séparation des esprits et même des corps. Ainsi, parce qu'ils aiment Dieu et recherchent la paix intérieure, ceux qui croient en moi se trouveront naturellement en désaccord avec les méchants ; ils se sépareront de ceux qui tentent de les détourner du progrès spirituel et de la pureté de l'amour divin, ou s'efforcent de leur créer des difficultés ».
Donc, la paix spirituelle, la paix intérieure, la bonne paix, c'est la tranquillité de l'âme en Dieu, et la bonne entente selon l'ordre juste. Le Christ est venu apporter cette paix avant toutes choses... La paix intérieure a sa source dans l'amour. Elle consiste en une joie inaltérable de l'âme qui est en Dieu. On l'appelle la paix du cœur. Elle est le commencement et un certain avant-goût de la paix des saints qui sont dans la patrie, de la paix de l'éternité.