Suivre Jésus

Un scribe, touché par les enseignements de Jésus, enthousiaste, offre de s’engager à sa suite. Étonnamment, Jésus semble vouloir refroidir son ardeur : « Mais mon ami je n’ai pas d’endroit où aller, où me reposer ». Cela n’est pas sans rappeler la réponse de Jésus à Pierre : « Même si tous tombent à cause de toi, moi je ne tomberai jamais. — En vérité, je te le déclare, cette nuit même, avant que le coq chante, tu m'auras renié trois fois » (Mt 26, 33-34). Suivre Jésus n’est pas une décision que l’on peut prendre sous l’impulsion du moment, tout aussi bien intentionnés que nous puissions être. Qui s’engage à la suite de Jésus ne trouve pas le repos, sa patrie devient le ciel, et demeurer dans ce corps, c'est vivre en exil loin du Seigneur (2 Co 5, 6), dans un environnement hostile : « Si le monde vous hait, sachez qu'il m'a haï le premier. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui lui appartiendrait; mais vous n'êtes pas du monde: c'est moi qui vous ai mis à part du monde et voilà pourquoi le monde vous hait » (Jn 15, 18-19). Un environnement qui n’est pas de tout repos non plus car la tentation, les opportunités de chute, ne manqueront pas et où il faudra lutter continuellement pour ne pas tomber et pour se relever lorsque moment de faiblesse il y a eu.

Suivre Jésus doit être un engagement décisif sur lequel on ne revient pas : « Nul serviteur ne peut servir deux maîtres: ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et méprisera l'autre » (Lc 16, 13). Nous ne pouvons avoir un cœur partagé. Le disciple qui demande à enterrer d’abord son père a toujours le souci des choses de ce monde. Si la réponse de Jésus semble dure, il faut mettre cette citation en contexte. Un commentaire que j’ai lu sur ce texte suggérait que le père de l’homme ne devait sûrement pas être encore mort car alors le disciple n’aurait pas été auprès de Jésus et qu’il faut alors interpréter sa demande comme : « Laisse-moi d’abord m’occuper de mon père malade jusqu’à ce qu’il meure et soit enterré », auquel cas le disciple remet à plus tard son engagement effectif à suivre le Christ. La réponse de Jésus est sans équivoque : c’est une décision qu’il faut prendre maintenant, lorsque la grâce passe, et ne plus regarder en arrière par la suite.

S’extirper de l’esclavage de ce monde pour suivre Jésus n’est et ne sera pas plus facile que pour le peuple juif de suivre Moïse pour échapper à la domination égyptienne : « Que ne sommes-nous morts au pays d'Égypte! Que ne sommes-nous morts du moins en ce désert! Pourquoi Yahvé nous mène-t-il en ce pays pour nous faire tomber sous l'épée, pour livrer en butin nos femmes et nos enfants? Ne vaudrait-il pas mieux retourner en Égypte? » (Nb 14, 2-3). C’est une décision qu’il ne faut pas prendre à la légère mais qu’il faut prendre maintenant, au moment favorable, au temps de grâce et qui exige de la vigilance afin de ne pas retourner en arrière.