Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui
8 Octobre 2019 Parole du jour
Quand il vit que Dieu pardonnait aux habitants de Ninive, Jonas trouva la chose très mauvaise et se mit en colère. Il fit cette prière au Seigneur : « Ah ! Seigneur, je l’avais bien dit lorsque j’étais encore dans mon pays ! C’est pour cela que je m’étais d’abord enfui à Tarsis. Je savais bien que tu es un Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment. Eh bien, Seigneur, prends ma vie ; mieux vaut pour moi mourir que vivre. » Le Seigneur lui dit : « As-tu vraiment raison de te mettre en colère ? » Jonas sortit de Ninive et s’assit à l’est de la ville. Là, il fit une hutte et s’assit dessous, à l’ombre, pour voir ce qui allait arriver dans la ville. Le Seigneur Dieu donna l’ordre à un arbuste, un ricin, de pousser au-dessus de Jonas pour donner de l’ombre à sa tête et le délivrer ainsi de sa mauvaise humeur. Jonas se réjouit d’une grande joie à cause du ricin. Mais le lendemain, à l’aube, Dieu donna l’ordre à un ver de piquer le ricin, et celui-ci se dessécha. Au lever du soleil, Dieu donna l’ordre au vent d’est de brûler ; Jonas fut frappé d’insolation. Se sentant défaillir, il demanda la mort et ajouta : « Mieux vaut pour moi mourir que vivre. » Dieu dit à Jonas : « As-tu vraiment raison de te mettre en colère au sujet de ce ricin ? » Il répondit : « Oui, j’ai bien raison de me mettre en colère jusqu’à souhaiter la mort. » Le Seigneur répliqua : « Toi, tu as pitié de ce ricin, qui ne t’a coûté aucun travail et que tu n’as pas fait grandir, qui a poussé en une nuit, et en une nuit a disparu. Et moi, comment n’aurais-je pas pitié de Ninive, la grande ville, où, sans compter une foule d’animaux, il y a plus de cent vingt mille êtres humains qui ne distinguent pas encore leur droite de leur gauche ? »
Livre de Jonas 4, 1-11 Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris |
Jonas, comme le frère aîné de la parabole du fils prodigue (Lc 15, 11-32), fait l’expérience de la miséricorde du Père céleste, mais loin de s’en réjouir, il s’en afflige, car, n’en étant pas le bénéficiaire, il ressent cette manifestation d’amour comme une injustice. Humilié pour avoir prédit un châtiment qui ne s’est pas réalisé, Jonas demande au Seigneur de prendre sa vie. Le fils aîné, pour sa part, refusait d’entrer dans la maison du père. Aux ouvriers de la première heure qui s’offusquent de recevoir un salaire égal à ceux de la dernière (Mt 20, 1-16), Jésus fait dire au propriétaire personnifiant son Père : « Faut-il que tu sois jaloux parce que je suis bon? » (v. 15).Quand nous nous attristons des marques de miséricorde de notre Père céleste envers autrui, nous rejetons ce Père qui veut le salut de tous ses enfants sans égard au mérite individuel de chacun, nous tournons le dos au Dieu qui est Amour, dont la justice est amour, pour lui préférer une projection de nous-mêmes et de notre justice de rétribution, l’« œil pour œil et dent pour dent » (Ex 21,24). L’orgueil tue l’amour en nous en nous laissant croire que nous sommes meilleurs que les autres et que, conséquemment, nous méritons plus qu’eux.
Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle? (Lc 10, 25)
Je résiste à la tentation de me croire meilleur que les autres, de penser pouvoir accéder au salut éternel sans avoir recours à l’infinie miséricorde de mon Père céleste. Si je m’attriste un tant soit peu des manifestations de miséricorde du Seigneur envers autrui, c’est qu’il me reste du chemin à parcourir dans les voies de l’amour et de l’humilité qui le sous-tend. J’évite me faire un dieu à mon image, un dieu à l’amour limité et à la justice « rétributive ». Je me laisse aimer par ce Dieu qui est Amour, tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour et je me réjouis de la joie qu’il éprouve à manifester son amour à ceux qui ne le méritent pas, dont moi-même.