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Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui

Conversion

 

 

Conversion

 

Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle.

 

Marc 1, 15

 

 

De même que la pluie et la neige descendent des cieux et n'y retournent pas sans avoir arrosé la terre, sans l'avoir fécondée et l'avoir fait germer pour fournir la semence au semeur et le pain à manger, ainsi en est-il de la parole qui sort de ma bouche, elle ne revient pas vers moi sans effet, sans avoir accompli ce que j'ai voulu et réalisé l'objet de sa mission. (Is 55, 10-11).

 

La parole de Dieu est efficace. Elle porte en elle-même le pouvoir de transformer les personnes et, à travers elles, les événements et les choses. Croyez à la Bonne Nouvelle  est indissociable de convertissez-vous. Morte est la foi de celui qui prétend croire sans que cela n’influence son comportement, stoppé est son élan vers le Dieu qui s’est révélé à lui et dont il a reconnu l’existence. Je dirais que l’un des grands scandales des temps modernes réside en ce que les peuples qui vivent dans l’opulence sont majoritairement composés de chrétiens qui non seulement évitent de partager leur bonne fortune avec les plus démunis comme le leur a enseigné le Christ mais encore consomment par vanité de façon excessive les ressources mises à leur disposition en nette contradiction avec les valeurs d’humilité et de tempérance qui devraient normalement découler de leur adhésion au Dieu dans lequel ils professent leur foi, affichant un égoïsme qui aura un impact néfaste non seulement sur la qualité de vie de leurs descendants mais sur la survie de la planète toute entière. Jamais les paroles de l’apôtre Paul aux Romains, sur l’impact positif de ceux dont l’existence est cohérente avec leur foi en Dieu et dans le Christ, ne se sont révélées avec autant de force et d’acuité qu’en ces temps cruciaux où un changement radical des comportements individuels et collectifs se fait de plus en plus pressant pour assurer la suite des choses : « la création en attente aspire à la révélation des fils de Dieu: si elle fut assujettie à la vanité, -- non qu'elle l'eût voulu, mais à cause de celui qui l'y a soumise, -- c'est avec l'espérance d'être elle aussi libérée de la servitude de la corruption pour entrer dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu » (Rm 8, 19-21).

 

Qu’est ce que la conversion ? Quel est le changement attendu chez celui qui souhaite adhérer à ce Dieu qui s’est révélé à lui et dont il espère partager la vie pour l’éternité ? J’ai trouvé un texte fort intéressant sur la question dans une conférence prononcée le 10 décembre 2000 par le cardinal Joseph Ratzinger, futur pape Benoît XVI, à l’occasion du Jubilé des catéchistes :

 

Le mot grec pour se convertir signifie: repenser - remettre en question son propre mode de vie et le mode de vie ordinaire; laisser entrer Dieu dans les critères de sa propre vie; ne plus juger uniquement selon les opinions courantes. Se convertir signifie par conséquent: ne pas vivre comme tout le monde vit, ne pas faire ce que tout le monde fait, ne pas se sentir justifié en accomplissant des actions douteuses, ambiguës ou mauvaises par le fait que les autres font de même; commencer à regarder sa propre vie avec les yeux de Dieu; donc, chercher le bien, même s'il est dérangeant: ne pas s'en remettre au jugement des multitudes, des hommes, mais au jugement de Dieu - autrement dit: chercher un nouveau style de vie, une vie nouvelle. Tout cela n'implique pas de moralisme; en réduisant le christianisme à la moralité, on perd de vue l'essence du message du Christ: Le don d'une nouvelle amitié, le don de la communion avec Jésus, et par la suite avec Dieu. Celui qui se convertit au Christ n'entend pas se créer une autarchie morale bien à lui, il ne prétend pas construire sa propre bonté par ses propres forces. La "Conversion" (métanoia) signifie précisément l'opposé: sortir de l'autosuffisance, découvrir et accepter son indigence - une indigence des autres et de l'Autre, de son pardon, de son amitié. La vie non-convertie est autojustification (je ne suis pas pire que les autres); la conversion est l'humilité de s'en remettre à l'amour de l'Autre, un amour qui devient mesure et critère de ma propre vie.

 

Ici nous devons également garder à l'esprit l'aspect social de la conversion. Certes, la conversion est avant tout un acte éminemment personnel, elle est personnalisation. Je me sépare de la formule "vivre comme tout le monde" (je ne me sens plus justifié par le fait que tous font ce que je fais) et je trouve devant Dieu mon propre moi, ma responsabilité personnelle. Mais la vraie personnalisation est également toujours une nouvelle et plus profonde socialisation. Le moi s'ouvre de nouveau au toi, dans toute sa profondeur, en donnant naissance à un nouveau Nous. Si le style de vie répandu dans le monde comporte un risque de dépersonnalisation, de vivre non pas sa propre vie, mais la vie de tous les autres, dans la conversion doit se réaliser le nouveau Nous du cheminement commun avec Dieu. En annonçant la conversion, nous devons aussi offrir un parcours de vie, un espace commun du nouveau style de vie. On ne peut pas évangéliser uniquement par des paroles; l'Évangile crée la vie, il crée une communauté de parcours; une conversion purement individuelle n'a pas de consistance...

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