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Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui

Renoncer à la justification

 

 

Renoncer à la justification

 

Un messager vint annoncer à David : « Le cœur des hommes d'Israël a pris parti pour ton fils Absalon. » Alors David dit à tous ses officiers, qui étaient avec lui à Jérusalem : « Vite, fuyons ! Autrement nous n'échapperons pas à Absalon. Hâtez-vous de partir : sans cela, il nous gagnera de vitesse, il nous précipitera dans le malheur et passera la ville au fil de l'épée. » David gravissait en pleurant la montée des Oliviers, tête voilée et pieds nus ; tout le peuple qui l'accompagnait avait la tête voilée et montait en pleurant. Comme David atteignait Bakhourim, il en sortit un homme du même clan que la famille de Saül. Il s'appelait Shiméi, fils de Guéra, et il s'avançait en proférant des malédictions. Il lançait des pierres à David et à tous les officiers du roi, tandis que la foule et les guerriers entouraient le roi à droite et à gauche. Shiméi maudissait le roi en lui criant : « Va-t'en donc, assassin, scélérat ! Le Seigneur a fait retomber sur toi tout le sang de la maison de Saül dont tu as usurpé la royauté ; c'est pourquoi le Seigneur a remis la royauté entre les mains de ton fils Absalon. Te voilà livré au malheur que tu mérites, car tu es un assassin. » Abishaï, fils de Cerouya, dit au roi : « Ce chien crevé va-t-il longtemps maudire le roi, mon seigneur ? Je vais aller lui trancher la tête. » Mais le roi répondit : « À quoi bon, fils de Cerouya ? S'il maudit, c'est peut-être parce que le Seigneur lui a ordonné de maudire David. Alors, qui donc pourrait le lui reprocher ? » David dit à Abishaï et à tous ses officiers : « Même le fils qui est de mon sang s'attaque à ma vie : à plus forte raison ce descendant de Benjamin ! Laissez-le maudire, si le Seigneur le lui a ordonné. Peut-être que le Seigneur considérera ma misère et me rendra le bonheur au lieu de sa malédiction d'aujourd'hui. » David et ses hommes continuèrent leur route.  

 

Deuxième livre de Samuel 15,13-14.30.16,5-13

 

 

Quoi de plus naturel, lorsqu’on nous accuse de chercher à nous justifier, à plus forte raison lorsque lesdites accusations nous paraissent sans fondement.

 

Notons d’abord, au strict plan humain, la futilité d’une telle démarche : « Ne donnez pas d’explication, les amis vous comprennent et les ennemis ne vous croient pas » (Elbert Hubbard ). À quoi bon parler puisque les mots ne sont que du vent qui ne fera pas bouger le roc de l’opinion des autres sur nous ?

 

Au plan spirituel, il est carrément insensé de vouloir nous prétendre justes devant Dieu, le seul juste (2 M 1, 25). Pire, c’est faire insulte à Dieu ! C’est douter de son amour pour nous car les amis nous comprennent. David pose un geste d’amour envers Dieu quand il refuse qu’on s’en prenne à Shiméi qui le maudissait. Il se reconnaît pécheur et met sa confiance dans l’infinie miséricorde de Dieu de qui il espère la compassion d’un Père à sa misère. Mieux encore, il voit dans son accusateur l’instrument de la divine volonté à son égard : « S'il maudit, c'est peut-être parce que le Seigneur lui a ordonné de maudire David. Alors, qui donc pourrait le lui reprocher ? Même le fils qui est de mon sang s'attaque à ma vie : à plus forte raison ce descendant de Benjamin ! Laissez-le maudire, si le Seigneur le lui a ordonné. Peut-être que le Seigneur considérera ma misère et me rendra le bonheur au lieu de sa malédiction d'aujourd'hui ».

 

Sœur Jeanne Bizier, fondatrice de la Famille Myriam Beth’Lehem enseigne qu’il faut remplacer les justifications de nos tendances originelles par des « Oui d’amour ». On ne peut vaincre un mal que par un bien, un défaut par son contraire. Quand nous cherchons à nous justifier c’est l’amour de nous-mêmes, l’orgueil, qui prime. La façon de faire échec à cette tendance naturelle c’est d’aimer humblement les autres. David fait preuve d’humilité en laissant Shiméi le maudire, il manifeste de l’amour envers Shiméi en refusant qu’on s’en prenne à lui car il voit l’action de Dieu en ce dernier. Le « Oui d’amour » de sœur Jeanne c’est d’aimer les autres par amour de Jésus, quoi qu’il nous en coûte, comme Jean nous y incite : « Quant à nous, aimons, puisque lui nous a aimés le premier » (1 Jn 4, 19). Je crois que l’on peut qualifier le geste de David de véritable « Oui d’amour ».

 

Enfin, on ne peut parler du renoncement à la justification sans parler de Jésus demeurant muet devant Pilate : « Jésus fut amené en présence du gouverneur et le gouverneur l'interrogea en disant: "Tu es le Roi des Juifs?" Jésus répliqua: "Tu le dis." Puis, tandis qu'il était accusé par les grands prêtres et les anciens, il ne répondit rien. Alors Pilate lui dit: "N'entends-tu pas tout ce qu'ils attestent contre toi?" Et il ne lui répondit sur aucun point, si bien que le gouverneur était fort étonné » (Mt 27, 11-14). Si Celui qui est vraiment devenu l'un de nous, en tout semblable à nous, hormis le péché (Gaudium et spes 22), notre modèle, ne s’est point justifié, à plus forte raison, nous qui sommes pécheurs devons-nous nous en abstenir !

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