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Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui

L'engrenage du péché

 

 

L’engrenage du péché

 

Au retour du printemps, à l'époque où les rois reprennent la guerre, David envoya Joab en expédition, avec ses officiers et toute l'armée d'Israël ; ils massacrèrent les Ammonites et mirent le siège devant Rabba. David était resté à Jérusalem. À la fin d'un après-midi, après avoir pris son repos, il se promenait sur la terrasse du palais ; il aperçut une femme en train de se baigner. Cette femme était très belle. David fit demander qui elle était, et on lui répondit : « C'est Bethsabée, fille d'Éliam, la femme d'Ourias le Hittite. » Alors David l'envoya chercher. Elle vint chez lui et il dormit avec elle. La femme conçut, et elle fit savoir à David : « Je suis enceinte ! » Alors David expédia ce message à Joab : « Envoie-moi Ourias le Hittite », et Joab l'envoya à David. Lorsque Ourias fut arrivé auprès de lui, David lui demanda comment allaient Joab, et l'armée, et la guerre. Puis il lui dit : « Descends chez toi et repose-toi un peu. » Ourias sortit du palais, et le roi lui fit porter un des plats de sa table. Mais Ourias passa la nuit à l'entrée du palais avec les gardes du roi ; il ne descendit pas chez lui. On annonça à David : « Ourias n'est pas descendu chez lui. » Le lendemain, David l'invita à manger et à boire à sa table, et il l'enivra. Le soir, Ourias sortit et alla se coucher dans la salle des gardes ; il ne descendit pas chez lui. Le matin suivant, David écrivit une lettre pour Joab, et la fit porter par Ourias. Il disait dans cette lettre : « Poussez Ourias au plus fort de la mêlée, puis retirez-vous à distance ; qu'il soit frappé et qu'il meure ! » Joab, qui assiégeait la ville, fit exprès de placer Ourias à un endroit où les ennemis étaient en force. Les assiégés firent une sortie contre Joab. Il y eut des tués dans l'armée, parmi les officiers de David, et Ourias le Hittite mourut.

 

2 Samuel 11, 1-5.10.13-17

 

 

Ce texte de l’ancien testament est très instructif quant à la façon dont le péché s’insinue dans le cœur de l’homme et s’y répand.

 

Tout d’abord, le roi David n’est pas à l’endroit où il devrait être à savoir à la tête de ses troupes pour mener le combat. Certes, il a des hommes en qui il peut mettre toute sa confiance et qui peuvent très bien mener le projet à terme avec succès mais ce n’est pas leur guerre mais celle des rois : à l'époque où les rois reprennent la guerre. La place de David, son devoir d’état, est d’être présent auprès de ses hommes. Cela est d’autant plus évident dans l’esprit du narrateur qu’il nous montre en contrepartie Ourias le Hittite qui, par solidarité avec ses frères d’armes, s’abstient de rentrer chez lui pour aller voir son épouse en dépit des efforts de David qui cherche à l’y pousser. De la même manière, quand nous négligeons notre devoir d’état, nous nous mettons en situation de vulnérabilité face au péché.

 

Très certainement, David s’est rendu compte qu’il n’y avait rien d’intéressant à demeurer seul au palais alors que ses amis les plus fidèles étaient au front. Il cherche à se distraire et lorsqu’il pose le regard sur Bethsadée le péché entre lui : « moi, je vous dis: quiconque regarde une femme avec convoitise a déjà, dans son cœur, commis l'adultère avec elle »  (Mt 5, 28). La seule façon sûre de résister à la tentation consiste à éviter de se mettre dans des situations qui nous offrent la possibilité de pécher. Comme le dit avec justesse le proverbe : l’occasion fait le larron ! La chair étant faible, cela prend presqu’une volonté surhumaine pour ne pas succomber en situation de vulnérabilité.

 

