Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui
22 Janvier 2012 Parole du jour
Pardon divin
Dieu pardonnera tout aux enfants des hommes, tous les péchés et tous les blasphèmes qu'ils auront faits. Mais si quelqu'un blasphème contre l'Esprit Saint, il n'obtiendra jamais le pardon. Il est coupable d'un péché pour toujours.
Marc 3, 28-29
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Il y a une bonne et une mauvaise nouvelle dans cette affirmation de Jésus : le pardon offert par Dieu est infini mais il y a un mais, car il y a bel et bien une limite au pardon offert avec tant de générosité, ce pardon n’est valide que si l’homme, exerçant sa liberté souveraine, accepte de l’accueillir. Penser que nous-mêmes ou nos proches peuvent s’exposer à la damnation éternelle par le simple refus de Dieu et de son action miséricordieuse fait frémir. Je ne crois pas que Jésus vise par là une parole ou un geste spécifique posé à un moment donné de notre existence et sur lequel il serait impossible de revenir par la suite. C’est plus une attitude de rejet de Dieu et des ses préceptes, en paroles et en actes, qui est en cause ici.
Ils sont de plus en plus nombreux ceux qui nient l’existence de Dieu dans nos sociétés modernes, qui ont fait de la science et de l’argent leurs dieux, et refusent en paroles le salut offert. S’il faut craindre pour le salut de ces derniers, rien n’est perdu pour autant si, d’autre part, ils manifestent dans leur existence l’amour que Dieu requiert de nous. Cela nous renvoie directement à la parabole de l’homme ayant deux fils : « Il vint trouver le premier et lui dit : 'Mon enfant, va travailler aujourd'hui à ma vigne.' Celui-ci répondit : 'Je ne veux pas.' Mais ensuite, s'étant repenti, il y alla. Abordant le second, le père lui dit la même chose. Celui-ci répondit : 'Oui, Seigneur !' et il n'y alla pas. Lequel des deux a fait la volonté du père ? » (Mt 21, 28-31) et aussi à ce texte qui fait de l’amour manifesté au prochain la clé pour entrer dans le Royaume éternel : « Quand le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, accompagné de tous les anges, alors il siégera sur son trône de gloire. Devant lui seront rassemblées toutes les nations, et il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des chèvres. Il placera les brebis à sa droite et les chèvres à sa gauche. " Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite: "Venez, les bénis de mon Père, recevez en partage le Royaume qui a été préparé pour vous depuis la fondation du monde. " Car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger; j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire; j'étais un étranger et vous m'avez recueilli; " nu, et vous m'avez vêtu; malade, et vous m'avez visité; en prison, et vous êtes venus à moi. " Alors les justes lui répondront: "Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé et de te nourrir, assoiffé et de te donner à boire ? " Quand nous est-il arrivé de te voir étranger et de te recueillir, nu et de te vêtir ? " Quand nous est-il arrivé de te voir malade ou en prison, et de venir à toi ? " " Et le roi leur répondra: "En vérité, je vous le déclare, chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces plus petits, qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait! » (Mt 25, 31-40). Ainsi donc, le rejet de Dieu doit-il se manifester en actes pour exclure quelqu’un, et celui qui, par négligence ou ignorance, refuse de rencontrer Dieu, notamment dans les sacrements, peut-il à son insu, rencontrer et servir Celui-ci dans la personne de son prochain et accéder à ce salut qu’il a pourtant refusé en paroles comme le premier des deux fils : « Je ne veux pas ».
Pour ceux que cela intéresse voici ce qu’en dit l’Église :
Il n’y a pas de limites à la miséricorde de Dieu, mais qui refuse délibérément d’accueillir la miséricorde de Dieu par le repentir rejette le pardon de ses péchés et le salut offert par l’Esprit Saint (cf. DeV 46). Un tel endurcissement peut conduire à l’impénitence finale et à la perte éternelle. (CEC 1864)
Et dans l’encyclique Reconcilition et Paenitentia (17) :
Jésus lui-même parle d'un «blasphème contre l'Esprit Saint» qui «ne sera pas remis», parce qu'il consiste, dans ses diverses manifestations, à refuser avec obstination la conversion à l'amour du Père des miséricordes.
Il s'agit, bien entendu, d'expressions extrêmes et radicales: le refus de Dieu, le refus de sa grâce et, par conséquent, l'opposition au principe même du salut; par là l'homme semble volontairement s'interdire la voie de la rémission. Il faut espérer que très peu d'hommes aient la volonté de s'obstiner jusqu'à la fin dans cette attitude de révolte ou de défi ouvert contre Dieu, lequel, par ailleurs, comme nous l'enseigne encore saint Jean(1 Jn 3, 20), «est plus grand que notre cœur» dans son amour miséricordieux et peut vaincre toutes nos résistances psychologiques et spirituelles, si bien que, comme l'écrit saint Thomas d'Aquin, «il ne faut désespérer du salut de personne en cette vie, en raison de la toute-puissance et de la miséricorde de Dieu».
Mais, face à ce problème de la rencontre d'une volonté rebelle avec Dieu infiniment juste, on ne peut pas ne pas nourrir des sentiments de «crainte et tremblement» salutaires, comme le suggère saint Paul(Ph 2, 12); tandis que l'avertissement de Jésus à propos du péché «qui ne peut être remis» confirme l'existence de fautes qui peuvent attirer sur le pécheur la peine de la «mort éternelle».