Chemin de croix

Chemin de croix

Et, pour la première fois, il leur enseigna qu'il fallait que le Fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les anciens, les chefs des prêtres et les scribes, qu'il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite. Jésus disait cela ouvertement. Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches. Mais Jésus se retourna et, voyant ses disciples, il interpella vivement Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » Appelant la foule avec ses disciples, il leur dit : « Si quelqu'un veut marcher derrière moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix, et qu'il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi et pour l'Évangile la sauvera. Quel avantage, en effet, un homme a-t-il à gagner le monde entier en le payant de sa vie ? Quelle somme pourrait-il verser en échange de sa vie ? Si quelqu'un a honte de moi et de mes paroles dans cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l'homme aussi aura honte de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père avec les anges. »

Marc 8, 31-38

L’objectif ultime de la vie chrétienne est l’imitation du Christ, Dieu fait chair pour nous racheter, certes, mais également pour nous révéler le Père et nous offrir le modèle de son existence terrestre comme chemin à parcourir pour entrer dans le Royaume de Celui-ci. Jésus dit d’ailleurs de lui-même : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Nul ne vient au Père que par moi » (Jn 14, 6) ; Chemin, par l’exemple de sa vie ; Vérité par sa Parole alors que tout ce qu’il a entendu de son Père, il nous l’a fait connaître (Jn 15, 15) ; Vie qu’il nous communique par l’Eucharistie, « Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle » (Jn 6, 54).

Dieu étant Amour (1 Jn 4, 8), le chemin que Jésus nous montre est celui de l’amour véritable qui est don de soi pour les autres et le Tout-Autre. Cet amour n’est pas facile car il va à l’encontre des désirs de notre chair animale qui recherche prioritairement la satisfaction de ses besoins propres. Jésus démontre par sa propre vie que le dépassement de soi requis par cet amour est possible : Si quelqu'un veut marcher derrière moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix, et qu'il me suive. La vie spirituelle est un chemin de croix, de renoncements à soi-même par amour des autres et de Dieu. Il ne s’agit pas ici de l’abnégation pour elle-même du stoïcisme qui est inapte à conduire à Dieu parce que celui qui la pratique tient déjà sa récompense (Mt 6, 2) de l’admiration qu’elle suscite chez les hommes. Ce renoncement à soi n’a de sens et de valeur que si c’est l’amour de Dieu et du prochain (Mt 22, 37-40) qui l’inspire. C’est la petite voie de Thérèse de Lisieux, la sainteté ordinaire, qui consiste à accueillir personnes et événements, agréables ou pas, comme incitations à aimer issues de la divine volonté et ne peuvent donc pas se limiter à celles qui ont notre préférence. La souffrance qui en résulte porte tout son fruit lorsqu’offerte en union avec l’Offrande de Jésus pour l’humanité.