Paresse

On dit de la paresse qu’elle est la mère de tous les vices. Il n’est donc pas étonnant que les spirituels considèrent celle-ci comme un péché capital, une faute dont la gravité ne se mesure pas à l’acte (ou au défaut d’agir) lui-même mais à ses conséquences, en ce qu’il entraîne à commettre d’autres fautes. 2 Samuel 11 décrit exactement comment l’inactivité peut amener à la déchéance.

Pascal Ide, dans son livre les sept péchés capitaux, dit que l’on devrait employer le terme acédie plutôt que paresse pour décrire le dégoût de l’action et / ou des choses spirituelles (prière, oraison, assistance à la messe…) qui entraîne au mal du péché. Tant celui qui s’éloigne de l’action que de Dieu se place en situation de vulnérabilité en ce qu’il cherchera dans des bonheurs artificiels et passagers ce qui était en mesure de le combler de façon stable et durable. En cela il s’engage dans une voie dangereuse.

D’entrée de jeu au chapitre 11 Samuel identifie la cause de qui a conduit David d’abord à l’adultère puis au meurtre : David était resté à Jérusalem alors que sa place aurait dû être dans le feu de l’action, à la tête de son armée. Certes Joab était probablement pleinement qualifié pour prendre la tête des opérations mais il n’en demeure pas moins que la place d’un chef est auprès de ceux qui sont sous sa gouverne ne serait-ce que pour le réconfort apporté par sa présence et que David aurait dû être sur le champ de bataille, ce qui ne l’aurait pas empêché de déléguer toute l’autorité à Joab. S’ensuit toute une suite d’événements malheureux : dans son ennui David remarque Bethsabée qu’il mettra enceinte. Il fait revenir son mari de la guerre dans l’espoir de couvrir son méfait, mais ce dernier, un valeureux guerrier, conscient de sa place et de son devoir, refuse d’aller dormir chez lui alors que ses frères d’armes sont au combat. Finalement, David demande à Joab de mettre Ourias dans une situation où l’ennemi le tuera à coup sûr. Ainsi, Samuel décrit-il comment le refus de l’action, aussi justifié puisse-t-il paraître (David pouvait bien se reposer après toutes les campagnes militaires qu’il avait menées, Joab était prêt à assurer la relève…), peut entraîner à la déchéance du péché, pourquoi la paresse mérite pleinement qu’on la classe au rang de péché capital. Et l’on ne parle pas de l’impact d’une telle absence sur les autres : nombre d’entreprises familiales périclitent lorsque le propriétaire décide de se la « couler douce » après avoir « fait son argent », pour le malheur de ceux qui y travaillent que ce soit parce que leur emploi devient plus précaire ou parce que les gestionnaires en place ne sont pas en mesure de générer autant d’enthousiasme à la tâche; impact négatif également sur la prochaine génération qui héritera d’une entreprise moribonde par la négligence du prédécesseur à se « rendre présent », présence qui assure à elle seule la continuité des valeurs à l’origine des succès passés.