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Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui

La vie éternelle (2) - Le moment où le sort de l'âme est scellé

Le moment où le sort de l’âme est scellé et comment s’y disposer

 

Les chrétiens utilisent le terme jugement pour décrire le moment où le sort de l’âme est scellé. On distingue même deux jugements : le premier, le jugement particulier où le sort de chacun est déterminé au moment de sa mort entre ciel, purgatoire et enfer, prélude du second qui surviendra à la fin des temps, après la résurrection de tous les morts, " des justes et des pécheurs " (Ac 24, 15) (CEC 1038), le Jugement dernier, après lequel il n’y aura plus que deux états, alors que le Christ " viendra dans sa gloire, escorté de tous les anges (...). Devant lui seront rassemblés toutes les nations, et il séparera les gens les uns des autres, tout comme le berger sépare les brebis des boucs. Il placera les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche (...). Et ils s’en iront, ceux-ci à une peine éternelle, et les justes à la vie éternelle " (Mt 25, 31. 32. 46).

 

Les réalités spirituelles sont décrites par des analogies aux choses terrestres qui nous sont familières pour nous permettre de saisir quelque chose ce qui échappe à la perception de nos sens. Si l’emploi du terme jugement s’avère heureux en ce qu’il manifeste qu’il s’agit là d’un moment décisif, par contre, l’emploi de ce terme, en ce qu’il évoque le prononcé de la sentence d’une cour après pris connaissance de l’histoire, avoir pesé  les arguments des demandeurs et des défendeurs et évalué la preuve présentée,  est la cause de nombreuses incompréhensions sur ce qui se passe vraiment et même sur la nature de ce qui fixe notre sort à jamais.

 

À mon avis, le mot constat correspond mieux à ce qui se passe lors de ce moment décisif et du caractère définitif des ses conséquences. Qu’est-ce qui est constaté ? Les dispositions de notre cœur à aimer au moment de notre mort, à savoir sa capacité d’accueil de l’amour de Dieu et des autres ainsi que celle de se donner généreusement, sans espoir d’un retour quelconque, pour Dieu et pour les autres. Le terme constat traduit également mieux la nature de Dieu qui est le Dieu du moment présent, « le Dieu des vivants », ainsi que le laisse entendre la réponse de Jésus aux Sadducéens  qui voulaient savoir comment notre histoire passée influencerait notre vie à venir :

 

Des Sadducéens viennent auprès de lui. Ces gens disent qu'il n'y a pas de résurrection. Ils lui posaient cette question: " Maître, Moïse a écrit pour nous: Si un homme a un frère qui meurt en laissant une femme, mais sans laisser d'enfant, qu'il épouse la veuve et donne une descendance à son frère...  Il y avait sept frères. Le premier a pris femme et est mort sans laisser de descendance.  Le second a épousé cette femme et est mort sans laisser de descendance. Le troisième également,  et les sept n'ont laissé aucune descendance. Après eux tous, la femme est morte aussi. À la résurrection, quand ils ressusciteront, duquel d'entre eux sera-t-elle la femme, puisque les sept l'ont eue pour femme ? "  Jésus leur dit: " N'est-ce point parce que vous ne connaissez ni les Écritures ni la puissance de Dieu que vous êtes dans l'erreur ? En effet, quand on ressuscite d'entre les morts, on ne prend ni femme ni mari, mais on est comme des anges dans les cieux. " Quant au fait que les morts doivent ressusciter, n'avez-vous pas lu dans le livre de Moïse, au récit du buisson ardent, comment Dieu lui a dit: "Je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob " ?  " Il n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Vous êtes complètement dans l'erreur. " (Mc 12, 18-27).

 

Ce constat est comme une photographie de l’état de notre cœur au sens biblique du terme à savoir le plus intime de l’être et décrit par le livre Vocabulaire de théologie biblique (Éditions du Cerf, 1970) comme étant : le centre de l’être, là où l’homme dialogue avec lui-même (Gn 17, 7 ; Dt 7, 17), assume ses responsabilités, s’ouvre ou se ferme à Dieu (Dieu étant Amour, s’ouvre ou se ferme à l’Amour). Dans l’anthropologie concrète et globale de la Bible, le cœur de l’homme est la source même de sa personnalité consciente, intelligente et libre, le lieu de ses choix décisifs, celui de la Loi non écrite (Rm 2, 15) et de l’action mystérieuse de Dieu.

 

Le cœur de l’homme est le lieu du combat entre le bien et le mal : « ce qui sort de la bouche procède du cœur, et c'est cela qui souille l'homme. Du cœur en effet procèdent mauvais desseins, meurtres, adultères, débauches, vols, faux témoignages, diffamations » (Mt 15, 18-19). Ce qui est constaté au moment de la mort est la propension du cœur à faire le bien ou le mal, à aimer ou pas, à ce moment bien précis. En ce sens, les œuvres passées, bonnes ou mauvaises, n’ont pas d’incidence directe sur notre sort et il est heureux qu’il en soit ainsi parce que s’il s’agissait de peser ce que nous avons fait ou omis de faire, en bien ou en mal, la balance du jugement de Dieu pencherait infailliblement vers la peine éternelle, « nul n’étant bon que Dieu seul » (Mc 10, 18). Pour qui serait néanmoins tenté de mettre sa foi dans les œuvres qu’il médite ce commentaire de l’apôtre Jacques : « Aurait-on observé la Loi tout entière, si l'on commet un écart sur un seul point, c'est du tout qu'on devient justiciable. Car celui qui a dit: Tu ne commettras pas d'adultère, a dit aussi: Tu ne commettras pas de meurtre. Si donc tu évites l'adultère, mais que tu commettes un meurtre, te voilà devenu transgresseur de la Loi » (Jc 2, 10-11). Que celui d’entre nous qui n’a jamais péché (Jn 8,7) ose donc prétendre qu’il puisse accéder au salut par ses œuvres !

 

Notre unique espoir de salut repose donc en la Divine Miséricorde, l’amour infini du Père pour sa créature qui « veut qu'aucun de ces petits ne se perde » (Mt 18, 14) et conséquemment refuse de tenir une comptabilité détaillée de ce que nous avons fait en bien et en mal, comptabilité qui nous discréditerait à coup sûr. Et comment incline-t-on la Divine Miséricorde en notre faveur ? En manifestant aux autres le même traitement que nous espérons de Dieu à notre égard ainsi que nous le demande Jésus : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Mc 12, 31) à savoir ne pas tenir nous-mêmes de comptabilité du bien et surtout du mal que les autres nous ont faits, de pardonner afin de nous rendre éligibles à la promesse de la béatitude : « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde » (Mt 5, 7).  L’apôtre Jacques fait une remarque pertinente sur ce dernier point : « le jugement est sans miséricorde pour qui n'a pas fait miséricorde; mais la miséricorde se rit du jugement » (Jc 2, 13).

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