M'aimes-tu plus que ceux-ci ? (suite)

M’aimes-tu plus que ceux-ci ? (suite)

Après la rédaction de mon dernier texte, j’ai lu la méditation d’Augustin d’Hippone sur le même passage d’Évangile publié par le site http://levangileauquotidien.org/ :

J’aperçois tous les bons pasteurs dans l'unique Pasteur (Jn 10,14). Les bons pasteurs, à vrai dire, ne sont pas plusieurs ; ils sont un dans un seul. S'ils étaient plusieurs, ils seraient divisés…; si le Seigneur a confié son troupeau à Pierre, c'était pour mettre l'unité en valeur en lui. Les apôtres étaient plusieurs, mais il est dit à seulement l'un d'entre eux : « Pais mes brebis »... Effectivement lorsque le Christ lui confiait ses brebis comme à un autre lui-même, il voulait qu’il ne fasse qu’un avec lui. Le Sauveur serait la Tête, Pierre représenterait le corps de l'Église (Col 1,18)... Que lui dit-il avant de lui confier ses brebis pour qu'il ne les reçoive pas comme un étranger ? « Pierre, m'aimes-tu ? » Et Pierre répond : « Je t’aime. » Une seconde fois : « M'aimes-tu ? », et une seconde fois : « Je t’aime. » Une troisième fois : « M'aimes-tu ? », et Pierre répond une troisième fois : « Je t’aime. » C'était fortifier l’amour, pour consolider l'unité.

Sermon 46, Sur les pasteurs, §30 (trad. cf bréviaire 25e vendr.)

Faire l’unité, voilà quelle devrait être l’objectif poursuivi par tous ceux qui souhaitent se mettre au service de Dieu. L’unité prouve l’amour, en est sa manifestation concrète. « Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu'eux aussi soient en nous, afin que le monde croie que tu m'as envoyé » (Jn 17, 21). Si nous voulons amener les autres à croire en l’Amour, nous devons devenir des ferments d’unité. Que celui qui serait tenté de penser le contraire médite : « Qui n'est pas avec moi est contre moi et qui ne rassemble pas avec moi disperse » (Lc 11, 23). Quant à l’ivraie de la discorde, elle est toujours l’œuvre de l’antique Ennemi.

Comment réalise-t-on l’unité ? Essentiellement, par l’abandon de nos vues propres pour adopter le regard de Dieu: « Quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c'est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t'emmener là où tu ne voudrais pas aller » Comment cela se fait-il ? En s’efforçant de devenir dociles aux motions de l’Esprit Saint en nous, en se laissant couvrir de son ombre (Lc 1, 35) comme Marie, notre modèle. Celui qui vit dans l’ombre d’un autre, plus encore du Tout-Autre, s’efface discrètement. L’Esprit Saint, aussi appelé Esprit d’Amour, est Celui à qui a été confiée la tâche de réaliser l’unité après le départ du Christ vers son Père. Demandons en ce jour de Pentecôte, d’une part, qu’Il se fasse davantage présent en nous et dans l’Église et, d’autre part, que nous devenions chaque jour plus sensibles à ses inspirations en nous et qu’ainsi nous devenions de meilleurs ambassadeurs de l’unité.