Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui
31 Janvier 2012 Parole du jour
Péché
Le roi David dit à Joab, le chef de l'armée, qui était auprès de lui : « Parcourez toutes les tribus d'Israël, de Dane à Bershéba, et faites le recensement du peuple, afin que je connaisse le chiffre de la population. » Joab dit au roi: " Que le Seigneur, ton Dieu, accroisse le peuple au centuple et que mon Seigneur le roi le voie de ses propres yeux! Mais pourquoi mon Seigneur le roi veut-il une chose pareille ? " Néanmoins l'ordre du roi s'imposa à Joab. Joab donna au roi le résultat du recensement : Israël comptait huit cent mille hommes capables de combattre, et Juda cinq cent mille hommes. Mais, lorsque David eut recensé le peuple, le cœur lui battit, et il dit au Seigneur : « Ce que je viens de faire est un grand péché ! Seigneur, pardonne cette faute à ton serviteur, car je me suis conduit comme un véritable insensé. »
2 Samuel 24, 2-4. 9-10
|
En quoi donc le geste de David est-il un péché ? Il n’a fait de mal à personne, n’a pas manqué d’amour envers son prochain. Il n’y a rien là ! serait-on porté à croire pour employer une expression populaire. Et pourtant ! … David reconnaît de lui-même avoir fauté. Probablement, Joab aussi d’ailleurs lui qui tente diplomatiquement d’amener le roi à réfléchir avant de décréter une telle action : «Mais pourquoi mon Seigneur le roi veut-il une chose pareille ? ». Le mal n’est donc pas dans l’action, en soi normale, les états recensant périodiquement leurs citoyens, Jésus lui-même étant né à l’occasion d’un recensement ordonné par César Auguste (Lc 2, 1). Où est-il alors? Dans l’intention. Quelle était l’intention de David ? Là-dessus on ne peut que spéculer mais certaines pistes sont intéressantes. Il y a, à ne pas en douter, de l’orgueil à la base de cette décision, mesurer sa puissance au nombre de guerriers prêts à combattre pour lui, orgueil peut-être aussi de vouloir mettre sa confiance dans les hommes furent-ils de combat plutôt que dans le Seigneur des armées (Rm 9, 29). Et puisque David avait mis sa confiance dans les hommes plutôt qu’en Lui, Dieu en retrancha 70,000 par la peste qui s’abattit sur le peuple. L’apôtre Paul lui a bien compris qu’il est nuisible de mettre sa confiance dans les choses de ce monde : « lorsque je suis faible, c'est alors que je suis fort » (2 Co 12, 10), car c’est lorsqu’il se reconnaît vulnérable que Dieu se laisse émouvoir et déploie sa puissance dans la faiblesse » (2 Co 12, 9).
J’aimerais mettre en parallèle à l’action de David, une autre action, bien contemporaine celle-là, et en apparence toute aussi inoffensive : jouer au Lotto. Où est le mal ? Fait-on du tort à quelqu’un (hormis les pauvres malheureux qui y deviennent accrocs et y dépensent tout leur argent) ? Et pourtant … Le venin vient du désir de posséder insufflé dans le cœur de celui qui joue et qui rêve de ce qu’il pourrait se procurer s’il gagne le pactole. Le joueur est-il un spirituel que cela aggrave sa faute en ce qu’il met sa confiance dans le hasard plutôt qu’en Dieu pour s’extirper d’une situation qu’il souhaiterait meilleure. À mon humble avis, le joueur n’a rien à envier au riche à qui «il sera plus difficile d’entrer dans le Royaume de Dieu qu’à un chameau de passer par un trou d’aiguille » (Lc 18, 25), l’un mettant son espérance de bonheur des biens tangibles, l’autre dans des biens qui n’existeront, sauf de rares exceptions, que dans son imagination. Si vous jouez, je vous interpelle, comme Joab, à réfléchir sur la portée de votre geste : Pourquoi donc jouez- vous?