Mais le péché de David ne s’arrête pas à l’acte adultère commis avec Bethsabée. Le propre du péché est, qu’ayant trouvé une faille dans l’homme, il l’exploite à fond et s’y répand. Quand j’étais enfant, alors qu’on faisait encore sécher le linge sur une corde, on utilisait un « tordeur », un appareil composé de deux rouleaux compresseurs qui, en tournant sur eux-mêmes, happaient le linge duquel on désirait retirer le maximum d’eau, pour le faire passer entre eux. Il arrivait occasionnellement de douloureux accidents aux imprudents qui approchaient leur main un peu trop près, ce qui a donné naissance à des expressions qui illustrent bien ce propos sur le péché : « Une fois la main dans le tordeur, c’est tout le bras qui risque d’y passer » et « Une fois qu'on se met la main dans le tordeur, il est difficile de la ressortir sans la perdre ». De même pour le péché : dès qu’on lui laisse la moindre emprise, difficile de savoir jusqu’où notre faiblesse nous conduira dans la voie de ce qui déplaît à Dieu au risque de se perdre, de compromettre notre destin ultime qui est de partager son existence pour l’éternité. Contrairement à l’expression populaire, il n’existe pas de « péché mignon », de faiblesse que l’on puisse se permettre parce qu’en apparence inoffensive. Certes, il y a des péchés de gravités diverses, mais un péché est un péché qu’il faut combattre de toutes ses force par crainte, qu’une fois affaibli, nous tombions dans pire faute encore et de s’engager dans l’engrenage du péché à l’instar de David.

 

L’exemple par excellence du péché qui se répand est le mensonge. Un mensonge en appelle un ou plusieurs autres pour se couvrir. Qui dit un premier mensonge en dira un ou plusieurs autres afin de brouiller les pistes et d’éviter que l’on ne découvre sa faute, ce qui ira, dans certains cas, jusqu’à se mentir à soi-même. Certains voient dans le mensonge une forme d’intelligence car la situation devient rapidement compliquée et celui qui emprunte une telle voie doit se souvenir de tout ce qu’il a dit à l’un ou à l’autre pour éviter d’être démasqué, ce qui est hors de portée des esprits simples. Si le mensonge est une démonstration d’intelligence, il s’agit d’une bien mauvaise façon de la démontrer. Ce qui est à retenir est qu’il est beaucoup plus facile de demeurer dans la vérité et que d’y déroger nous amène à nous en écarter de plus en plus.

 

Pour en revenir à David, l’engrenage du péché se résume à ceci : il néglige son devoir d’état, s’ennuie, pèche par le regard, puis passe du regard à l’acte et commet l’adultère. Il cherche ensuite à couvrir sa faute, lorsque Bethsabée lui fait savoir qu’elle est enceinte, en s’efforçant de détourner Ourias de son devoir et, à défaut d’y parvenir, devient homicide et fait tuer ce dernier. Quelle descente pour avoir voulu se payer un peu de bon temps ! Retenons la leçon de l’histoire de David et gardons-nous de laisser une emprise quelconque au péché sur nous-mêmes ou de nous mettre dans des situations susceptibles de nous exposer à la tentation. C’est la seule façon d’éviter de mettre la main dans le « tordeur » du péché.   

 

L’engrenage du péché serait-il une fatalité de laquelle on ne peut sortir après s’y être engagé ? Certes pas ! Notre Dieu est un Dieu qui pardonne pour peu que nous reconnaissions nos torts, que nous regrettions nos gestes erronés, que nous ayons le désir de ne pas recommencer et, enfin, dans la mesure du possible, que nous soyons disposés à réparer le tort causé à l’image de Zachée : « si j'ai extorqué quelque chose à quelqu'un, je lui rends le quadruple » (Lc 19, 8). Peu importe où nous en soyons dans l’engrenage du péché, Dieu nous lance une bouée dans le sacrement de réconciliation pour nous aider à nous en sortir. Il veut nous donner une deuxième chance, à vrai dire, une infinité de deuxièmes chances, jusqu’à soixante-dix fois sept fois (Mt 18, 22). Mais l’effet de ce sacrement ne se limite pas à briser une chaîne de laquelle nous ne pouvons nous libérer seuls, mais encore nous donne une force additionnelle pour combattre la tentation lorsqu’elle se représentera. Et nous pouvons compter qu’elle se représentera et avec plus de vigueur encore selon les paroles de Jésus: « Lorsque l'esprit impur est sorti de l'homme, il erre par des lieux arides en quête de repos. N'en trouvant pas, il dit: Je vais retourner dans ma demeure, d'où je suis sorti. Étant venu, il la trouve balayée, bien en ordre. Alors il s'en va prendre sept autres esprits plus mauvais que lui; ils reviennent et y habitent. Et l'état final de cet homme devient pire que le premier » (Lc 11, 24-26). Comment penser résister sans assistance surnaturelle si la tentation revient avec plus de force encore ? En plus de la grâce offerte par Dieu, le pénitent gagne en humilité dans l’aveu qu’il fait à un autre homme de sa faiblesse en fréquentant le sacrement de réconciliation. Comme l’orgueil est la principale faiblesse sur laquelle se greffe le péché, qui cultive son contraire, l’humilité, est, de facto, mieux outillé pour combattre la tentation.

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