M'aimes-tu plus que ceux-ci ?

M’aimes-tu plus que les autres ? Cette question, Jésus la pose à Pierre mais également à chacun d’entre nous à travers lui. Comment reconnaît-on un amour qui se démarque des autres ? Écoutons Jésus : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c'est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t'emmener là où tu ne voudrais pas aller… Puis il lui dit encore : « Suis-moi. ». La perfection de l’amour réside dans l’abandon de sa volonté propre pour épouser celle de Dieu. Cet abandon est déchirant. Si le Père demande à certains l’abandon de leur propre vie comme à son propre Fils qui nous invite à le suivre (Suis-moi) et à Pierre, Thérèse de Lisieux nous a enseignés que pour la très vaste majorité d’entre nous cet abandon se réalise dans les simples gestes de la vie quotidienne et n’en sont pas moins méritoires bien qu’il n’y ait aucune gloire à en tirer : nous comporter avec les personnes qui nous sont antipathiques de la même manière qu’avec celles dont nous apprécions la compagnie, ne pas se plaindre dans les épreuves mais se réjouir de ce que Dieu nous ait jugés dignes de communier aux souffrances de son Fils pour son corps qui est l’Église (Col 1, 24)…

C’est d’ailleurs là ce qui démarque le chrétien des autres : non pas ce qu’il vit mais la manière dont il le vit à savoir avec une joie égale les moments les plus exaltants comme les plus pénibles. Si l’épreuve n’est pas épargnée au croyant, il a cet avantage sur les autres de savoir que le Christ est là près de lui qui l’accompagne dans les difficultés, souffrant avec lui mais également le supportant par l’intervention providentielle de bons Samaritains qui interviendront au moment opportun ou par divers « allègements » qui lui permettront de s’acquitter de son devoir d’état en dépit de circonstances adverses que ce soit par la découverte d’une « force » qu’il ne se connaissait pas ou par une réduction temporaire des effets de ce qui le handicape. Cela n’a rien de spectaculaire et l’incroyant aura toujours la possibilité de voir un heureux concours de circonstances là où celui qui a la foi se montre reconnaissant d’avoir été soutenu par la main invisible de Dieu.